Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Songe d'Eleuthère

La Trahison des clercs (1927) fait date dans l'histoire des idées au XX siècle. "Clercs" signifie ici "intellectuels", "les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison" et qui "ont trahi cette fonction au profit d'intérêts pratiques". Benda étudie ce dévoiement.

La trahison des Clercs - (*)

Suite et commentaire à La Trahison des clercs, le plus célèbre livre de Julien Benda, La Fin de l'éternel affirme de nouveau avec force ce que doit être un clerc : écrivains, savants ou philosophes, ce sont ceux qui se vouent à la recherche de la vérité, mais ne s'engagent jamais dans un parti, dans une action politicienne. Qui jamais n'acceptent de faire un mensonge, un seul mensonge, au profit d'une cause. Quelles que soient les circonstances historiques, il importe aux sociétés que certains hommes choisissent de penser. Et, ajoute Étiemble dans la préface écrite spécialement pour cette réédition : «Le clerc dit la vérité, prêche la justice, en toute liberté ; et la flicaille fait son métier : l'arrête, le torture, l'assasine.»

La fin de l'éternel

La France byzantine ou le triomphe de la littérature pure : Mallarmé, Gide, Valéry, Alain, Giraudoux, Suarès, les Surréalistes. Essai d'une psychologie originelle du littérateur

Appositions

La croix de roses - Précédé d'un dialogue d'Eleuthère avec l'auteur

Julien Benda ([bɛ̃da]), né le 26 décembre 1867 à Paris et mort le 7 juin 1956  à Fontenay-aux-Roses, est un critique, philosophe et écrivain français, principalement connu pour son ouvrage de 1927, La Trahison des clercs. Nommé pour le prix Goncourt et à quatre reprises pour le prix Nobel de littérature, il est dans les années 1930 une des figures les plus respectées des intellectuels antifascistes.

Nous ne demandons pas au chrétien de ne point violer la loi chrétienne ; nous lui demandons, s'il la viole, de savoir qu'il la viole.

Rien ne me semble plus douteux que la remarque d'Aristote selon laquelle il est probable que les arts et la philosophie ont été découverts à plusieurs reprises et à plusieurs reprises.

Depuis les Grecs, l'attitude prédominante des penseurs envers l'activité intellectuelle était de la glorifier dans la mesure où (comme l'activité esthétique), il trouve sa satisfaction en soi, en dehors de toute attention aux avantages qu'il peut se procurer. La plupart des penseurs auraient convenu avec le verdict de Renan que l'homme qui aime la science pour ses fruits commet le pire des blasphèmes contre cette divinité. Les Clercs modernes ont violemment déchiré cette charte. Ils proclament que les fonctions intellectuelles ne sont respectables que dans la mesure où ils sont liés à la poursuite d'un avantage concrète.

Et l'Histoire sourira de penser que c'est l'espèce pour laquelle Socrate et Jésus-Christ sont morts.

Les enseignants ... prêchent "la supériorité de l'intelligence"; Mais ils le prêchent parce qu'à leur avis, c'est l'intelligence qui nous montre les actions requises pour nos intérêts, c'est-à-dire exactement de la même passion pour la pratique.

La paix n'est possible que si les hommes cessent de placer leur bonheur en possession de choses "qui ne peuvent pas être partagées", et s'ils se soulèvent au point où ils adoptent un principe abstrait supérieur à leurs égoïsmes. En d'autres termes, il ne peut être obtenu que par une amélioration de la moralité humaine.

Autrefois, les dirigeants des États pratiquaient le réalisme, mais ne l'ont pas honoré. Avec eux, la moralité a été violée, mais les notions morales sont restées intactes. Le gouverneur moderne, en raison du fait qu'il s'adresse aux foules, est obligé d'être moraliste et de présenter ses actes comme un système de moralité.

On peut dire que l'Europe moderne avec des enseignants qui l'informent que ses instincts réalistes sont beaux, agit mal et honore ce qui est malade.

La vraie Clerc est Vauvenargues, Lamarck, Fresnel, Spinoza, Schiller, Baudelaire, César Franck, qui n'ont jamais été détournées de l'adoration à cœur unique du beau et du divin par la nécessité de gagner leur pain quotidien. Mais ces clercs sont inévitablement rares. La règle est que la créature vivante condamnée à lutter pour la vie se tourne vers des passions pratiques, et de là vers le sanctification de ces passions.

La paix, si jamais elle existe, ne sera pas basée sur la peur de la guerre, mais sur l'amour de la paix. Ce ne sera pas l'abstenance d'un acte, mais la venue d'un état d'esprit. En ce sens, l'écrivain le plus insignifiant peut servir la paix, où les tribunaux les plus puissants ne peuvent rien faire.

Les Clercs modernes ont créé dans la société dite cultivée un romantisme positif de dureté. Ils ont également créé un romantisme de mépris.

La paix, si jamais elle existe, ne reposera pas sur la crainte de la guerre, mais sur l'amour de la paix.

L'homme de la science, l'artiste, le philosophe est attaché à leurs nations autant que le laboreur et le marchand.

Le christianisme a exhorté l'homme à se fixer contre la nature, mais l'a fait au nom de ses attributs spirituels et désintéressés. Le pragmatisme l'exhorte à le faire au nom de ses attributs pratiques. Autrefois, l'homme était divin parce qu'il avait pu acquérir le concept de justice, l'idée de droit, le sens de Dieu; Aujourd'hui, il est divin parce qu'il a pu créer du matériel qui fait de lui le maître de la matière.

La paix n'est possible que si les hommes cessent de placer leur bonheur en possession de choses qui ne peuvent pas être partagées.

Les moralistes modernes vantent ... le culte de l'activité pratique au mépris de la vie désintéressée.

Le créateur qui accepte l'incognito est un objet contre nature.

Toute l'Europe, y compris Erasme, a suivi Luther.

J'irai plus loin et dirai que même si un examen du passé pourrait conduire à toute prédiction valide concernant l'avenir de l'homme, cette prédiction serait le contraire de rassurant.

La philosophie, qui a autrefois élevé l'homme à se sentir conscient de lui-même parce qu'il était un être pensant et de dire: «Je pense que donc je suis» ne prend en considération que dans cette humble région où il est confondu avec l'action).

Autrefois, les écrivains dénués de métier voulaient passer pour en avoir ; aujourd'hui ceux qui en sont farcis veulent nous faire croire qu'ils ne savent même pas ce que c'est. Tel est le progrès.

La paix, s'il existe jamais, ne sera pas basée sur la peur de la guerre mais sur l'amour de la paix.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Benda

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