Le XIXe siècle voit naître la gymnastique moderne. En France, dès les premières années de la Restauration, Francisco Amoros, réfugié espagnol, présente avec un certain succès une méthode qui associe mouvements simples et analytiques à des chants moraux. Résolument originale et moderne, la gymnastique amorosienne révèle sa fonction essentielle : édifier un homme nouveau, un citoyen moderne et vertueux, seul capable de rendre pensable l'instauration durable d'un ordre démocratique.

La révolution des mouvements

Comment naissent les pratiques physiques modernes ? Quels sont les déterminants qui sous-tendent leur genèse et favorisent leur développement ? Doit-on invoquer des conditions sociales particulières, un renouvellement des exigences pédagogiques, militaires et hygiéniques ou encore l'éclosion conjoncturelle de besoins nouveaux pour lesquels elles constitueraient une possibilité de remédiations plausible ? Doit-on les considérer comme autant d'oeuvres spontanées nées de l'imagination d'inventeurs de génie et associer leur fortune à l'action bienveillante d'hommes providentiels ? En réalité, l'apparition d'une nouvelle pratique corporelle ne doit rien au hasard. C'est pourquoi appréhender les origines de la gymnastique moderne revient à interroger le contexte d'apparition des sociétés modernes et des états nation ou encore celui de l'émergence d'idéaux politiques qui fondent de nouveaux lieux d'édification du citoyen. Parmi eux, Ecole et Armée s'imposent en tant que creusets privilégiés de cette pensée politique moderne au sein desquels la gymnastique déploie ses différentes formes tout au long du XIXe siècle. De cette période fertile en innovations pédagogiques et berceau des pratiques physiques contemporaines, trois générations d'historiens tentent ici de cerner les caractéristiques. Autour de quelques questionnements, celui de la genèse, celui des idéologies et celui des transferts culturels et des contre-modèles, leurs contributions sont à lire comme autant d'exemples de nouvelles problématiques soulevées aujourd'hui par l'histoire des activités physiques.

Aux origines de la gymnastique moderne

Le XIXe siècle voit naître la gymnastique moderne. En France, dès les premières années de la Restauration. Francisco Amoros, réfugié espagnol chassé de son pays pour y avoir occupé d'importantes fonctions dans le gouvernement de Joseph Bonaparte, présente une méthode qui connaît un certain succès. Celle-ci, qui associe des mouvements simples et analytiques à des chants moraux, avant d'éprouver l'adresse et la force des élèves lors d'exercices plus acrobatiques. trouve, au sein du gymnase normal, militaire et civil de Grenelle, un terrain d'application exemplaire. Résolument originale et moderne, mais surtout constitutive d'un projet politique libéral, elle s'y déploie tel un produit des Lumières et des idéaux de la Révolution française, tel un écho à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. A ce titre, elle doit être vue comme une véritable révolution des mouvements qu'Amoros organise à partir d'une redéfinition des rapports du physique et du moral et d'une conception naturelle de la morale, inspirées du discours des idéologues. Bases sur lesquelles le gymnasiarque peut la présenter comme un outil essentiel des projets éducatifs faisant reposer tout espoir de réforme sociale sur une réforme de mœurs. Ainsi conçue, la gymnastique amorosienne révèle sa fonction essentielle : édifier un homme nouveau, un citoyen moderne et vertueux, seul capable de rendre pensable l'instauration durable d'un ordre démocratique.

Ses oeuvres

Ses derniers livres