Horst Faas: 50 Ans de photojournalisme

Henri Huet: J'étais photographe de guerre au Viêtnam

Ce livre est dédié aux cent trente-cinq photographes de tous pays dont on sait qu'ils ont péri ou disparu alors qu'ils couvraient les guerres en Indochine, au Viêt-nam, au Cambodge et au Laos. Leur travail, rassemblé ici, évoque leur souvenir.
Entre l'apogée de la guerre des Français en Indochine dans les années cinquante et la chute de Phnom Penh et de Saïgon en 1975, on dénombre 135 photographes, toutes opinions politiques confondues, portés disparus ou ayant trouvé la mort. Ce livre est un hommage à ces hommes et à ces femmes, et dans bien des cas on y trouvera les dernières photos prises par eux. Horst Faas et Tim Page, deux photographes qui travaillèrent et furent blessés au Viêt-nam, ont rassemblé plusieurs milliers de photos faites par ceux qui furent tués. Leur recherche les a amenés à fouiller les archives d'Hanoi ainsi que celles d'agences occidentales. Dans certains cas les familles ont généreusement fourni l'accès à des dossiers privés où un énorme travail ignoré est resté caché pendant plus de 40 ans. Figurent sur la liste des morts certains des plus grands photographes du siècle, tels que Robert Capa et Larry Burrows, et d'autres qui ne travaillèrent au Viêt-nam que quelques jours avant d'y trouver la mort. Un certain nombre des photographes cambodgiens travaillant pour la presse occidentale furent exécutés. D'autres photographes, comme Sean Flynn et Dana Stone, ont disparu. Leur perte a inspiré à Tim Page d'entreprendre cet hommage. Il en résulte une série de photos dont l'ordre respecte la chronologie de la guerre et la transformation des paysages sereins du Cambodge et du Viêt-nam en vision cauchemardesque de désolation. Les clichés pris au plus fort des combats nous amènent à repenser non seulement au courage des photographes mais aussi à leur humanité au cœur de la brutalité de la guerre. Ces photographes avaient avec la guerre un degré d'inimité que les générations futures ne connaîtront peut-être pas. Cette intimité les mena à la mort. Ils nous ont légué leurs photographies.

Requiem. Par Les Photographes Morts Au Viet-Nam Et En Indochine

Lorsque vous êtes dans la situation militaire, vous ne pouvez pas prendre de photos la nuit à cause des lampes de poche. Donc, la nuit et par mauvais temps et par temps sombre, les caméras sont entrées dans la boîte de plaquage des poissons, qui était imperméable, et j'utiliserais mon esprit et j'essaierais de garder les citations là-bas et d'écrire de petites histoires.

Un appareil photo Leica est un appareil photo que nous pouvons garder les deux yeux ouverts. Vous pouvez rechercher l'œil libre qui ne regarde pas dans le viseur et dans toutes les directions. C'est comme vers l'arrière - et parfois aussi vers l'arrière, et vous pouvez chercher le viseur et voir votre image.

Pour obtenir la meilleure image d'un prisonnier capturé, vous devez l'obtenir comme il est capturé. L'expression qu'il porte est alors perdue pour toujours ... le mécanisme humain est remarquablement récupératif. Une demi-heure plus tard, les expressions ont disparu, les visages ont changé. La mère avec le bébé mort dans ses bras n'a plus l'air de chagrin, peu importe ce qu'elle ressent.

La guerre c'est l'enfer. Vous ne pouvez pas photographier une balle volante, mais vous pouvez capturer une véritable peur.

J'essaie d'exprimer avec la caméra ce qu'est l'histoire, pour arriver au cœur de l'histoire avec image. Au combat, je regarde les choses d'abord en termes de personnes, deuxième en termes de stratégies ou de victimes ... pour raconter une histoire, vous ne photographiez pas une centaine de civils morts pour prouver qu'il y avait une centaine de civils morts. Vous photographiez un civil mort avec une expression sur son visage qui dit, c'est ce que c'est que si vous êtes un civil mort au Vietnam.

Être au Vietnam et être autour d'une histoire majeure de l'époque a toujours été un grand coup d'adrénaline.

Je pense que les meilleures photos de guerre que j'ai prises ont toujours été faites lorsqu'une bataille se déroulait réellement - lorsque les gens étaient confus, effrayés et courageux et stupides et ont montré toutes ces choses. Lorsque vous regardez les gens directement au moment même de la vérité, tout est assez humain. Vous prenez une photo en ce moment avec toutes les erreurs, avec tout ce qui pourrait être déroutant pour le lecteur, mais c'est la bonne photo de combat.

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