L'oeuvre cinématographique de Lav Diaz est chevillée au corps du peuple philippin, pétrie des vicissitudes politiques qui secouent le pays, traversée par les conséquences des cataclysmes climatiques qui dévastent l'archipel.
Ses plans aux durées peu communes s'arriment aux destinées des opposants, des marginaux et des laissés pour compte. Accompagner les résistances, construire une mémoire collective, partager le temps de l'attente ou encore dessiner des tombeaux cinématographiques pour les disparus : les fresques tragiques de Lav Diaz s'érigent contre le silence, l'amnésie et le refoulement.
Cet ouvrage abondamment illustré vient combler une lacune. Il réunit les contributions de plusieurs critiques de cinéma ainsi que des entretiens inédits avec Lav Diaz.

Lav Dias : faire face

L'attribut romantique de mon travail ressemble beaucoup à la façon russe de créer des romans. Tolstoy, Dostoyevsky - Leur travail a tellement de lacunes. Mais pour le lecteur, vous ne pouvez pas effacer ces lacunes car elles sont importantes. Ils contextualisent toute la lutte. Mon cinéma est comme ça.

Je n'espérai pas voir ce jour-là, mais je sais que mon cinéma atteindra des Philippins. Je sais qu'ils l'embrasseront un jour. Cela va arriver. Je suis très sûr de ça. J'ai toujours confiance au cinéma. Je crois toujours que cela peut affecter le changement.

Il n'y a pas de frontière. Je marque mes films en tant que cinéma malais, mais c'est à peu près le cinéma. Tout ce que je fais concerne la lutte de l'humanité, donc il n'y a pas vraiment de frontière.

Même si je faisais de la pornographie, le traumatisme se présenterait, cependant. Ce sera toujours là parce que c'est mon Verité. C'est mon genre de récit, c'est mon genre de narration. Ce n'est pas du style; C'est juste là.

Je suis intéressé par la chose culturelle - la musique, puis finalement le cinéma. Je pense que cela fait partie de ma lutte en tant que travailleur culturel. Je ne suis pas dans la chose armée. Je ne peux pas être violent.

Il n'y a pas de frontière dans mes films. Vous pouvez vous voir dans ces histoires. C'est la meilleure chose à propos du pouvoir du cinéma. C'est très présent. Tout est là. Vous ne pouvez pas y échapper.

Je peux facilement aller en Amérique, ou je peux facilement m'échapper dans certains endroits en Europe avec des amis. Mais l'endroit pour moi est les Philippines. La lutte est là. Je ne peux pas y tourner le dos. C'est une responsabilité.

Je suis très fataliste dans la vie. Ce qui doit arriver arrivera. L'impératif pour moi est que je fais ma contribution pour mon peuple, pour ma culture. Je veux toujours faire des films pour eux. Je veux toujours faire des films qui confrontent nos difficultés.

"Philippin" est le côté espagnol de notre histoire. Les îles ont été nommées d'après le roi Felipe, nous sommes donc devenus connus sous le nom de Philippins. C'est une marque, c'est un nom. Mais nous sommes malais. Avant que les colonisateurs n'arrivent sur nos côtes, nous étions des Malais. Ma pratique concerne le fait d'être Malais - la lutte des Malais avant que nous ne devenions des Philippins.

Je fais des films et des festivals, des musées et des universités embrassent le travail. Il sera entendu. Cela va se produire parce que le cinéma est universel. Vous le créez, certaines personnes le remarqueront, certaines personnes le regarderont.

Quand j'essayais de créer ce soi-disant Lav Diaz Verité, c'est arrivé. À un moment donné, je suis devenu très à l'aise avec le seul cadre, avec la seule prise. Ça vient d'arriver. Je ne l'ai pas prévu. Je cherchais ma propre esthétique, ma propre perspective, ma propre voix, et c'est arrivé.

Le cinéma est le plus grand miroir de la lutte de l'humanité. Vous voyez ce monde alternatif, mais vous en faites partie. Tout le monde en fait partie. C'est notre monde.

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