Quelle est cette terre que Gabriela Mistral cherche à essarter, à défricher ? Celle de son Chili natal, de la Cordillère des Andes, des légendes Mayas ? Ou la terre des exils et des ombres ? Essart est un livre mystérieux ; on lit ces poèmes comme on marche sur une terre ouverte, dont on embrasse les sommets du regard, cheminant au plus près d'une parole dense et profonde, rustique et mystique. Gabriela Mistral hisse ses poèmes vers la fable, au moyen d'une langue bruissante d'hommes et de dieux, de traditions et de légendes, de dialectes archaïques. Nous sommes séparés, Mistral nous rassemble dans la circulation interne d'un pouls, d'un sang à la pulsation puissante qui a le mouvement d'un fleuve. On se perd dans un « hallali de pierres roulées », au milieu des iguanes et des tortues, des cerfs et des colombes, avec cette étrange impression d'être « toujours blessé, jamais chassé ». Essart opère une transfiguration de l'enfance en odeurs, des fantômes en brumes, des hommes en paysages, des visages en fables, des peuples en fleuves, des corps en zodiaques et des dieux en rêves, en une lumière qui mystifie tout. Dans ces poèmes où vivre et mourir, dans cette confession plus vaste que soi, des profusions de monde aux « quarante points cardinaux » tiennent dans un mot, dans une langue habitée, c'est à dire peuplée de souvenirs, de charmes, de fleuves, d'oiseaux et de fleurs, de disparitions et d'esprits, vaste comme un horizon ou un ciel étoilé. Cette voix qui nous soulève vers la liberté, nous berce entre les épiphanies et les pleurs avec « le pur rythme tranquille des vieilles étoiles » semble ne jamais vouloir interrompre son chant, ne jamais briser le sortilège et c'est ce qui nous tient, nous emmaillote à ces lignes : la crainte d'une magie dissipée, le retour brutal sur la terre vide et nue, inconsolables de la fable. Aussi nous ne quittons ni les anges, ni le rêve de cette poésie qui « regarde le monde aussi familièrement que si elle l'avait créé. »

Essart

De désolation en tendresse

Dans le secret de la nuit, ma prière grimpe comme la Liana, ma prière est, et je ne le suis pas. Il grandit et je périt. Je n'ai que ma respiration dure, ma raison et ma folie. Je m'accroche à la vigne de ma prière. Je l'ai tendance à la racine de la tige de la nuit.

Mon chagrin et mon sourire commencent dans votre visage, mon fils.

J'écris de la poésie parce que je ne peux pas désobéir à l'impulsion; Ce serait comme bloquer un ressort qui monte dans ma gorge. Depuis longtemps, je suis le serviteur de la chanson qui vient, qui apparaît et ne peut pas être enterré. Comment me sceller maintenant?… Cela n'a plus d'importance pour moi qui reçoit ce que je soumets. Ce que je réalise est, à cet égard, plus grand et plus profond que moi, je suis simplement le canal.

Maintenant, mon ventre est aussi noble que mon cœur.

En ce moment, par un coup de fortune immérité, je suis la voix directe des poètes de ma race et la voix indirecte des nobles langues espagnole et portugaise.

Nous sommes coupables de nombreuses erreurs et de nombreux défauts, mais notre pire crime est d'abandonner les enfants, négligeant la fontaine de la vie. Beaucoup de choses dont nous avons besoin peuvent attendre. L'enfant ne peut pas. En ce moment, c'est le moment où ses os se forment, son sang est fait et ses sens sont en cours de développement. Pour lui, nous ne pouvons pas répondre «demain». Son nom est «aujourd'hui».

Le discours est notre deuxième possession, après l'âme et peut-être que nous n'avons pas d'autre possession dans ce monde.

L'écriture a tendance à m'encourager; Cela apaise toujours mon esprit et me bénit avec le don d'une journée innocente, tendre et enfantine. C'est la sensation d'avoir passé quelques heures dans ma patrie, avec mes coutumes, mes caprices libres, ma liberté totale.

Il y a la joie d'être en bonne santé et juste, mais il y a dans l'ensemble la beauté, l'immense joie d'être utile.

Toute la nuit j'ai souffert; toute la nuit ma chair a tremblé pour produire son don. La sueur de la mort est sur mon front ; mais ce n'est pas la mort, c'est la vie !

Un enfant infirme a dit : "Comment dois-je danser ?" Laisse ton cœur danser, avons-nous dit. Puis l'invalide a dit : "Comment chanter ?" Laisse ton coeur chanter Nous avons dit Puis le pauvre chardon mort a dit : "Mais moi, comment vais-je danser ?" Nous avons dit : "Laisse ton coeur s'envoler au vent". Puis Dieu parla d'en haut : "Comment vais-je descendre de l'azur ?" Viens danser pour nous, ici, dans la lumière, avons-nous dit. Toute la vallée danse ensemble sous le soleil, Et le cœur de celui qui ne se joint pas à nous Est réduit en poussière, en poussière.

Laissez la terre me regarder, et bénisse-moi, pour l'instant je suis féconde et sacrée, comme les paumes et les sillons.

Le poète est un lourdeur de nœuds, et l'amour sans mots est un nœud, et il se noie.

Pour moi, la religiosité est ... le souvenir constant de la présence de l'âme.

Vous allez créer une beauté non pas pour exciter les sens mais pour donner une subsistance à l'âme.

J'ai une joie fidèle et une joie perdue. L'un est comme une rose, l'autre, une épine. Celui qui a été volé, je n'ai pas perdu.

Laissez l'éclat de mes enthousiasmes envelopper la pauvre cour et la classe nue. Que mon cœur soit une colonne plus forte et ma bonne volonté d'or plus pur que les colonnes et l'or des écoles riches.

Beaucoup de choses peuvent attendre. Les enfants ne peuvent pas. Aujourd'hui, leurs os se forment, leur sang est fait, leurs sens sont en cours de développement. Pour eux, nous ne pouvons pas dire «demain». Leur nom est aujourd'hui.

Love Beauty C'est l'ombre de Dieu sur l'univers

J'ai tout ce que j'ai perdu et je vais porter mon enfance comme une fleur préférée qui parfume ma main.

Beaucoup de choses dont nous avons besoin peuvent attendre. L'enfant ne peut pas. Il est maintenant le moment où ses os se forment, son esprit s'est développé. Pour lui, nous ne pouvons pas dire demain, son nom est aujourd'hui.

Ses oeuvres

Ses derniers livres