Et les corbeaux sont entrés dans Paris. Désormais, on en voit des palanquées au parc des Buttes-Chaumont. Ils colonisent, débonnaires, sans se soucier de ce qui les entoure. Parfois, ils prennent l'air en poussant leur croassement lugubre. Comme pour se rappeler les champs labourés et les craintes qu'ils inspirèrent. Ou peut-être simplement, plus certainement, pour affirmer qu'ils ne sont pas ce que tu crois. Dans ce texte, drôle et gouailleur, les corbeaux ne tiennent pas seulement leur réputation de nuisibles, ils ravivent aussi le souvenir d'une campagne où la boue colle aux godasses, où l'ennui donne le tournis, et où les corvidés sont redoutés. Mais tout ce passé s'est volatilisé, sans être pour autant regretté. Seuls subsistent les corbeaux - ou leurs semblables. Et s'il était temps de leur consacrer un roman ?

Fermé les jours de grand vent

Ce livre décrit le pays d'où l'on vient, cette France décidément étrange des années soixante, avec ses certitudes triomphantes et ses silences honteux, ses bourgeois assurés et ses paysans égarés, le Tergal qui gratte et le poids d'une guerre qui ne dit pas son nom. C'est aussi l'époque où toutes les petites filles voulaient ressembler à Sheila, et heureusement n'y parvenaient pas toujours. Dans une série de dessins à l'encre de Chine d'une grande épure, accompagnés de souvenirs à la force désarmante, l'artiste Boll nous offre un miroir troublant de notre histoire, de nos non-dits, et s'affirme avec cette oeuvre dans la lignée de Gus Bofa.

Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué

"Ah, les réunions de famille... La cousine aux gros seins qui barbouille de rouge à lèvres, la grand-mère énergique qui décoiffe brutalement, l'oncle énorme qui écrabouille la joue en la pinçant, la tante aux chats qui fait rougir avec ses allusions grivoises, le cousin de quarante ans qui taquine avec ses blagues pas drôles, le petit dernier dégoulinant de chocolat ou les cousins timides et gênés... qu'on vienne pas me demander, après, pourquoi j'aime pas dire bonjour ! Enfin, y'a quand même quelqu'un à qui j'aimerais bien faire des bisous, de temps en temps... "

J'aime pas dire bonjour

Que l'ont soit patron ou simple rouage, il y a, un monde fou qui se débat dans les modes fluctuantes et les anglicismes de l'entreprise française: directives contradictoires, coaching, pesanteurs de la " culture d'entreprise ", miroir aux alouettes de la culture start-up... Pourtant, l'Homo bureautis n'a que peu évolué. Certes, depuis Courteline, les ronds de cuir ont disparu et il y a eu quelques nouveautés. Les femmes, venues mettre leur grain de sel dans les rouages; l'informatique, promue lampiste multi-usages; la mondialisation et ses chaises musicales... Toutefois le chef reste le chef, même s'il est sous-chef, qu'on se le dise. Aussi de temps en temps, même le fils du patron rêve de poésie, et alors il tombe... dans l'édition, autre forme d'entreprise. Pire ou pas mieux? Charybde ou Scylla?

Comme un lundi férié

Le plus impressionnant dans les dessins de Boll, c'est le trait. Un trait noir, souple et élégant. Une trace de pinceau virtuose qui donne vie au blanc du papier, tel le Yin et le Yang. Ce graphisme étonnant, Boll n'hésite pas à le mettre au service d'un humour totalement décalé, où les pingouins croisent volontiers Sherlock Holmes ou Batman. Mélopées adjacentes est un album en noir & blanc, mais aussi un vrai feu d'artifice de non-sens. Que dire de plus, si ce n'est que les grands maîtres de Boll sont Chu ta, Chi Tao, Alexandre Vialatte et Pierre Dac, mais on pouvait s'en douter. Boll dessine pour la presse quotidienne économique et la presse magazine françaises. II a également illustré de nombreux livres.

Ses oeuvres

Ses derniers livres