Les conférences que Webern prononça en 1932 et 1933 à Vienne dans un appartement privé étaient destinées à un public non spécialisé à qui le compositeur voulait expliquer le chemin parcouru jusqu'à la musique de douze sons. Loin de présenter le sérialisme comme une rupture avec le passé, Webern s'attache au contraire à dégager ce qui, à travers lui, permet d'accomplir la plus haute tradition de la musique occidentale, depuis le chant grégorien et la polyphonie de la Renaissance jusqu'à l'époque moderne. S'il démontre comment la tonalité s'est progressivement désagrégée, il insiste sur la permanence des formes et des techniques d'écriture anciennes, et, par-dessus tout, souligne l'exigence de cohérence, nécessaire pour que les œuvres soient compréhensibles. En ce sens, ces conférences constituent une magnifique introduction à la musique du XXe siècle. Elles sont présentées ici dans une traduction nouvelle et complétées par tous les autres écrits de Webern, depuis l'introduction de sa thèse de doctorat sur Isaac jusqu'aux analyses de quelques-unes de ses œuvres, en passant par diverses considérations sur ScMnberg et un bref hommage à Loos. Deux études critiques de Georges Starobinski et Philippe Albèra, coéditeurs des textes, complètent ce volume.

Le chemin vers la nouvelle musique et autres écrits

Anton Webern ( audio), né le 3 décembre 1883 à Vienne et mort le 15 septembre 1945 à Mittersill, est un compositeur et chef d'orchestre autrichien. Un des premiers élèves d’Arnold Schönberg, il appartient au premier cercle de la Seconde école de Vienne.
Son nom à la naissance est Anton Friedrich Wilhelm von Webern, mais il abandonne la particule von en application de la loi autrichienne supprimant la noblesse en 1919.

L'unité est sûrement la chose indispensable si le sens doit exister. L'unité, pour être très générale, est l'établissement de la plus grande parenté entre tous les composants ... Le but est de rendre aussi clair que possible les relations entre les parties de l'unité; Bref, pour montrer comment une chose en mène à une autre.

L'idée est distribuée dans l'espace. Ce n'est pas seulement dans une partie; Une partie ne peut plus exprimer l'idée, seule l'union des parties peut complètement exprimer l'idée. L'idée a jugé nécessaire d'être présenté par plusieurs parties. Après cela, il y a eu une floraison rapide de la polyphonie.

Le temps était tout simplement mûr pour la disparition de la tonalité. Naturellement, c'était une lutte féroce; Les inhibitions du genre le plus effrayant devaient être surmontées, la peur de la panique, "Est-ce possible, alors?" Il est donc arrivé que progressivement, une pièce a été écrite, fermement et consciemment, ce n'était plus dans une clé définie.

En ce qui concerne la présentation des idées musicales, évidemment des règles d'ordre sont vite apparues. De telles règles d'ordre existent depuis que la musique existe et depuis que les idées musicales ont été présentées... Nous allons donc essayer de mettre le doigt sur les lois qui doivent être au fond de tout cela.

C'est toujours la même chose: les médiocrités sont sur-évaluées et les grands hommes sont rejetés.

En effet, l'homme n'existe que dans la mesure où il s'exprime. La musique le fait dans des idées musicales.

Si vous voulez clarifier quelque chose à quelqu'un, vous ne devez pas oublier le point principal, la chose la plus importante, et si vous apportez autre chose comme illustration, vous ne devez pas vous promener dans des non-réévances sans fin.

[l'impression de la première fois que j'ai entendu la musique de Webern dans un concert] était la même que j'allais ressentir quelques années plus tard lorsque j'ai posé les yeux pour la première fois sur une toile de Mondriaan... : ces choses, dont j'avais acquis une connaissance extrêmement intime, apparaissant comme brute et inachevée lorsqu'elle est vue dans la réalité

Alors, comment les gens écoutent-ils la musique? Comment les grandes masses l'écoutent-elles? Apparemment, ils doivent être capables de s'accrocher à des photos et des «humeurs» d'une sorte. S'ils ne peuvent pas imaginer un champ vert, un ciel bleu ou quelque chose du genre, alors ils sont hors de leur profondeur.

La compréhensibilité est la loi la plus élevée de toutes. L'unité doit être là. Il doit y avoir des moyens de l'assurer. Toutes les choses qui nous sont familières de la vie primitive doivent également être utilisées dans des œuvres d'art.

Qu'est-ce que la musique? La musique est un langage. Un être humain veut exprimer des idées dans cette langue, mais pas des idées qui peuvent être traduites en concepts.

À l'exception des pièces de violon et quelques-unes de mes pièces d'orchestre, toutes mes œuvres de la Passacaglia sur la mort de ma mère.

Et les œuvres qui durent et qui durent à jamais, les grands chefs-d'œuvre, ne peuvent pas avoir vu le jour comme l'humanité... l'imagine. L'homme n'est que le vase dans lequel se déverse ce que « la nature en général » veut exprimer.

La musique est la loi naturelle liée au sentiment d'audition.

L'art est un produit de la nature en général, sous la forme particulière de la nature humaine.

De ce phénomène simple, cette idée de dire quelque chose de deux fois, plus souvent, aussi souvent que possible, afin de se faire comprendre - les choses les plus astucieuses développées ... le principe de la répétition!

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anton_Webern

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