Poète, écrivain, voyageur, archéologue et médecin de marine, Victor Segalen (1878-1919) est l'un des témoins majeurs du tropisme extrême-oriental qui traverse la littérature française au début du xxe siècle. Sa poésie, ses textes romanesques, ses récits de voyage disent à quel point l'empire chinois finissant fut pour lui une source d'inspiration. Mais de quel Orient nous parle Segalen, et qu'allait-il y chercher?? Quelle est la nature profonde de cette connaissance de l'Est que, dans le sillage de Paul Claudel, il semblait si soucieux d'approfondir?? Des sinologues, des critiques, des lecteurs, tous attachés par un lien fort à l'un des aspects de son ouvre, tentent ici de répondre à ces questions.

Victor Segalen : la connaissance de l'Est

Paris et autres déambulations

Certaines oeuvres - de Van Gogh, de Rimbaud, d'Antonin Artaud, de Lucinda Childs - font irruption dans l'histoire à la manière d'un coup de tonnerre, ou d'un éclat de temps. Les temps de la création et de la réception des oeuvres d'art ne coïncide jamais avec celle du quotidien. Le plaisir, le questionnement tient à une expérience singulière d'instants marquants, capables d'illuminer nos existences.                        Les analyses ici rassemblées explorent cette substance complexe, insaisissable qui nous constitue pour un temps : celui de la lecture, de la contemplation, de l'audition.

éclats de temps ; musique danse poésie

Qu’est-ce qui différencie une pensée philosophique d’une pensée poétique ? En quoi ces deux sortes d’écriture et de vie se distinguent-elles ? De telles questions ne se poseraient pas si nombre de philosophes ne nous donnaient le sentiment tantôt heureux, tantôt périlleux, de les convoquer ensemble. C’est Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra ; c’est Descartes, rêvant sur ses propres rêves ; Heidegger commentant Hölderlin ou Trakl ; Platon lui-même, recourant au mythe pour expliquer sa République… La déraison poétique des philosophes évoque ces moments où les images, les sons, les rythmes prennent part à la logique de l’argumentation. Ces moments, aussi, où le discours philosophique tente par réduction de venir à bout de l’inquiétante étrangeté du poème. Chacun de ces chapitres est centré sur l’oeuvre d’un philosophe : Platon, Vico, Descartes, Kant, Leopardi… Une place non négligeable est réservée aux philosophies contemporaines : celles de Martin Heidegger, de Jacques Rancière, d’Alain Badiou, de Michel Deguy ou de Jacques Derrida. L’ensemble s’achève par une évocation rêvée (pour cause : elle fut sans témoin) de la fameuse rencontre entre le poète Paul Celan et le philosophe Martin Heidegger dans la hutte de Todtnauberg, en 1967. Il se dit là « des choses terribles » qui, on peut l’imaginer, touchent de près à la relation à l’avenir de notre temps.Il y va du statut de ce qu’on nomme la « raison », sa constitution et ses usages. Sa folie aussi.

La Déraison poétique des philosophes

Fruit d'une longue amitié entre le poète Christian Doumet et la plasticienne Bénédicte Plumey, ce livre d'artiste, dans la complémentarité entre textes et images, sonde l'inconnu dans ses profondeurs pour tenter de débusquer l'animalité tapie au fond de l'être, et d'atteindre la source de tout jaillissement. Apre et tendue, la langue poétique est ici rehaussée par les noirs très profonds des monotypes, où la lumière sans cesse cherche à percer.

La décharge des années lumières

Ces notes se fixent comme objet commun d'interroger le faire du poème - sa genèse comme dit Poe. Non tant le résultat que les conditions, les procédures, les cheminements dont il dépend. Elles traitent, sous toutes leurs formes, des manières du poète (de ses mœurs) modes de vie, relations matérielles à l'écriture, organisation empirique ; mais aussi des manières imprévisibles du poème, de ses résistances, de ses facilités, surtout de ses suspens (les confins). Car c'est, la plupart du temps, dans l'attente stérile du poème que se révèle le mieux la vérité mentale et la portée humaine de l'événement singulier qu'il constitue.

Poète, moeurs et confins

Horde - (feudataires de Berzé)

Neuf courts récits, reliés entre eux par moins qu'un thème - un " refrain ", une " rengaine " faudrait-il dire plutôt : les apparences que prend la musique lorsqu'elle erre, loin de ses rites glorieux, par des chemins de traverse et de surprise. Accordéon-musette qui entraîne, un soir, les passagers du métro à danser ; piano désaccordé, ou massacré sous les coups d'une obsession vengeresse ; vaine guitare, enfin, d'un concertiste sans public : tels sont les instruments de la fascination qu'exerce sur nous ce chant déchiré de nostalgie pure.
Mais entre les doigts des musiciens hasardeux, c'est un monde qui se dit. Le monde des villes, d'abord, comme l'a compris Baudelaire, cité en exergue : ici, un Paris escarpé, entre Montmartre, Pigalle et Batignolles. Et tout de même aussi, le monde des apprentissages et des ruptures essentiels, où l'amour et la filiation tiennent la première place.
Ainsi quelques figures singulières, Vieil Automate, Jeanne l'hallucinée, Thibaudet le peintre, B. la sulfureuse, peignent à travers ces pages, d'une voix plus ou moins étranglée, la douloureuse joie des attachements et des détachements humains.
Quant au mystérieux roi Guitare, s'il donne son nom à l'ensemble, c'est sans doute parce que, de tous les figurants, il réussit à garder le plus bel équilibre entre sublime et dérision. Funambule, seul à jouer, lui sur une corde - celle qu'on nomme trop légèrement " sensible ". Et de quelle musique ! On l'applaudit, avant qu'il tombe de haut...

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