Dennis passa la plus grande partie de sa vie à croire que la personne qu'il avait le plus aimée et qu'il aimerait toujours plus que les autres était George Miles, un ami pour lequel il écrivit un cycle de cinq romans dans les années 1990. Ils se rencontrèrent quand George avait douze ans et lui quinze. George était le garçon le plus étrange, doux et beau que Dennis avait jamais vu sur Terre et, à sa plus grande stupéfaction, George l'aima instantanément et avec acharnement.

J'ai fait un voeu

Le héros narrateur de ce nouveau roman de Dennis Cooper est un étrange personnage, amateur de jeunes gens dépressifs et cannibales... Le décor est planté ! Il nous raconte ses exploits, avec des amis qui partagent ses goûts, à l'occasion de l'acquisition qu'il vient de faire d'un château ainsi que d'un de ses jeunes occupants qui ne s'en sortira pas comme ça... Comme à l'accoutumée avec Dennis Cooper, ce qui est raconté, aussi horrible que cela soit, reste sinon théorique du moins conserve son statut de phantasme. A aucun moment il n'y a de tentation réaliste ou naturaliste. Et dans ce livre, l'architecture, très présente et qui joue un grand rôle, de même qu'une syntaxe très bousculée qu'il a été difficile de traduire, évoque les structures mentales passablement dérangées des personnages. C'est fascinant.

Le fol marbre

JERK (d'après la nouvelle de Dennis Cooper édité aux éditions POL en 2010 dans son recueil de nouvelles, "Un type immonde"), décliné ici dans une pièce sonore inédite produite par les Ateliers de Création Radiophonique et passée sur les ondes de France Culture, est une reconstitution imaginaire étrange, poétique, drôle et sombre des crimes perpétrés par le serial killer américain Dean Corll, qui, avec l'aide de deux adolescents, David Brooks et Wayne Henley, a tué plus d'une vingtaine de garçons dans l'Etat du Texas au milieu des années 70. Dans la nouvelle de Dennis Cooper, David Brooks purge une peine à perpétuité en prison, où il apprend l'art de la marionnette comme une sorte de thérapie qui lui permet de faire face à ses responsabilités quant à sa participation aux crimes. Il y écrit une pièce qui reconstitue les meurtres de Dean Corll en utilisant des marionnettes pour interpréter les rôles, spectacle qu'il présentera en prison pour une classe d'étudiants en psychologie d'une université locale. La pièce sonore réalisée à partir de JERK met en avant le caractère profondément schizophrénique de l'exercice qu'est celui du marionnettiste en présentant l'expérience du spectacle du point de vue du marionnettiste. JERK est aussi devenu une pièce de théâtre créée par Gisele Vienne et Dennis Cooper et, présentée cet été au Festival d'Avignon. A la manière de David Brooks, le héros de la pièce, le montage photo du livre créé par Vienne et Cooper " à travers leurs larmes " met en scène des marionnettes où se mêlent sans complexes sexualité et violence dans un registre digne de l'esthétique gore. L'exploration de JERK sous ces différentes facettes multiples y compris ce livre/CD, traduit l'intérêt que ces artistes attachent à l'ambiguïté des émotions suscitées par des adolescents désorientés, suicidaires et des adultes qui idéalisent leur part d'ombre, stylisent leur mal de vivre, et se chargent de leur destruction.

Jerk // A travers leurs larmes

"[A] brilliant, triumphantly lurid writer as well as a supremely talented, elegant stylist whose prose is smart and nervy. He might also be the last literary outlaw in mainstream American fiction." -Bret Easton EllisInternationally acclaimed writer Dennis Cooper continues to study the material he's always explored honestly, but does so now-in stories-with a sense of awareness and a satirical touch that exploits and winks at his mastery of this world. As it has done for decades, Cooper's taut, controlled prose lays bare the compulsions and troubling emptiness of the human soul.

Ugly Man - Stories

je l'ai ramené chez moi.
 pas bavard, il ne semblait pas avoir envie de parler. il ne m'a ni donné ses tarifs, ni dit ce qu'il aimait. aussi, il avait ce léger tic qui lui faisait tendre le cou et ouvrir la bouche. je me suis dit que c'était l'effet d'une drogue quelconque puisqu'il n'était pas clean, ça crevait les yeux. c'était pas les signes avant-coureurs qui manquaient mais le gosse était tellement une bombe que je les ai tous ignorés.
 je ne regrette pas... attendez, lisez la suite.

Salopes

«Je n'arrive pas à croire que ce soit la tombe de Tommy. La dernière fois que j'ai vu Tommy, c'était un horrible trou juste là, sans comparaison avec aucune autre tombe. Maintenant le même gazon extrêmement doux égalise tout le monde. Je comprends qu'il est là dessous. Mais je suis si défoncé que c'est invraisemblable. Il aimait les mauvais films d'horreur. Il adorait celui dans lequel Christina Ricci surgissait de la tombe pour assassiner ses parents endeuillés. Il le regardait si souvent que Bette a fini par brûler la cassette. Je sais bien qu'il y a des millions d'enfants morts qui n'ont jamais eu l'intention de faire chaque petite chose stupide à laquelle ils pensaient. Je ne suis là que pour dire que j'espère que le mien a compris son erreur.»

Dieu Jr.

«Ce très bref essai, que nous éditons en bilingue, est en fait le texte d'une conférence prononcée par Dennis Cooper à la Villa Gillet, à Lyon, le 19 janvier 2004, à l'occasion d'une soirée qui lui était consacrée. Il nous a paru tellement frappant, il nous a paru si bien éclairer la démarche de l'un des auteurs américains contemporains les plus importants et étonnants, que nous avons décidé qu'il accompagnerait les publications de Dream police et de Period, depuis longtemps programmées, elles.

Violence, faits divers, littérature : Violence, News Item, Literature - Villa Gillet, Lyon, 19 janvier 2004

Period clôt le cycle romanesque commencé avec Closer puis poursuivi avec Frisk, Guide et Try. Il en est en quelque sorte l'aboutissement, l'apothéose. Et si, à l'instar des précédents ouvrages, la violence y est présente constamment, elle n'est peut-être plus la caractéristique dominante de ce livre. Bien sûr, on retrouve les mêmes personnages d'adolescents complètement démolis, criminels ou victimes quasi consentantes, le même dérèglement de la société, et la drogue, et la musique avec ici, en plus, le satanisme. Mais il semble que la question qui est au coeur du texte soit celle de l'identité. De manière bouleversante parce que rigoureusement maîtrisée, le texte se retourne en son centre et tous les personnages s'inversent, devenant leur propre double, flottant au bord d'une pensée qui va se défaisant au rythme de corps épuisés.

Period

Mes romans ont tendance à prendre beaucoup de temps pour devenir exactement ce qu'ils vont être. Ce sont des dégâts fluides jusqu'à ce que je fasse une tonne d'édition, de raffinage et de réécriture. Lorsque j'écris des romans, je fais toujours des albums connexes pour m'aider à organiser et à tester mes intentions.

Je pense que la pornographie est un médium très riche, et je l'ai étudié de près et j'ai beaucoup appris en tant qu'écrivain.

Quand je lis la poésie de Spencer Madsen, je ne me sens pas seulement de crainte parce qu'il est si bon, l'un des meilleurs, mais je pense aussi à la façon dont tout dans le monde se passe en même temps, et comment le monde que nous connaissons est si fortement édité vers le bas. C’est le sentiment le plus formidable et le plus étrange. Je souhaite que Spencer Madsen puisse être partout à la fois. J'adore vraiment que vous puissiez rendre tout ce qui est triste.

Je pensais beaucoup à la musique, à la façon dont la musique est mitigée et à la façon dont tout se passe en même temps; Cela équivaut à la façon dont le son est abaissé ou élevé. J'essayais de l'obtenir avec l'écriture.

Avant de décider de me concentrer sur l'écriture, j'ai dessiné des photos et peint, et j'ai fait des films expérimentaux Super 8. J'étais le chanteur dans trois groupes de rock, et j'ai écrit et mis en scène et joué dans des pièces pour les enfants dans mon quartier. J'étais donc en quelque sorte partout dans mes intérêts et éloigné en termes de lieu où ma créativité voulait finir.

Beaucoup d'écrivains considèrent leurs personnages comme des êtres vivants. Je sais que c'est ainsi que les gens pensent. C'est pourquoi j'essaie de les rendre réels d'une certaine manière, car sinon les gens ne les liront pas. C'est bien si certains lecteurs les considèrent comme réels. Ce n'est tout simplement pas la façon dont je pense à eux.

Écrivain culte. C'est un terme étrange car c'est complémentaire mais condescendant à la fois.

Pourquoi je ressens une nouvelle nostalgie pour l'ère de la guillotine?

Je veux aimer quelqu'un si altruiste qu'il ne penserait même jamais à disparaître. Je suppose que c'est ce que la plupart des gens veulent. En fait, c'est probablement pour cela que nous ne nous tuons pas tout le temps. Tout le monde est un peu trop seul pour le risquer.

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