Grise était sa robe, gris ses yeux et gris aussi le ruban qui retenait la masse de ses cheveux roux. Qui était-elle, cette enfant sage et douce, au petit menton volontaire cependant, qui se tenait assise, bien droite, sur la banquette du compartiment, serrant contre elle l'oiseau agami qu'il venait de lui offrir ? Vers quelle destinée l'emportait donc ce train, qui roulait sur la ligne allant de la frontière Mexicaine à travers le Texas et la Louisiane, pour aboutir à la Nouvelle-Orléans, sur le delta du Mississipi ? L'oiseau agami s'appelait « Shepherd » c'est-à-dire « Berger ». Ceci, parce que les oiseaux de sa race se domestiquent si facilement, qu'en Amérique Latine ils jouent le rôle d'un gardien de troupeaux. Mais, en cette fin d'après-midi étouffante, ni lui, ni elle ne savaient encore le rôle que cette bête aux plumes ébouriffées, jouerait dans leur existence. Ni l'un, ni l'autre n'aurait pu seulement imaginer l'aventure vers laquelle les dirigeait ce train poussif et ahanant, dont la vitesse moyenne ne dépassait pas 30 kilomètres à l'heure... car on était en 1880...

Gris-souris

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Femmes d'hier et de demain, d'ici et d'ailleurs

En adoptant le ton du reportage, Marianne Monestier a su donner aux portraits qu'elle brosse dans ce récit une vie et une intensité remarquables. Qu'il s'agisse de Madeleine Braun, de Simone Saint-Clair, de Madeleine Riffaut, de Marie-Magdeleine Davy, d'Eliane Brault, de Géraldine Gérard ou de tant d'autres, les faits rapportés quittent le domaine de l'anecdote simple pour s'inscrire dans un contexte humain particulièrement émouvant. A travers le destin de ces femmes héroïques, c'est le sort de la France tout entière qui est évoqué, une France humiliée, bafouée, mais non point abattue. Les témoignages des survivantes, les rencontres de l'auteur avec les familles ou les amis de celles qui ont succombé révèlent la profondeur des drames personnels. Hommage pathétique aux femmes de la Résistance, l'ouvrage de Marianne Monestier peut être considéré en même temps comme une leçon de courage et d'espoir.

Elles étaient cent et mille...

Je veux être aviateur

La grâce virile de l'adolescence, l'intelligence la plus claire, l'esprit le plus enjoué, la grisante perspective d'un trône... Don plus magnifique pouvait-il être offert avec son cour par Louis à Marie ? Marie, un peu sauvage, tendre et passionnée ; Marie, dont la piquante beauté brune fait éclater le cadre des mansardes royales ? Mais le devoir, dans les âmes haut placées, a raison de l'amour même. La douceur des souvenirs, la flamme des regards et l'amertume d'un regret que rien ne pourra consoler, tel sera désormais le chapelet qu'égréneront les jolis doigts ambrés sur les perles promises à une infante, dans un écrin en forme de cour. C'est avec le charme que lui connaissent les lectrices de Marie-Claire, et les auditeurs de la Radiodiffusion, que Madame Marianne Monestier nous narre ce conte d'amour, plus émouvant encore d'être authentique.

Un écrin en forme de cœur

Une vieille demeure franc-comtoise où vivent, dans la joie et la sérénité, Catherine, ses frères et sours et les deux « tantes demoiselles », l'une dévolue aux soins de pigeons, et l'autre des chevaux. Mais Catherine, en ce début de printemps, attend elle ne sait elle-même quelle surprise de la vie. Celle-ci se présentera sous la forme de Boris Duval-Gay, que les enfants Aigremont découvrent somnolant au fond du bateau plat. Leur bateau. Boris Duval-Gay appartient, lui aussi, à une famille nombreuse. Mais quelle curieuse famille ! À Aigremont, le maître de maison s'occupe de la terre, et consacre ses loisirs à la rédaction d'un ouvrage historique. Tout est pesé, calculé, plein de goût et de mesure. Au « Lézard », M. Duval-Gay, ancienne gloire du chant international, ayant perdu sa voix, vêtu d'un smoking usagé, assis en tailleur, sur un tapis rongé par les mites, entouré des trophées de sa gloire ancienne, ressemelle, impavide, les souliers de la maison. Au « Lézard », croulant sous les glycines, la fantaisie, la musique et l'imprévu règnent en maîtres. Que va-t-il sortir de ces deux univers, à la fois si différents et si semblables, mis brusquement en présence l'un de l'autre, et que personnifient, chacun pour son clan, Catherine et Boris ?

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