Au XIXe siècle, voyages et explorations connaissent un essor sans précédent sous la houlette des Etats et des sociétés savantes, comme la Société de géographie, fondée à Paris en 1821. Depuis l'Europe sont organisées de nombreuses expéditions, qui visent à faire avancer les sciences, mais aussi évaluer les richesses exploitables à l'heure où les nations du Vieux Continent étendent leurs empires coloniaux. L'explorateur, porté aux nues par la presse populaire et les récits d'aventures, fait figure de héros. Pourtant, la réalité de l'exploration est plus contrastée que la vision idéalisée qui se diffuse alors. En fait d'aventuriers solitaires, Livingstone, Charnay, Fournereau et tant d'autres sont accompagnés par des guides, des interprètes et des auxiliaires, indispensables au bon déroulement des missions et à l'élaboration des savoirs. En outre, les intentions des explorateurs ne ont pas aussi désintéressées qu'on le prétend, et ils ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts. Enfin, l'exploration n'est pas seulement l'apanage des hommes ni des Occidentaux : des femmes entreprennent aussi des missions d'envergure, et des souverains extra-Européens commanditent des expéditions à leur profit. Au-delà du mythe et au plus près des archives, c'est cette histoire a multiples visages que cet ouvrage retrace, en s'appuyant sur une iconographie exceptionnelle, issue des collections de nombreux musées et institutions.

Visages de l'exploration au XIXe siècle - Du mythe à l'histoire

Officiers, reporters ou savants, en mission ou en quête d'aventure, amateurs ou professionnels, les premiers voyageurs photographes ont su, dès les années 1850, faire preuve d'une grande maîtrise technique, dans des conditions souvent extrêmes. Véritable incitation au voyage, cet ouvrage nous invite sur les pas de ces infatigables explorateurs que sont Chamay, Du Camp, Boume, O'Sullivan ou Tripe, à la découverte de civilisations et de contrées alors inconnues.Paysages grandioses de l'Ouest américain, temples mythiques d'Angkor ou de Palmyre, construction du canal de Panama, scènes de vie quotidienne telle la pêche aux cormorans en Chine : le voyageur-photographe collecte, enregistre et répertorie l'information. Face à un monde en pleine mutation, il répond à la soif de connaissances de ses contemporains et au besoin de conserver la trace de mondes en péril ou émergents.Rassemblés au sein des collections de la Société de géographie, ici mises en lumière, ces impressionnants clichés aux techniques variées — tirages albuminés, négatifs sur verre, positifs de projection, cyanotypes — témoignent du talent de ces pionniers, nous offrant ainsi, en un tour du monde, une histoire de la photographie.

Les Premiers voyageurs photographes: 1850-1914

Un inventaire du territoire :
Au sortir de la Guerre de Sécession, le gouvernement fédéral lance quatre grandes missions (surveys) dans tout l'Ouest américain. Ces campagnes d'exploration répertorient les accidents du relief et les curiosités géologiques, relèvent les réseaux hydrographiques, rassemblent des collections de minéralogie ou de botanique, réalisent et publient des cartes et atlas et englobent des disciplines comme la paléontologie ou l'archéologie. C'est un véritable inventaire général du territoire qui est alors mené. À chacune de ces missions a été assigné un périmètre géographique défini mais la concurrence sur le terrain est réelle entre les chefs de mission, notamment dans la diffusion des travaux et résultats scientifiques.

Des pionniers de la photographie :
À ces missions sont intégrés des photographes qui comptent désormais parmi les grands noms de la photographie : Timothy O'Sullivan, William Henry Jackson, John Hillers. Les clichés qu'ils rapportent vont contribuer à forger l'imaginaire géographique américain. Leurs choix de cadrages et de sujets, non dénués de certaines références picturales, aboutissent à la création de paysages emblématiques, de lieux-icônes où se mêlent la contemplation du sublime, la grandeur de la nature et le sentiment de liberté.

Une société savante au service d'une passion :
La Société de géographie, créée à Paris en 1821 et dont les collections sont en dépôt à la BnF, s'est passionnée pour cette grande entreprise géographique. Elle a suivi attentivement les résultats de ces missions et relayé les découvertes auprès du public français. Elle a enfin été destinataire, en sa qualité de société savante, des rapports de missions parmi lesquelles des centaines de photographies prises dans l'Ouest américain, dont une sélection est présentée dans cet opus.

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