Au moment où certaines communautés ferment leurs portes - faute de recrutement et/ou de capacité économique à maintenir en état des bâtiments conçus pour des ordres florissants -, nombreux sont les objets mobiliers leur appartenant proposés en vente publique et dispersés, avec, pour principale conséquence, la perte irrémédiable d'une mémoire commune. Sans aller jusqu'à une disparition totale de ce patrimoine, force est de constater que les situations sont très diverses, allant de conditions de conservation des collections que bien des musées pourraient envier comme au carmel de Lisieux à une déshérence totale, en passant par des projets de musées dédiés à des ordres - qui ont connu des réussites aléatoires. Conservateurs des Antiquités et Objets d'art, conservateurs des Monuments historiques, membres du clergé, juristes ou encore historiens se sont penchés sur ces questions, qui se révèlent d'autant plus sensibles quand on connaît la réticence des congrégations religieuses à dévoiler leurs trésors. Se posent alors plusieurs questions : quelles sont les actions possibles lorsque l'ordre ne compte plus les forces nécessaires, lorsque des communautés se regroupent ou lorsque les usages ont évolué ? Quelle concertation lorsque le patrimoine est protégé au titre des Monuments historiques et que les ordres actifs en ont l'usage ? Quelles médiations lorsque les communautés souhaitent mettre en valeur leur patrimoine et en révéler le sens ? Cet ouvrage propose à la fois de mettre en évidence les spécificités et la diversité de ces patrimoines et d'ouvrir une réflexion sur les problématiques de conservation et de transmission aux générations futures de ce patrimoine à l'avenir incertain.

Regards sur le patrimoine des congrégations religieuses

Caché au c¿ur de la verdoyante Auvergne, dans le parc naturel régional du Livradois-Forez, le château d¿Aulteribe renferme des collections de peinture, de mobilier, de livres et d¿objets d¿art uniques. Elles ont été constituées par la dynastie des marquis de Pierre qui ont transformé le château médiéval fortifié du XVe siècle, acquis en 1775, en maison de plaisance, remaniée dans le goût romantique et historiciste au XIXe siècle. Les Pierre, au fil des siècles et des mariages, ont été férus d¿agronomie et de nature - aménagement hydraulique et paysager du parc, album de planches botaniques de Pierre-Joseph Redouté à la bibliothèque-, de musique - séjours de Georges Onslow (1784-1853) au château où sont conservés son piano et ses partitions-, de peinture ¿ tableaux de Philippe de Champaigne, Van Thulden, Hubert Robert, Rigault).

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