Tout au long des années trente, un groupe de jeunes intellectuels non conformistes réunis dans le mouvement « Ordre Nouveau » ont lancé dans le débat une pensée radicalement nouvelle en rupture avec les idées dominantes du collectivisme conquérant et du capitalisme traditionnel. Ils avaient nom Denis de Rougemont, Robert Aron, Arnaud Dandieu, Daniel-Rops, Emmanuel Mounier. Alexandre Marc, philosophe jeté hors de sa Russie natale par la victoire des bolcheviques, était leur fédérateur et animateur principal. De ces idées, il fit une doctrine, le fédéralisme personnaliste, à l'approfondissement et à la diffusion de laquelle il consacra toute sa vie. On pourrait la croire aujourd'hui oubliée. Et pourtant, c'est en elle qu'ont germé des réalisations et des propositions, révolutionnaires en ces temps et très présentes dans les débats actuels : fédéralisme européen, crise de civilisation, allocation universelle, subsidiarité et régionalisme, etc. Il en est jusqu'à la pensée dialectique du « en même temps », chère au macronisme, qui apparaît comme une transposition hasardeuse de la dialectique inclusive, théorisée par Alexandre Marc. Sa disparition, voilà vingt ans, appelle une évaluation de cette doctrine et une tentative d'appréciation critique de sa pertinence. Ce livre s'efforce d'illustrer cette ambition au travers des réflexions des auteurs sur certains de ses aspects névralgiques comme le personnalisme, la crise, la dialectique ou l'action politique. Certains ont été des élèves et des proches collaborateurs d'Alexandre Marc ; d'autres ne l'ont connu qu'au travers de ses écrits ou de ses conférences. Tous se reconnaissent dans le personnalisme, fondement de cette doctrine méconnue et pourtant, étonnamment actuelle.

Alexandre Marc et le fédéralisme personnaliste : quelle actualité ?

1974 ou la Grande Illusion... La crise de l'énergie a mis le monde industrialisé sur la défensive. Sous la pression des puissances pétrolières les plus vindicatives et avec la complicité agissante du camp socialiste, l'ONU codifie à la hâte le nouveau rapport de forces et entérine dans la Charte du Nouvel Ordre économique international le déclin de l'Occident. Déjà formellement affranchi, le Tiers Monde va enfin briser ses chaînes économiques et trouver, à l'appel inspiré des muezzins du pétrole, les voies du développement et de la revanche. Dix ans ont passé. La stratégie pétrolière de l'OPEP a volé en éclats. Le Nouvel Ordre économique international a fait exploser le mythe d'un Tiers Monde solidaire et mis en évidence les appétits de puissance qui le ravagent. Claude Nigoul et Maurice Torrelli démontrent les mécanismes de cette mystification qui disqualifie l'Est et l'Ouest, le Nord comme le Sud. Ils montrent comment la Communauté européenne reste aujourd'hui le lieu privilégié d'un dialogue constructif entre pays en développement et pays industrialisés, seule source d'espoir dans un monde sans foi ni loi.

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