Inscrit dans ce que l'on appelle « le cinéma moderne », Eric Rohmer n'a cessé de revendiquer son classicisme. Le paradoxe se comprend par la force structurante de la référence à la littérature libertine, qui explique le récit rohmérien comme les rapports entre les personnages. Cette réédition augmentée du Spectateur séduit le confirme à travers l'analyse des films des années deux mille et celle de nombreux écrits inédits conservés à l'IMEC.
Apparaît alors un nouveau Rohmer, lecteur de Sade - ce dont témoigne le court texte publié ici pour la première fois, « Les infortunes de la vertu. D'après une oeuvre célèbre du XVIIIe siècle français » - et cinéaste-écrivain, dont la démarche créatrice explore les limites entre littérature et cinéma.
Au-delà de la connaissance de l'oeuvre, l'enjeu est ici théorique. Qu'est-ce que la séduction ? Ce livre propose une réponse originale : séduire, c'est capter le désir de l'autre en donnant son propre désir en représentation. Partant de cas concrets, l'auteur définit une forme de séduction dont le principe est l'ambiguïté. Le modèle anthropologique qui se dégage du comportement des personnages est transposé sur un plan esthétique. La séduction doit alors être comprise comme une théorie de la représentation dans laquelle la place du spectateur est en jeu : ni leurré, ni démystifié, le spectateur du film est séduit. Comme le montrent les « figures théorisantes » qui mettent en abyme le fonctionnement de l'illusion, Rohmer nous confronte au réalisme ontologique bazinien dans une reformulation dynamique de l'ambiguïté.
Cet ouvrage permettra de redécouvrir un cinéma que l'on renvoie parfois à la transparence et qui est pourtant intéressé par l'artifice.

Eric Rohmer : le spectateur séduit

Depuis l'apparition du cinéma en Suisse, l'existence du " cinéma suisse " ne cesse d'alimenter déclarations d'intention, controverses et débats doctrinaux autant que politiques. C'est qu'excédant de beaucoup le domaine du divertissement et la réflexion esthétique, la question touche à l'identité nationale, à l'image du pays. Une image qui, dès l'origine, hante fictions et films documentaires. Par-delà donc l'étude du média pour lui-même, comment définir un cinéma suisse ? Quelle connaissance du pays, de sa représentation idéalisée ou critique, l'exercice suppose-t-il ? Cet ouvrage collectif offre une vue d'ensemble des recherches menées sur le sujet à l'Université de Lausanne et dans les institutions avec lesquelles elle collabore. Il regroupe des travaux d'ordre historique, esthétique, thématique et entend rendre compte des nouvelles investigations tout en les confrontant aux travaux des pionniers. Il offre, ce faisant, un état des lieux de la réflexion sur le " cinéma suisse " et dessine des perspectives nouvelles qui tentent de cerner un objet multiforme en cours de constitution. L'ouvrage est organisé en trois parties. La première, consacrée aux discours sur le cinéma, accueille des études sur la critique journalistique comme sur diverses théories. La deuxième se concentre sur le contexte des films, leur mode de production ou d'exploitation, ainsi que sur la création. La troisième, enfin, aborde les films eux-mêmes, à travers des approches esthétiques ou historiques.

Cinema Suisse : Nouvelles Approches. Histoire, Esthetique, Critique, Themes, Materiaux

Qu'est-ce que la séduction ? Ce livre propose une réponse originale : séduire, c'est capter le désir de l'autre en donnant son propre désir en représentation. A partir de l'analyse des films d'Eric Rohmer, l'auteur définit une forme de séduction dont le principe est l'ambiguïté. Il décrit les lois internes du processus telles qu'elles s'appliquent à différents registres de l'expérience humaine. Le modèle anthropologique qui se dégage du comportement des personnages est transposé sur un plan esthétique pour élaborer une théorie de la représentation : ni leurré, ni démystifié, le spectateur du film est séduit. Cette nouvelle définition est riche pour la réflexion sur le cinéma comme pour les autres arts de la représentation, car elle permet de dépolariser le débat qui parcourt tout le vingtième siècle et qui dresse les tenants de la " transparence " contre les défenseurs d'une certaine " distanciation ".
Le livre cultive l'intertextualité, recherchant ses sources dans la littérature libertine du dix-huitième siècle, envisageant la représentation classique à partir des acquis théoriques de la peinture. Le lecteur doit donc s'attendre ici à traverser les champs du cinéma, de la littérature et de l'histoire de l'art pour parvenir à une définition généralisable de la séduction du spectateur.

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