Un collage de jeunesse, une peinture de Rauschenberg, la scénographie de Luna Park ou un souvenir de Tex Avery sont autant de sésames pour entrer dans l'atelier du compositeur Georges Aperghis (né en 1945), connu pour ses affinités multiples avec la littérature, les arts et les techniques. Parcourant une soixantaine d'images, évoquant une vie de rencontres et d'engagements, le compositeur, en conversation avec le musicologue Nicolas Donin, donne à voir les multiples facettes de son travail créateur : la composition solitaire, l'expérience collective du théâtre musical, les collaborations amicales, le dialogue avec des penseurs et artistes de toutes les époques. De cette mécanique singulière surgissent des apparitions imprévues : quelque chose n'est pas à sa place, puis se met à vivre d'une autre façon. Aperghis cultive l'art de l'oubli et de la redécouverte, et ce livre-imagier nous invite à en faire l'expérience avec lui.

Conversation imagée 2019-2021

La plupart des compositions de Georges Aperghis font une part très importante à la voix humaine. Aussi a-t-il écrit des textes en principe faits pour être chantés mais dont la réunion en volume, au prix parfois d'un redécoupage ou d'un remodelage, s'est avérée indispensable. En effet, ces pièces, par le travail sur la langue qu'elles mettent en oeuvre, ressortissent très visiblement à la poésie la plus actuelle. Les mots y sont découpés, remodelés, réinvestis. Et si le sens circule à grande vitesse dans ces pages, c'est à la manière d'une lame sans cesse projetée puis déviée, continûment accélérée par la matière verbale qui la constitue et la relance.

Zig Bang

Comment peut-on être musicien ? Une trentaine d'artistes significatifs du festival Musique Action esquissent quelques réponses très personnelles à cette question, et à celle qui la prolonge : comment fait-on de la musique ? À travers trois générations et plus d'esthétiques que n'en référence aucun moteur de recherche, leurs voix douces, têtues, fermes et inquiètes d'artistes en action, composent une étonnante mosaïque sensible : aveux pudiques, pensées surprenantes, questionnements intimes, anecdotes, convictions, doutes. Leur exigence, leur patience, leur merveilleuse liberté, entrouvrent doucement une porte dérobée sur le phénomène musical. Depuis 1984 à Vandoeuvre-les-Nancy, Musique Action maintient la plus rigoureuse des lignes artistiques : une ouverture esthétique maximale à la condition de l'engagement sans concession ni redite. En vingt-cinq éditions, le festival, dirigé par Dominque Répécaud, aura présenté tout ce qui s'est fait de neuf et bouleversé dans le monde musical non académique. D'Aperghis (ou AMM) à Zorn (ou Zekri). Du nordiste Le Junter au Nippon Otomo. Du classique contemporain Ensemble Aleph au punk problématique Père Ubu. De la musique concrète, de la pop catalane, de l'improvisation européenne, de la poésie sonore, de la tradition sibérienne, de l'électronique récente, du minimalisme berlinois, de la noise indéterminée : un festival de musique, amoureux et sans équivalent.

Défrichage sonore - Entretiens autour du festival par Henri Jules Julien

" Entrer dans la musique ", dit-on. Mais on n'y entre jamais une fois pour toutes. On ne cesse de passer des seuils, on repasse le pas de chaque porte. On recommence pour commencer. Car la musique, que les romantiques allemands sont les premiers à imaginer comme un monde en soi (celui de la " musique absolue "), n'est peut-être qu'une succession de passages qui trament son architecture flottante. Entraînés par une lecture des aventures de Kreisler - le musicien imaginé par E. T A. Hoffmann -, nous sommes partis à la dérive dans le wonderland musical. Ils nous y guettaient : Alice, le Chapelier qui tua le Temps, les orgues florales de Sylvie et Bruno, ou encore Joseph Berglinger (le protagoniste des fantaisies sur l'art de Tieck), le Chat Murr et quelques autres... A les suivre, nous nous sommes arrêtés auprès de moments musicaux et d'images (de Beethoven à Schoenberg, en passant par La flûte enchantée sous 1'œil de Bergman). En chemin, nous avons croisé une pensée possible de l'événement musical et de sa curieuse poussée, des deux côtés d'une page d'écriture. Recto verso, à l'avers et au revers d'une feuille de maculature.

Wonderland - La musique, recto verso

La plupart des compositions de Georges Aperghis font une part très importante à la voix humaine. Aussi a-t-il écrit des textes en principe faits pour être chantés mais dont la réunion en volume, au prix parfois d'un redécoupage ou d'un remodelage, s'est avérée indispensable. En effet, ces pièces, par le travail sur la langue qu'elles mettent en ouvre, ressortissent très visiblement à la poésie la plus actuelle. Les mots y sont découpés, remodelés, réinvestis. Et si le sens circule à grande vitesse dans ces pages, c'est à la manière d'une lame sans cesse projetée puis déviée, continûment accélérée par la matière verbale qui la constitue et la relance.

Ses oeuvres

Ses derniers livres