La deuxième épée est le récit d'une expédition vengeresse en solitaire, longuement mûrie mais toujours retenue. Tout au long d'une journée et jusqu'au lendemain matin, nous suivons à travers "l'Île-de-France, pays en soi, île-pays", en passant par Port-Royal-des-Champs, un homme dans ses préparatifs de meurtre vers l'endroit où aura lieu la vengeance de sa mère insultée publiquement par une autre femme. 

"Meurtrier je me sentais et me savais né. mais nullement vengeur." 

Sur le chemin, tout est possibilité de diversions, de bifurcations mais aussi de "Zeitnot", la sensation d'urgence. elle surgissait sans cause, par derrière. En général, elle ne faisait que m'effleurer, pour me libérer aussitôt, chassée comme sorcière par la contre-magie de la raison." 

Toute la vie par les chemins interdits. Et maintenant dans la vallée de la mort. Hors la loi. Contre la loi. Et que cela me semblait juste !"

Mais y arrivera-t-il ? 

"Et soudain la boule roula, les billes roulèrent - dans une tout autre direction que celle envisagée au début de cette histoire." 

Ce nouveau récit de Peter Handke condense la force littéraire de l'écrivain autrichien. Par une attention exceptionnelle portée aux détails du monde réel, La deuxième épée déploie une poétique de l'instant et offre une lecture qui suspend le temps.

La deuxième épée - Une histoire de mai

Un homme de la quarantaine, héritier d'une lignée d'émigrés slovènes en Carinthie, "raconte" le voyage qui l'a mené, à vingt ans, sur les traces de son frère disparu en Yougoslavie. De l'Autriche au golfe de Trieste, par les vallées, les tunnels, les voies ferrées et les autocars, cette "montée" au centre du Karst est aussi un voyage initiatique que rythment les images, les barres horizontales et verticales, notamment, de ces anciens parcs et passages à bestiaux préfigurant les stries de l'écriture. Car c'est au fond d'une entrée dans la vie qu'il s'agit, dans la Vie majuscule : d'une éducation scripturale qui permet au narrateur de traverser, au lieu des miroirs, les fenêtres aveugles. De l'exil vers le Royaume, vers l'identité du Récit, de l'Écriture, plus cristalline que jamais.

Le recommencement

« Joue le jeu. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n’aie pas d’intentions. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Implique-toi et méprise la victoire. N’observe pas. N’examine pas, mais reste prêt pour les signes ».C’est par ces mots, reprenant la célèbre invitation faite dans le poème dramatique Par les villages, que Peter Handke a ouvert son discours de réception du Nobel. Il nous invite à entrer pleinement dans sa poétique, décrite de façon très personnelle et souvent au moyen d’anecdotes venues de l’enfance. Ce discours prend ainsi des allures d’autobiographie littéraire et livre un portrait étonnant, presque intime, du grand écrivain autrichien.

Conférence du Nobel

Dans le dernier volet du polyptyque qu'il consacre à l'exploration littéraire de notre quotidien (après Essai sur le Lieu Tranquille, Essai sur la journée réussie, Essai sur le juke-box et Essai sur la fatigue), le grand écrivain autrichien narre la vie d'un ami «fou de champignons» et transforme le coeur des forêts en lieu d'enchantement.
Peter Handke atteint un degré de sensibilité et de précision, une attention au détail qui n'ont que peu d'équivalents dans le paysage littéraire contemporain. Assis à sa table, muni d'un crayon, il mue ses pérégrinations à la périphérie de nos existences urbaines en campagnes d'observation et poursuit rigoureusement le mot juste.
À la recherche du miracle dans le profane, de ces moments d'exaltation intense où les choses simples se révèlent étincelantes, Peter Handke fait émerger l'utopie du plus ténu.

Essai sur le fou de champignons ; une histoire en soi

Les personnages de cette pièce de Peter Handke, ce sont les comédiens eux-mêmes, les acteurs qui l'interprètent : individus - et non stéréotypes - qui s'interrogent sur leurs rapports avec leur vie, leur métier, les problèmes de la création, l'intervention du concret... Jusqu'à ce qu'ils finissent comme pétrifiés après l'irruption d'une comédienne jouant le rôle d'une femme de ménage, mais qui porte dans ses bras un bébé hurlant : ils étaient déjà morts et ils l'ignoraient, de même que le cavalier d'une ballade célèbre en Allemagne tombe foudroyé lorsqu'il s'entend dire que ce lac de Constance dont il cherchait à atteindre la rive, il vient d'en traverser sans le savoir la surface gelée.

La chevauchée sur le lac de Constance

«Une journée peut être vaste comme le monde, longue comme le temps même, elle se dispose alors, à son rythme, selon sa propre ligne de beauté et de grâce, comme sur une gravure de Hogarth, ce peintre anglais du XVIII? siècle. Mais la réussir c'est réinventer toute la poésie du monde et faire que l'histoire n'ait pas été, comme au premier jour. Cette journée réussie toujours en suspens, on ne cesse de la voir en filigrane à travers toutes les autres. Les faits, les choses vues les plus minimes, conduits par une sorte d'émerveillement franciscain, retrouvent l'immensité perdue qui les a fait naître. Ils sont pourtant à tout instant menacés de se perdre. C'est entre Saint-Cloud et le Val d'Or, dans le virage du R.E.R. au-dessus de Paris, que le monde peut aussi bien se déployer que se défaire.Avec ce livre, se clôt le triptyque inauguré par l'Essai sur la fatigue et continué par l'Essai sur le juke-box.»G.-A. G.

Essai sur la journee reussie

Poème à la durée

La mère de l'auteur s'est tuée le 21 novembre 1971, à l'âge de 51 ans.
 Quelques semaines plus tard, peter handke décide d'écrire un livre sur cette vie et ce suicide.  simple histoire, mais qui contient quelque chose d'indicible.  histoire d'une vie déserte, oú il n'a jamais été question de devenir quoi que ce soit.  vie sans exigence, sans désirs, oú les besoins eux-mêmes n'osent s'avouer, sont considérés comme du luxe. 
A trente ans, cette vie est pratiquement finie.  et pourtant, lorsqu'elle était petite fille, cette femme avait supplié "qu'on lui permette d'apprendre quelque chose ".

Le malheur indifferent

Peter Handke (prononcé en allemand : [ˈpeː.tɐ ˈhant.kə]), né le 6 décembre 1942 à Griffen (Carinthie), est un écrivain, dramaturge, scénariste, réalisateur et traducteur autrichien.
Il est lauréat du prix Nobel de littérature 2019.

Un artiste n'est qu'une personne exemplaire si vous pouvez voir dans ses œuvres comment se passe la vie.

Quand l'enfant était enfant, il ne savait pas que c'était un enfant, tout était émouvant et que toutes les âmes étaient une.

Je ne peux pas me définir. Et je suis vraiment content de cela, que je ne suis pas en mesure de faire une définition de, même de mon travail.

Votre visage est si doux - comme si vous aviez sans cesse conscience de ce qu'il nous faut mourir.

Etre seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit : on devient inconsistant.

Je n'aime pas l'intrigue. Je ne suis pas un homme d'intrigue.

J'ai écrit sur mon voyage à travers le pays de la Serbie exactement comme j'ai toujours écrit mes livres, ma littérature.

Être seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit : on devient inconsistant.

Personne ne peut faire confiance qui n'est pas ravi de lui au moins de temps en temps.

La moralité est le moindre de mes préoccupations. Pour moi, la moralité dans une société qui - aussi morale sa pose - est organisée hiérarchiquement est simplement un mensonge, un alibi pour les inégalités qui existent dans la société.

Ma place est en Serbie si les criminels de l'OTAN bombment.

Le soi-disant monde sait tout sur Slobodan Milosevic. Le soi-disant monde connaît la vérité. Mais je ne connais pas la vérité. Mais je regarde. Je me sens. Je me souviens. Je remets en question.

L'homme dont je rêve sera celui qui aime en moi la femme qui ne dépend plus de lui.   -Et qu'aimerez-vous en lui ? - Cette sorte-là d'amour.

Je suis un écrivain. Je suis enraciné à Tolstoï, je suis enraciné dans Homer, je suis enraciné dans Cervantes.

Je suis un écrivain classique conservateur.

La plupart des personnes âgées ne parlent pas du passé, donc ils n'auront pas à admettre que leur vie a couru sur le mauvais rail.

La plus grande réussite est de créer le silence. Je pense que chaque véritable écrivain qui a la passion de rendre justice au monde pense de cette façon.

J'ai écrit sur les Serbes, car personne n'écrivait à leur sujet, même si je pense aussi aux victimes croates et musulmanes.

Je ne lis pas mes propres livres, mais parfois s'il y a une nouvelle édition, je l'ouvre et que je pense que cette vie d'un écrivain n'était pas si désespérée, pas si mal.

L'histoire de Don Juan ne peut avoir aucune fin, et c'est, sur ma parole, l'histoire définitive et vraie de «Don Juan».

Je ne pouvais pas dire qui je suis, je n'ai pas la notion la plus reculée de moi-même; Je suis quelqu'un sans antécédents, sans histoire, sans pays, et sur ce que j'insiste!

Il existe de nombreux types de vérité. Mais la vérité communiquée par la beauté est la seule pure. Le seul qui me touche dans le cœur.

Vous ne pouvez pas vous taire et créer un silence dans le silence. Vous devez donc créer le silence ou, plutôt, l'effet du silence, à travers les mots.

Bien sûr, cela me dégoûterait de dire à quiconque comment vivre.

Nous nous comportons comme si le fait d'être seul était un problème.

Je ne suis pas un gagnant. Ma nature n'est pas la nature d'un gagnant.

Nous, les Américains, avons été éduqués à toujours voir la nature avec un frisson moral. Sous chaque coup d'oeil sur un cañon, il pourrait y avoir une phrase de la Constitution des États-Unis .

Si une nation perd ses conteurs, il perd son enfance.

Lors de mes voyages, je n'ai pas vu le moins la Serbie comme une terre de paranoïaques - bien plus comme l'énorme pièce d'un enfant orphelin, oui, un enfant orphelin et abandonné.

Quand une nation perd ses conteurs, elle perd ses enfants.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Handke

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