Le destin de quelques textes est d'incarner un genre littéraire. Le Journal de Marie Bashkirtseff reste, depuis sa parution, un des grands classiques de la littérature autobiographique.D'une capitale l'autre, de villégiature huppée en ville d'eau, Marie Bashkirtseff, jeune peintre russe d'une grande beauté, tente de vivre, d'aimer, de laisser une oeuvre à la postérité. Paradoxalement, c'est son journal intime qui fera d'elle une des figures les plus touchantes de la Belle Epoque.
 Jamais une vie ne fut vécue avec plus de fièvre, plus de soif de vivre, écrivait Hugo von Hofmannsthal. Elle a le grand don de l'expérience, cette sensibilité vigoureuse et délicate à la séduction extérieure, par où l'enfant et l'artiste se rencontrent. Ses nerfs sans emploi répondent avec plus de vivacité, de force et d'originalité à chaque impulsion ; son âme souple et séduisante s'enflamme et brille, mais elle se brûle à sa propre flamme et à vingt-quatre ans, elle s'est consumée.

Journal de Marie Bashkirtseff

C'est bien ennuyeux que le petit prince soit si pauvre. Je puis compter sur 40 000 francs de rente tout de suite et lui 25 000, vous voyez que c'est maigre. Etre princesse de Bourbon me plairait assez, mais l'argent, la Fayet dit qu'il a 40 000 francs avec cela ce serait mieux et sa coquine de mère lui donnerait bien quelque chose en plus, et après sa mort on dit qu'il aura 200 000 francs de rente. Et puis on irait en Italie et on demanderait à cette infâme Marguerite et à cet excellent Humbert de donner suite au projet émis quelque temps avant la mort de Victor-Emmanuel de rendre une partie de leurs biens aux Bourbons de Naples. Le petit a trente-deux ans, une mâchoire qui paraît disloquée et des moustaches qui semblent balayer on ne sait quoi. Mais cela peu importe. Ecoutez, ce qu'il y a de plus horrible au monde c'est le mariage sans amour... Ce doit être épouvantable... dégradant, affreux. Pourtant si on l'accompagnait de 2 000 ou 300 000 francs de rente je m'y ferais parce qu'alors il y aurait le luxe qui... éloigne toujours un peu et toutes sortes de consolations mondaines. Quant à avoir un amant, il ne faut pas y songer avec un caractère comme le mien. Je serais si humiliée, si tourmentée, je souffrirais tant. La première moi ne dirait peut-être rien, mais la seconde, celle qui se souvient d'Epictète et qui ne ressent rien pour elle mais a mis tout son bonheur dans la première serait honteuse de faire mal. Et puis, je détesterais au lieu de l'aimer l'homme qui consentirait comme cela à manger dans la même assiette avec un autre.

Mon journal - Tome XI, 26 septembre 1877 - 22 juin 1878

Mon journal. - 10, 24 février 1877 - 25 septembre 1877

Il est probable que je ne reverrai plus Tchernakowka. Longtemps j'ai erré de chambre en chambre et cela m'a été vraiment bien doux. On se moque des gens qui trouvent des souvenirs, des douceurs dans les meubles et les tableaux, qui leur disent bonjour, adieu, qui voient comme des amis dans ces morceaux de bois et d'étoffe qui à force de vous servir et d'être sous vos yeux prennent une parcelle de votre vie et semblent une parie de votre existence. Moquez-vous ! Les sentiments les plus subtils sont le plus facilement ridiculisés. Et où la moquerie règne la suprême finesse du sentiment disparaît.

Mon journal - Tome IX, 17 août 1876 - 3 février 1877

En mars 1884, Marie Bashkirtseff et Guy de Maupassant nouent une brève relation épistolaire. Pleines d'esprit, les lettres de la jeune femme suscitent chez l'écrivain le désir d'une rencontre. Marie Bashkirtseff résiste. Maupassant s'irrite : leur dialogue prend bientôt l'aspect d'une joute savoureuse, dont Martine Reid restitue ici les épisodes et le contexte.
Cette édition est illustrée d'œuvres de Marie Bashkirtseff, artiste peintre de talent, auteur d'un journal fameux, morte à l'âge de vingt-trois ans, quelques mois après son échange épistolaire avec Maupassant.

Correspondance

D'une capitale l'autre, de villégiature huppée en ville d'eau, Marie Bashkirtseff, jeune peintre russe d'une grande beauté, tente de vivre, d'aimer, de laisser une oeuvre à la postérité. Paradoxalement, c'est son journal intime qui fera d'elle une des figures les plus touchantes de la Belle Époque. «Jamais une vie ne fut vécue avec plus de fièvre, plus de soif de vivre, écrivait Hugo von Hofmannsthal. Elle a le grand don de l'expérience, cette sensibilité vigoureuse et délicate à la séduction extérieure, par où l'enfant et l'artiste se rencontrent. Ses nerfs sans emploi répondent avec plus de vivacité, de force et d'originalité à chaque impulsion; son âme souple et séduisante s'enflamme et brille, mais elle se brûle à sa propre flamme et à vingt-quatre ans, elle s'est consumée.»

Journal

Journal. 26 Septembre 1877-21 Decembre 1879

Marie, jeune peintre atteinte de tuberculose, nous livre son journal. 1 femme / 1 h

Mademoiselle Marie - [Pébrac, Festival de poésie du Haut-Allier, 8 septembre 1989

Je suis né pour être une femme remarquable; Cela importe peu de quelle manière ou comment. ... Je serai célèbre ou je mourrai.

Dire que mon chagrin sera éternel serait ridicule - rien n'est éternel.

Ceux qui ne voient que ce qu'ils souhaitent voir chez ceux qui les entourent ont beaucoup de chance.

Vivre, avoir autant d'ambition, souffrir, pleurer, combattre et, à la fin, oublie ... comme si je n'avais jamais existé.

L'art... est autant une source de bonheur pour le débutant que pour le maître. On oublie tout dans son travail.

J'ai envie de tout voir, de tout savoir, pour tout apprendre !.

Je suis le livre le plus intéressant de tous.

L'art consiste juste à nous faire avaler les lieux communs en nous charmant éternellement.

Quand on manque une opportunité, on est susceptible de sachez qu'un autre ne se présente jamais.

L'art consiste précisément à nous faire admirer de vieilles histoires, à nous en charmer éternellement, comme la nature en charme de son soleil éternel, de sa terre antique et de ses hommes bâtis tous sur le même modèle, et tous animés des mêmes sentiments.

Pour une femme qui connaît son propre esprit, les hommes ne peuvent être qu'une considération mineure.

Une vie ne suffirait pas, la mienne surtout. Pour tout toucher et ne rien laisser après soi! Ah! mon Dieu! J'espère mieux que ça. Ah! Je suis très lâche, et sous le coup d'une telle terreur, je suis prêt à croire aux prêtres.

Aimons les chiens; Aimez-nous seulement les chiens! Les hommes et les chats sont des créatures indignes.

Le temps est le plus terrible, le plus décourageant, le plus invincible de tous les obstacles, et qui peut exister quand aucun autre ne le fait.

La vie, c'est Paris! Paris, c'est la vie!

Quand je mourrai, ma mort sera causée par l'indignation à la stupidité de la nature humaine.

Je veux vivre plus vite, plus vite, plus vite! ... Je crains que ce désir de vivre toujours à haute pression soit le présage d'une courte existence. Qui sait?

... Je n'aimerai jamais, car je ne devrais jamais être aimé comme je désire être aimé.

Rien n'est toujours aussi bon ou si mauvais en réalité que dans l'anticipation.

Ses oeuvres

Ses derniers livres