La solitude des Confins, le drame de l'armée, en marge d'une guerre récente... Trois hommes d'après la chute : le commandant Bonhomme dont la vie est aussi délétère qu'un songe, le capitaine Bornier dont l'Extrême-Orient semble avoir entaché l'existence, le médecin-lieutenant Laurent Dussault, du contingent, rappelé dans ce fort perdu après un douloureux échec sentimental. Tels sont le cadre et les protagonistes de cet exil intérieur. Dussault restera-t-il éternellement à la surface de la vie ? Au cours d'une échappée vers la mer et les villes silencieuses où la nuit apporte une odeur d'algue, acceptera-t-il l'amour d'une petite Italienne, Gina, exilée comme lui ? L'anecdote passe au second plan. Le thème de ce livre est la réconciliation.

L'exil

Jeune médecin disponible au retour du service militaire en Algérie, Alain la Varène est repris par le Paris des années soixante, la vie vaine et, surtout, un goût des femmes à s'en tuer. Il a pour maîtresse Miriam, directrice de laboratoires pharmaceutiques, épouse de Chabaneau, politicien hors course et coureur à bout de souffle à qui la jeune Sonia, avant la maladie, donne le coup de grâce. Alain délaisse Miriam pour cette Sonia, comme il en délaissera tant pour d'autres. Si la rupture avec Sonia s'impose à son tour c'est, plus qu'accident, fatalité du « métier d'amant ». Jeune ou vieux - Chabaneau n'est-il pas la projection future et désespérée d'Alain ? - Don Juan se révèle proie plus que chasseur ; il souffre avec celles qu'il meurtrit ; possédé du désir il manque d'amour : l'homme couvert de femmes reste à découvert devant le néant.

Le métier d'amant

Recru de souffrance physique et désespéré par la marche du siècle, Henry de Montherlant, le 21 septembre 1972, se tirait une balle dans la bouche après avoir absorbé - précaution supplémentaire - une ampoule de cyanure. Libre de toute éternité, le stoïcien romain venait de choisir la " sortie raisonnable ". Le courage et la dignité de cette fin - qui n'allait pas sans similitude avec le " seppuku " du Japonais Mishima - furent unanimement salués. Pourtant, l'oeuvre immense de l'écrivain allait connaître une désaffection grandissante. Moins le purgatoire inévitable qui suit la disparition d'un géant des lettres que la défiance de nouveaux publics plus portés à la suspicion qu'à admettre les libertés et l'authenticité d'une vie. Il est vrai que Montherlant, de son vivant, ne se priva guère de cultiver l'équivoque et la provocation. Rappelons-nous ces formules frappées comme des médailles : " Je vous reproche de ne pas respirer à la hauteur où je respire ", dit le vieux roi Ferrante à son fils, dans La Reine morte. Formules peu solubles, on en conviendra, dans le cocktail de compassionnel et de pensée unique qui caractérise notre époque. Au point de faire oublier - syncrétisme et alternance - chez ce pessimiste altier, son " extase de la vie ", sa proximité si délicate des humbles, sa solidarité maintes fois exprimée avec les peuples humiliés. Le visionnaire du Treizième César était-il coupable d'avoir annoncé la venue de temps infâmes et l'ère du Veau d'Or ?

Montherlant aujourd'hui

Ce violent désir d'Afrique : L'épopée de Roger Fabre, guide de chasse et broussard

A quoi reconnaît-on, un jour, que " plus tard " est arrivé ? A ce que le roman-vrai - poésie et vérité - qu'est tout essai d'autobiographie se dégage soudain, et comme de lui-même, de l'épaisseur du temps ? Cette chronique des sixties est née de la sorte. On y voit revivre de grands anciens (Montherlant, L.-F. Céline, Joseph Delteil), tandis que s'affirme autour des éditions du Seuil toute une jeune littérature. Il y est question de médecine et de vie hospitalière, en ces années-là ; de quelques cités magiques (Rome, Paris, Montpellier) ; d'étés cavaliers et de vagabondages andalous ; du tragique violent ou doucereux des temps ; de plusieurs jeunes femmes, décidément très en avance sur la libération sexuelle et l'éclosion du woomen's lib. Et si, l'éternelle jeunesse, en se voulant (presque toujours) cynique, ne réussissait qu'à révéler son charme et sa profonde innocence ?

Sacrée jeunesse - Chronique des "sixties"

" La corrida, c'est cela. Un théâtre qui apporte les plus grandes joies que le cœur humain puisse contenir et, aussi bien, les plus insidieuses détresses. Sur un canevas immuable, mais sans qu'aucun scénario puisse jamais être préétabli, un incomparable mélange d'allégresse et de doute, de lumière et de drame. " Cette passion et ces humeurs sont la chair même de La Fuite en Espagne qui, autour de l'arène et de ses sortilèges, ranime des années 60 au XXIe siècle, de Las Ventas de Madrid à la Maestranza de Séville, et de Paco Camino à José Tomàs ou El Juli, tout un monde de combats, de figures et de miracles. Avec un style aiguisé comme une épée, un regard affûté ainsi qu'une corne, et une connaissance très intime de son sujet, ce livre, autant que la chronique d'une époque et d'un art, est un chant d'amour à l'Espagne et au toro.

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