En 2017, à l'heure du centenaire de la mort d'Auguste Rodin, le musée Rodin donne carte blanche à l'artiste allemand Anselm Kiefer. Les similitudes de parcours, de sources d'inspiration et de procédés créatifs de Kiefer et de Rodin mettent en évidence une originalité expérimentale. Ils exploitent tous les domaines, manipulent toutes les matières, empruntent les chemins de traverse et s'autorisent autant d'agencements et d'audacieuses mutations. Attiré par les débris et abattis directement issus du ciment rodinien qu'il mêle aux reliques de sa propre vie et à d'autres matériaux inattendus, Anselm Kiefer réalise une série de vitrines totalement inédites. De la même manière, les moules de fabrication des sculptures exhumés, fatigués et salis, témoignent d'une vie passée et d'une autre à venir. Si Kiefer et Rodin jouent de tous les supports, usent de toutes les techniques pour comprendre ou digérer l'héritage du passé et assouvir leur amour du métier, ils célèbrent avant tout leur culte commun du travail à travers une même quête, celle de la vérité, jamais embellie. lnvestissant la salle d'exposition et la cour du musée, l'exposition témoignera de la rencontre singulière de ces deux démiurges, pétris de liberté et affranchis de toutes contingences artistiques.

Kiefer-Rodin

Je n’ai foi que dans l’art et, sans lui, je suis perdu.     Souvent, j’enferme des tableaux dans l’obscurité d’un container, durant de longues années. Que font les tableaux ainsi enfermés pendant tout ce temps, jusqu’au moment où ils se rappellent à mon souvenir en me faisant signe ? Rien ? Certainement pas, puisqu’ils ont su rassembler des forces pour attirer l’attention sur eux. Après avoir libéré la toile de l’obscurité, je la repeins et une transition s’opère vers un autre état.     L’autodestruction a toujours été le but le plus intime, le plus sublime de l’art, dont la vanité devient alors perceptible. Quelle que soit la force de l’attaque, et quand bien même il sera parvenu à ses limites, l’art survivra à ses ruines.     Né en 1944, le peintre et sculpteur allemand Anselm Kiefer est une figure majeure de l’art contemporain et une de ses personnalités les plus fortes. Ses œuvres, saturées de matière (sable, terre, strates de plomb, suie, salive, craie, cheveux, cendre, matériaux de ruine et de rebut) sont nourries de littérature et de philosophie. Il est professeur invité au Collège de France pour l’année 2010-2011, dans la chaire de Création artistique.

L'art survivra à ses ruines

Premier artiste plasticien nommé titulaire de la chaire de Création artistique au Collège de France, Anselm Kiefer a donné entre décembre 2010 et avril 2011, huit cours suivis de séminaires. Ces cours ainsi que la leçon inaugurale sont réunis dans cet ouvrage. En répondant à l'invitation du Collège de France, Anselm Kiefer s'applique, en faisant appel aux souvenirs, à la littérature, à la poésie et à la philosophie, à démontrer le processus de sédimentation, de réélaboration de thèmes qui circulent, s'entrecroisent et se superposent dans son travail, jusqu'à constituer une véritable constellation kieferienne. A l'instar de celle-ci, les cours révèlent la dimension universelle d'un artiste qui prend en compte l'Histoire, les mythes germaniques, grecs, assyriens. , la religion, la mystique juive, les femmes, la poésie. en des textes d'une portée capitale pour la compréhension de son oeuvre. Né en 1945 à Donaueschingen, Anselm Kiefer est depuis sa participation, en 1980, à la Biennale de Venise, où il représentait l'Allemagne, l'un des artistes les plus internationalement connu.

Les cinq émissions A voix nue diffusées sur France Culture en novembre 2001 ont été enregistrées un an après la publication de la monographie d'Anselm Kiefèr par Daniel Arasse aux Editions du Regard. C'est donc avec tune connaissance approfondie de la démarche d'Anselm Kiefer, augmentée d'une pratique amicale et intellectuelle avec l'artiste, que Daniel Arasse a abordé la série d'émissions, et cela se perçoit dès les premiers échanges tant les questions de même que les réponses sont pertinentes et acérées, diffusant un vif éclairage sur la diversité de l'oeuvre, son invention remarquable. Daniel Arasse s'applique à démontrer le processus de sédimentation, de réélaboration de thèmes qui circulent, s'entrecroisent et se superposent en tua véritable " labyrinthe kiefenen" composé de tableaux, de livres, de gravures, de sculptures, de phots graphies, d'installations... D,uaiel Arasse évoquait ainsi son émission : " Je me suis efforcé de suggérer un parcours dans un labyrinthe dont on a progressivement le sentiment que Kiefer y joue à la fris le rôle de Dédale, de Thésée et du Minotaure. " Durant les deux années au cours desquelles Daniel Arasse a travaillé à la monographie sur Kiefer, il s'est rendu à plusieurs reprises à Barjac, la résidence-atelier de l'artiste, qu'il a par ailleurs rencontré de nombreuses fois chez son éditeur pour de longues séances de travail. C'est pourquoi l'un comme l'autre, outre l'amitié qui spontanément les a réunis, ont échangé des informations dépassant largement le champ de l'art, investissant les terrains de la poésie, de la littérature, de la philosophie et plus prosaïquement ceux de la société ou de la politique qui les passionnaient tous deux. Il est ici intéressant de signaler qu'ils sont exactement contemporains.

Rencontres pour mémoire

Au commencement - Am Anfang, Edition bilingue

ANSELM KIEFER au Grand Palais Catalogue de l'exposition Sternenfall - Chute d'Etoiles, in situ, photographié par Jacques Boulay et Marc Domage.

Anselm Kiefer - Au Grand Palais

20 ans de solitude

Bâtissons une cathédrale - Entretien

Anselm Kiefer, né le 8 mars 1945 à Donaueschingen, est un artiste plasticien contemporain allemand. Il vit et travaille en France à Barjac (Gard) et en région parisienne.
Établi en France depuis 1993, il est l’un des artistes allemands les plus célèbres des années 2000 et compte parmi les artistes vivants dont les œuvres atteignent les sommes les plus élevées.

Enfant, je n'avais pas de jouets; notre maison a été bombardée, mais il y avait beaucoup de briques. Les ruines sont merveilleuses car elles sont le début de quelque chose de nouveau, vous pouvez en faire quelque chose.

Quand je vois un nouvel artiste, je me donne beaucoup de temps pour réfléchir et décider si c'est de l'art ou non.

L'histoire est formée par le peuple, ceux qui ont du pouvoir et ceux sans pouvoir. Chacun de nous fait l'histoire.

L'art peut-être le seul espace où un indvidual peut être tout à fait libre de se remettre en question, ainsi que sa relation avec son Dieu

Je suis d'avis qu'il y a des artistes et des non-artistes. Je pense que c'est ainsi que c'était toujours et le sera toujours. Je ne crois pas que nous soyons au centre du monde. Il est possible qu'il y ait des dieux qui ne se rapportent pas à l'homme. En tant qu'artiste, je crois qu'il est possible de représenter ces forces.

Mais nous ne devons pas non plus oublier la différence entre ce qui m'a d'abord motivé et le travail qui est le résultat.

L'histoire parle aux artistes. Il change la pensée de l'artiste et le remodèle constamment en images différentes et inattendues.

La raison de ce projet vient de mon enfance, ce qui est clair pour moi. Je n'avais pas de jouets. Alors, j'ai joué dans les briques de bâtiments en ruine autour de moi et avec lequel j'ai construit des maisons.

Les ruines, pour moi, sont le début. Avec les débris, vous pouvez construire de nouvelles idées. Ce sont des symboles d'un début.

Lorsque, à la fin des années 1960, je me suis intéressé à l'ère nazie, c'était un sujet tabou en Allemagne. Personne n'en a plus parlé, plus dans ma maison que partout ailleurs.

La vie est une illusion. Je suis maintenu ensemble dans le néant par l'art.

J'ai grandi dans une forêt. C'est comme une pièce. C'est protégé. Comme une cathédrale ... c'est un endroit entre le ciel et la terre.

Pas content, mais la route que l'artiste prend, est la partie intéressante.

Mais je crois surtout que je voulais construire le palais de ma mémoire, parce que ma mémoire est ma seule patrie.

Je suis intéressé à reconstruire les symboles. Il s'agit de se connecter avec une connaissance plus ancienne et d'essayer de découvrir les continuités de la raison pour laquelle nous recherchons le paradis.

L'art est vraiment quelque chose de très difficile. C'est difficile à faire, et c'est parfois difficile à comprendre pour le spectateur. Il est difficile de déterminer ce qui est de l'art et ce qui ne l'est pas.

En raison de mon éducation calviniste, j'ai été formé pour penser que ce que vous faites doit avoir un but.

L'art est difficile. Ce n'est pas du divertissement. Il n'y a que quelques personnes qui peuvent dire quelque chose sur l'art - c'est très restreint. Quand je vois un nouvel artiste, je me donne beaucoup de temps pour réfléchir et décider si c'est de l'art ou non. L'achat d'art n'est pas de comprendre l'art.

L'art aspire. Vous n'arrivez jamais, mais vous continuez dans l'espoir que vous le ferez.

Que fait l'artiste? Il établit des liens. Il attache les fils invisibles entre les choses. Il plonge dans l'histoire, que ce soit l'histoire de l'humanité, l'histoire géologique de la terre ou le début et la fin du cosmos manifeste.

Je m'intéressais à la transcendance dès le plus jeune âge. J'étais intéressé par ce qui était là-bas, ce qui était derrière la vie. Alors, quand j'ai eu ma première communion, j'ai été très déçu. Je m'attendais à quelque chose d'incroyable et de surprenant et de spirituel. Au lieu de cela, tout ce que j'ai eu était un vélo. Ce n'était pas du tout ce que j'étais.

Je crois que l'art doit assumer la responsabilité, mais cela ne devrait pas abandonner l'art.

Le livre, l'idée d'un livre ou de l'image d'un livre, est un symbole d'apprentissage, de transmettre des connaissances .. Je fais mes propres livres pour trouver mon chemin à travers les vieilles histoires.

L'achat d'art n'est pas de comprendre l'art.

Je crois aux espaces vides; C'est la chose la plus merveilleuse.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anselm_Kiefer

Ses oeuvres

Ses derniers livres