Prendre soin peut être considéré comme une préoccupation majeure des sociétés contemporaines. Mais une idée louable ne peut s'opérationnaliser en dehors de politiques, de contextes et d'acteurs qui la promeuvent, la mettent en oeuvre, l'incarnent. La formation et l'organisation du travail de ces derniers constituent des ressources potentielles pour cette opérationnalisation. S'il apparaît que le soin comme care vient aussi au premier plan, c'est au prix d'un changement de perspective dans les mentalités, les pratiques et les modes d'existence de l'ensemble des acteurs concernés par le soin. Modifier l'organisation du travail de soin, réformer les formations professionnelles, ne peut aboutir sans que l'ensemble de ces professionnels deviennent les acteurs de premier plan de ces transformations. Cet ouvrage est le fruit de praticiens impliqués. Ils analysent ce que représente le travail effectif de prendre soin sans omettre les difficultés à instaurer des conceptions et des modes d'action nouveaux. Ils montrent, au-delà d'une volonté politique, ce que nécessite une mutation de la formation au soin : s'investir, réfléchir, innover et enfin partager avec d'autres acteurs le fruit de leurs recherches. C'est à cette entreprise stimulante que se sont engagés les différents auteurs de l'ouvrage "Former au soin" avec, comme objectif partagé, d'ouvrir un nouvel espace d'échanges autour de conceptions et de pratiques de soin revisitées.

Former au soin - Des praticiens en recherche

La conception du soin qui prévaut au XXe siècle trouve son origine dans un modèle centré sur le curatif (Cure) qui tend à s'opposer aux situations qui requièrent un investissement relationnel étalé dans la durée (Care). Or, sous-estimer le travail de Care, du "prendre soin", revient à mettre en péril les possibilités curatives. Ce processus entretient malaise et désaffection chez les professionnels de santé et déficit de confiance du côté des patients. Cet ouvrage montre, à partir de l'étude de la professionnalisation des infirmières, comment tes modèles de formation et de division du travail des soignants, qui se sont édifiés tout au long du XXe siècle, ont généré ces situations contreproductives. La révision des parcours de formation, fréquemment débattue mais artificiellement résolue par les réformes de la fin de la première décennie des années 2000, s'appuie toujours sur tes mêmes modèles professionnels et perpétue, de ce fait, les obstacles à la prise en compte des ; besoins croissants d'accompagnement des patients atteints de maladies chroniques. A l'heure où les réseaux de soin se développent, y compris sur Internet, où l'autonomie est ; devenue valeur suprême, dans quelle mesure les soignants vont-ils se saisir du malaise qu'ils traversent, pour construire, avec les patients, une nouvelle culture du soin ? Par son exploration des problématiques du soin et des logiques d'acteurs, cet ouvrage devient indispensable pour comprendre les enjeux des professions paramédicales et envisager des stratégies d'avenir.

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