Dans ce vingt-septième Journaliers, Marcel Jouhandeau a quatre-vingt-cinq ans. Il veille toujours avec tendresse et admiration sur le petit Marc. Il vit un roman d'amour, le dernier, avec un jeune homme de vingt-six ans. Il pense à Dieu, lit Saint-Simon et les historiens romains, note des traits, des anecdotes, avec son art d'écrire qui est souvent l'art de surprendre.

Journaliers Tome 27

"Élise part de la maison la nuit pour se rendre à B., près de Dreux, sans savoir où elle va. On l'attendait, à cinq heures et demie, devant la gare Montparnasse. Léonine, son amie, ne la voyant pas, dit à l'employé chargé du contrôle : " Quand le train va partir, une espèce de folle va "s'amener". Laissez-la passer. Voilà son billet." En effet, au moment où la locomotive siffle, mon Élise fait son entrée et on la pousse dans un wagon à bestiaux où elle se trouve seule. A chaque arrêt, elle descend et gagne un compartiment plus rapproché d'une voix qui l'appelle à tue-tête : "Caria, Caria." A B., elles se sont rejointes et la promenade commence : plus de cinq kilomètres à pied. Enfin, le jour se lève, surprend les danseuses au milieu de la forêt, où Élise compose dans son cour son hymne au soleil."

MENAGERIE DOMESTIQUE

Dans ce quatrième volume de son Mémorial, Marcel Jouhandeau évoque particulièrement les garçons bouchers et les apprentis qui travaillaient dans la boutique et sous les ordres de son père. C'est un défilé plein de cocasserie et de tendresse que celui que composent les portraits de ces garçons pleins de sang, de dévouement et, parfois, de passion. 

Charles, le Grand Pompée, Athanase, Gaston, Titi, Antoine, autant de noms - autant d'êtres humains - qui sont entrés dans la littérature.

Apprentis et garçons

" Ce qu'il y a de plus beau, de plus désirable sans doute au monde, c'est l'impossible, l'invraisemblable dans la mesure où on les réalise, où on les vit.
" Les Eléments pour une éthique, comme chaque livre de Marcel Jouhandeau, ne sont pas ce qu'ils paraissent. On s'attend à recevoir une leçon de morale, et c'est une leçon de style qui nous est ici donnée. A soixante-sept ans, lorsqu'il publie ce texte (1955), Marcel Jouhandeau ne s'est pas résigné à une sagesse de circonstance. Vivre, nous dit-il, nous sermonne-t-il plutôt, tel un prêtre hérétique, implique des règles esthétiques autant que des principes éthiques.
Car mener une vie droite, c'est avant tout rester en quête du moment sublime, jouir de la " surprise d'exister ", c'est s'offrir un relais à l'Eternel. Dans une langue moins épurée que Bossuet ou La Rochefoucauld, Jouhandeau nous offre ici un bréviaire pour l'impossible.

éléments pour une éthique

C'est en 1938 que Marcel Jouhandeau, laissant la peinture de Chaminadour, ou les états d'âmes de Monsieur Godeau, se fait chroniqueur de sa vie avec sa femme Élise. Dans cet ouvrage, un de ses plus célèbres, l'auteur montre comment, depuis son mariage, il est privé de la solitude qu'il chérit. Mais, en même temps, il est plus seul que jamais. Il est nuit et jour en compagnie d'Élise et celle-ci le tient pour néant. Elle est toute à sa maison, à la comédie qu'elle se joue, à ses prêtres, à elle-même. On découvre, lâchée en liberté, une femme qui ne pactise avec rien, ne se laisse arrêter par rien , et ne fait que ce qui lui plaît, sans souci des convenances, des habitudes, des sentiments d'autrui, son mari tout le premier. Sincérité si absolue qu'elle arrive à se présenter sous deux aspects en même temps. Il y a un comique et un tragique d'Élise.

Chroniques maritales / elise

Léonora ou Les dangers de la Vertu a d'abord été le sujet d'une nouvelle parue aux Éditions de La Passerelle. L'auteur, s'étant aperçu qu'une tragédie était enveloppée dans son récit, l'en dégagea. Ses personnages, livrés à eux-mêmes, se mirent à parler et agir et le dénouement s'en suivit logiquement.Pour Jouhandeau, il n'y eut là que l'occasion d'un exercice de souplesse. La nouvelle étant sans reproche, le tour de passe-passe ne manquait pas d'adresse, mais l'absence de métier donna aux critiques l'occasion de dauber sur l'écrivain, quand sa pièce fut portée à la scène en 1963.Jamais le texte de Léonora n'a pu être lu intégralement. Après les confidences que Jouhandeau a faites sur ses émotions de dramaturge dans son XIIe tome des Journaliers, il sera bon sans doute de réviser le procès de Léonora.

Léonora ou Les dangers de la vertu

C'est en 1938 que Marcel Jouhandeau, laissant la peinture de Chaminadour, ou les états d'âmes de Monsieur Godeau, se fait chroniqueur de sa vie avec sa femme Élise.  Dans cet ouvrage, un de ses plus célèbres, l'auteur montre comment, depuis son mariage, il est privé de la solitude qu'il chérit. Mais, en même temps, il est plus seul que jamais. Il est nuit et jour en compagnie d'Élise et celle-ci le tient pour néant. Elle est toute à sa maison, à la comédie qu'elle se joue, à ses prêtres, à elle-même.  On découvre, lâchée en liberté, une femme qui ne pactise avec rien, ne se laisse arrêter par rien , et ne fait que ce qui lui plaît, sans souci des convenances, des habitudes, des sentiments d'autrui, son mari tout le premier. Sincérité si absolue qu'elle arrive à se présenter sous deux aspects en même temps. Il y a un comique et un tragique d'Élise.

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Sublime

Marcel Jouhandeau, né à Guéret (Creuse) le 26 juillet 1888 et mort à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) le 7 avril 1979, est un écrivain français.

On a son secret, dont on fait d'abord mystère à soi.

Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout.

Du moment que le bonheur, c'est de vivre, on doit le trouver aussi bien dans la douleur que dans le plaisir et parfois jusque dans l'ennui.

Le vrai blason de chacun, c'est son visage.

Vivre, c'est naître sans cesse. La mort n'est qu'une ultime naissance, le linceul notre dernier lange.

Aimer, c'est n'avoir plus droit au soleil de tout le monde. On a le sien.

La vieillesse ne me semble pas du tout le morne vestibule de la mort, mais comme les vraies grandes vacances, après le surmenage des sens, du coeur et de l'esprit que fut la vie.

On reconnaît la passion à l'interdit qu'elle jette sur le plaisir.

Il faut parfois avoir le courage de ne pas travailler, mais ce luxe n'est pas un devoir pour tout le monde.

On peut décréter et ressentir sa mort, sans attenter à sa vie. La mort est un état d'âme.

La passion et la folie ne sont qu'une autre forme du sommeil.

Vieillir, si l'on sait, ce n'est pas tout ce qu'on croit. Ce n'est pas du tout diminuer, mais grandir.

Le génie a des nonchalances, mais une prestesse de grand fauve. Le génie est une paresse attentive. On guette sans cesse et l'on trouve une fois par surprise.

Le niveau moral de notre vie n'a rien de commun avec la gravité ou la nature de nos fautes. C'est la manière de se comporter bien ou mal dans le mal aussi bien que dans le bien qui nous classe.

Etre un saint : rien de moins impossible. Il suffit de faire de l'humiliation, sa gloire.

L'instant n'a de place qu'étroite entre l'espoir et le regret et c'est la place de la vie.

On ne perd pas sa réputation aussi vite que sa vertu.

Le coeur a ses prisons que l'intelligence n'ouvre pas.

Ce n'est ni l'amitié ni la bonté qui nous manquent, mais nous qui manquons à l'amitié et à la bonté.

Un athée est un homme châtré du côté de l'âme.

Ceux qui nous aiment sont des indiscrets.

Le bonheur, c'est tout de suite ou jamais.

La moralité n'est bien souvent qu'une affaire d'éclairage et tu es le gardien de ton propre phare.

De la vérité l'homme n'est pas capable, aussi n'y a-t-il pas d'erreur plus grave que de croire la tenir.

On obtient le bonheur dans la mesure où on ne l'attend que de soi.

Le Mal, c'est ce qu'on ne peut se pardonner.

La meilleure façon qu'on ait de ramener toutes ses peines à leur juste valeur, c'est de se croire déjà passé.

Savoir aimer, c'est ne pas aimer. Aimer, c'est ne pas savoir.

La sincérité absolue ne peut conduire qu'à l'immobilité ou à la folie.

Rien n'est plus néfaste à l'amour que la moindre intimité.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Jouhandeau

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