Objet de discours professionnel, social et politique, le projet construit une promesse d'autonomie voire d'émancipation sociale fondée sur les notions de responsabilité et de coopération au travail, afin de redonner de la confiance dans un contexte d'épuisement du sens de l'action. Or de manière pour le moins paradoxale, ce discours s'accompagne d'un ensemble de procédures et de recommandations que produit la généralisation du système d'appels à projets. A partir d'une enquête longue menée dans le champ de la recherche scientifique, cette dissonance cognitive est analysée au prisme de ses ressorts institutionnels, techniques et communicationnels. Elle met au jour l'émergence d'une configuration sociotechnique qui fonde son acceptabilité sociale sur le jeu des interdépendances (au sens de Norbert Elias) entre les différentes échelles d'action et les réseaux d'acteurs qui en sont à la fois les usagers, les médiateurs et les prescripteurs. In fine, l'ouvrage s'attache à montrer dans quelle mesure les pratiques professionnelles et sociales dominées par le modèle du projet doivent renouer avec un travail de réflexivité institutionnelle pour repenser et organiser les conditions de leur action.

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