Avec, en toile de fond, les accords d'Evian, l'indépendance de l'Algérie et l'emploi des techniciens et ingénieurs du IIIe Reich dans un laboratoire français au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le lecteur suit les trois membres du groupe dans la découverte de paysages disparus, reconstruits avec opiniâtreté à travers la collecte d'images, de documents et de témoignages. Ils arpentent ainsi Hammaguir, la première base spatiale française dans le Sahara, le laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) où étaient conçues les fusées françaises, à Vernon, dans l'Eure, et le Service d'aéronomie du CNRS, en région parisienne, où la science spatiale a vu le jour, en France. D'étape en étape, l'exploration de ces infrastructures spatiales dévoile les relations sociologiques, scientifiques et économiques qui unissent ces lieux. La disparition ou l'inaccessibilité physique des lieux a été suppléée par la recherche et l'analyse d'archives inédites issues de fonds privés et de collections publiques. Publiés en regard, ces documents et les contributions des trois membres du GRACE tressent de multiples récits qui offrent au lecteur un panorama des premières années de la France spatiale, de 1947 à 1967. Tantôt Michel Beretti et Jérôme Lamy méditent, l'un avec les outils de la littérature, l'autre avec ceux de la sociologie, aux diverses significations d'un livret d'accueil confié au personnel de la base d'Hammaguir, dont la localisation devait rester secrète ; tantôt Elise Parré s'interroge, à travers dessins et collages, sur le quotidien des enfants des ingénieurs allemands recrutés après la Seconde Guerre mondiale pour élaborer les fusées françaises, en pleine forêt normande. A la beauté formelle et à l'intérêt historique des archives répond ainsi l'acuité d'un regard contemporain et pluridisciplinaire dépouillé de la nostalgie qui caractérise souvent le récit de l'aventure spatiale Cet étonnant voyage, scandé par des aperçus sur les béances de l'histoire, les questions coloniales et le rôle des institutions, dissipe, sans conteste, les brumes romantiques qui entourent les origines de l'épopée spatiale française.

La base spatiale d'Hammaguir - Traversée culturelle dans les archives de l'Espace #1

Un spectacle théâtral sur Jean Calvin ? Drôle d'idée pour évoquer la figure du Réformateur de Genève qui passe traditionnellement pour le contempteur des danses, musiques et plaisirs de toutes sortes. Calvin Genève en flammes n'est cependant pas une pièce de théâtre historique au sens strict. Le personnage théâtral nommé dans cette fiction " Jean Calvin " est contradictoire, divisé, loin de la belle cohérence que la légende attribue à sa figure historique. Ce spectacle met en scène une communauté placée devant un choix collectif qui engage son avenir en se donnant une autorité morale. Genève choisit non seulement le parti aventureux d'une Réforme où tout est à inventer, mais elle décide aussi, volontairement, de se placer sous une loi qui contraint à restreindre certaines libertés, à bâtir une cité exemplaire, plus solidaire et plus juste, à éduquer ses citoyens pour mettre la Bible à la portée de tous. La pièce de théâtre dont le texte est ici reproduit, raconte comment ce choix initial est poursuivi, combattu, nié, perverti, comment il divise la communauté, comment il la transforme, au coeur d'un feu qui à la fois consume et illumine. " Calvin Genève en flammes " a été créé à Genève, pour le 500e anniversaire de Calvin en 2009.

Calvin - Genève en flammes

Dunant

Un professeur de philosophie commente le Livre deuxième de De Natura Rerum de Lucrèce : " Il est doux quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d'assister de la terre aux rudes épreuves d'autrui... ". Il est interrompu par le chahut de ses élèves ; puis par l'entrée de deux policiers... Pour le dernier spectacle qu'il crée avant son départ à la retraite, le comédien et directeur de théâtre, Carmelo Agnello, a choisi de monter une pièce retraçant l'arrestation ; la déportation et la mort à Auschwitz du professeur de philosophie Marius Klein. Sur le théâtre vidé de tout décor, Carmelo Agnello pérore, cabotine, harangue ses comédiens en coulisse, s'en prend au régisseur, morigène le souffleur : le sujet est irreprésentable. Mais il y eut aussi à Auschwitz un professeur de philosophie nommé Marius Klein dont l'âme vient hanter les nuits, puis les jours du vieux comédien. Carmelo Agnello comprend qu'il ne pourra s'en libérer qu'en revivant avec cette âme folle de terreur et de souffrance sa mort vécue dans les ténèbres et l'abjection.

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