Comment les Allemands ont-ils pu permettre ou commettre des crimes de masse sans précédent, en particulier le génocide des Juifs d'Europe? Invoquer la haine raciale ne suffit pas. L'explication purement idéologique tourne à vide.Ce que démontre Götz Aly, au terme d'une enquête minutieuse dans les archives auxquelles il a pu avoir accès, c'est que le consensus entre les dirigeants du Reich et le peuple a eu pour clé... le confort matériel de l'Allemand moyen. La guerre la plus coûteuse de l'Histoire s'est faite avec un objectif:préserver le niveau de vie de la population.Bien loin de profiter à quelques dignitaires nazis seulement, le pillage de l'Europe occupée et la spoliation, puis l'extermination des Juifs, ont bénéficié au petit contribuable, soigneusement préservé de toute hausse d'impôts jusqu'à la fin de la guerre. Les Allemands, tous complices? C'est bien la thèse de ce livre incontournable de l'historiographie de la Shoah.

Comment Hitler a acheté les Allemands : le IIIe Reich, une dictature au service du peuple

La décision d'assassiner selon des critères spécifiques les enfants handicapés physiques et mentaux fut prise à l'été 1939, à la chancellerie de Hitler. Trois mois après, le Führer signait une autorisation pour protéger les médecins et le personnel médical associés au Programme d'euthanasie, plus connu sous le nom de code AktionT4, en référence à son adresse berlinoise. Plus tard, sur une idée de Heydrich, s'y ajouteront les délinquants placés en institution, les inaptes au travail, les personnes âgées. Dans la foulée, des installations de gazage seront mises en place, les premières du genre, en complément des injections létales. Des objectifs chiffrés étaient fixés, de l'ordre du millième de la population. À ce jour, on a dénombré 200 000 victimes. Mais tous les dossiers n'ont pas encore été ouverts.

Götz Aly revient ici sur cette page dramatique de l'histoire allemande. L'historien raconte son enquête dans un récit bouleversant où il redonne vie aux victimes, sans jamais perdre son fil : montrer la lente mise en place au sein d'une société avancée d'un eugénisme ordinaire. Les esprits les plus éclairés l'y avaient préparé. Au-delà des instigateurs directs de ce programme monstrueux - nombre de médecins continuèrent d'exercer dans l'après-guerre et les recherches de Götz Aly furent plusieurs fois entravées -, l'effacement des valeurs morales, l'absence de toute compassion, la peur sans nul doute, auront encouragé les autorités à poursuivre leurs plans, qui menèrent un jour à la Solution finale.

VO : Die Belasteten. « Euthanasie » 1939-1945. Eine Gesellschaftsgeschichte.

En couverture : Collection particulièreÉditeur original : S. Fischer Verlag, GMbh, Frankfurt am Main, 2013.

© Gotz Aly 2013.

© Flammarion, 2014, pour la traduction française.

Les Anormaux - Les meurtres par euthanasie en Allemagne (1939-1945)

La notion d'une société en bonne santé, de personnes capables capables de profiter de la vie, est apparue dans les segments libéraux, de la classe moyenne, de gauche et non religieux de la société. L'idée de l'euthanasie n'est venue ni de la droite radicale ni du coin conservateur. Il faisait et reste partie de l'ère moderne et de la pensée progressiste.

Une grande partie de la communauté universitaire s'implique de manière irréfléchie, produisant des quantités d'écrits stériles - consommant souvent des quantités incroyables de fonds publics - et servant de manuel d'instruction sur la manière de chasser les lecteurs et d'ignorer les perspectives historiques.

Il y a des enfants qui reconnaissent qu'ils ont un rôle spécial et qu'ils l'apprécient. Mais il y en a aussi beaucoup qui sentent qu'ils ne peuvent pas faire ce que les autres peuvent faire, et ils sont heureux d'être placés dans une école protégée. Cela dépend de leurs personnalités.

Une grande partie de la recherche sur l'ère nazie fait une science en s'éloignant de lui ou en évoquant ses démons. La vanité est que les gens étaient alors des monstres - comme s'ils étaient complètement différents des gens aujourd'hui.

Nous devons reformuler les normes morales. Les êtres humains doivent s'imposer des limites en ce qui concerne leurs actions et leurs désirs. Il y a une notion magnifique et très radicale dans la Bible: l'homme est fait à l'image de Dieu, peu importe à quel point il est malade, pauvre ou endommagé. Nous devons essayer de transposer cette maxime à notre image de soi laïque et constitutionnelle.

C'est un livre académique, et il est discuté dans le cadre des critères académiques. Les historiens allemands cultivent la soi-disant objectivité. Ils se persuadent qu'ils peuvent désactiver le subjectif et donc le trouble.

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