Joaquin Torres-Garcia - The Arcadian Modern

" Mes Deux Mondes, c'est l'histoire d'un écrivain en visite dans une ville du Brésil. Parcourant son parc emblématique, il voit dans cet espace à la dérive des signes de sa propre incomplétude, la preuve cosmique que "de même que nous ne choisissons pas le moment de notre naissance, nous ignorons les mondes changeants que nous allons habiter". Cette longue promenade, menée par une prose aux phrases parfois ahurissantes, nous ramène au souvenir d'auteurs remarquables comme Sebald, Saer et Aira. Puis, nous réalisons que Chejfec ne ressemble à personne, qu'il a choisi son propre chemin, insolite et unique. Il semble appartenir à cette race d'écrivains apparue il y a bien longtemps, au temps où Proust méprisait une littérature réduite à un défilé cinématographique des choses ". Enrique Vila-Matas

Mes deux mondes

S'étirant de la Terre de Feu (et de glace), où s'aventura naguère un certain Magellan, au sud du Brésil, de la Cordillère des Andes à l'océan Atlantique, l'Argentine est ce jeune pays de deux cents ans où survit encore le mythe américain de la terre promise, de la terre d'exil pour de nombreux Européens. C'est le pays des pampas à perte de vue, jusqu'à la Patagonie, des "gauchos", ces fiers gardiens de gigantesques troupeaux, du tango, cette danse nerveuse pratiquée sur les bords du rio de la Plata, le fleuve d'argent, où hommes et femmes se toisent fiévreusement. C'est le siège d'une capitale, Buenos Aires, à l'architecture et à l'atmoi hère européennes, comme le fut en son temps New York. De grands écrivains ont surgi de ce pays devenu éminemment littéraire de par son apport au boom latino-américain, jusqu'aux années de plomb de la didature (1976-1983). Dans ce recueil, au ton tantôt grave tantôt léger, tantôt cru tantôt pudique, une nouvelle génération d'écrivains perpétue, à l'ombre du grand aîné Jorge Luis Borges, et dans la langue de Cervantès importée par les Conquistadors, une histoire littéraire argentine exigeante, originale et forte.

Nouvelles d'Argentine

Je trouve que, pour moi, c'est ce concept de vie empruntée ou construite, la vie en prêt, qui m'amène à écrire. C'est similaire à parler de la littérature. Je l'aime, et puis je n'aime pas ça. Il a une telle veine de prétention, parce que vous ne parlez pas de vraies choses. Il y a une prétention littéraire faite de parler et de passer tant de temps à des personnes irréelles. Et il semble maintenant impossible de créer un caractère sans prétention et totalement organique.

À un moment donné, j'ai ressenti une tension entre les objets, leur vie réelle et physique et l'idée de sens: la réalité physique et matérielle d'un livre et l'expérience totalement intangible de la lire.

Nostalgie pour les gens, les cultures, tout. Il y a une capacité à utiliser ces marques pour noter des choses qui sont effacées, supprimées. Les traces sont une espèce d'histoire, de preuves. C'est une façon pour la façon dont le narrateur construit un semblant de soi, même si tout cela crée une tromperie, un moyen de considérer ses traces comme un véritable moyen de se définir. La trace est faillible, impermanente. C'est l'un des motifs que j'avais en tête tout au long du texte.

Un mot, et toutes les fluctuations infinies qu'il peut avoir. Comme ce moment où tu sais que tu as quelque chose à dire, et tu sais que tu parles, même, mais tu n'as toujours aucune idée de comment tu vas le dire. Ou le moment où, en tant que lecteur, vous lisez, et vous comprenez ce que vous lisez, mais n'avez toujours aucune idée de ce qui vous attend ensuite, de ce que l'auteur veut précisément dire. Pour moi, c'est le niveau ultime de profondeur littéraire, de densité littéraire.

Comme lorsque vous prenez un livre et que vous ne réalisez pas de quel type de texte il s'agit - cela pourrait être un essai, un roman, une biographie - et à un moment donné, vous vous rendez compte que vous ne savez pas où, en tant que lecteur, vous veut être. Où allez-vous avec ce texte? Quel est l'objectif? Comment êtes-vous censé interpréter ce que vous lisez? Et les réponses des gens varient - certains ne l'aiment pas et sont découragés par la confusion, le manque de compréhension.

Ce que je trouve, c'est que plusieurs fois lorsque je travaille avec le hasard, avec l'indétermination, je suis plus ouvert à l'expérience, moins sujet à un processus fixe, et je pense que cela crée un défi très important. Il crée une façon d'écrire qui est, en quelque sorte, plus plate ou lisse, une surface propice à la libération, au mouvement. Et de cette manière, la forme d'écriture est délicieusement fusionnée avec le processus d'écriture.

Lorsque j'utilise un nom ou un endroit, je veux laisser le lecteur ouvert à la cascade de détermination qu'elle peut provoquer. Et je ne sais pas, mais je dois mentionner le nom Borges. J'essaie de le mentionner dans chacune de mes œuvres. C'est une marque, un timbre, une sorte d'hommage à Argentinidad. Mais c'est un hommage qui fonctionne à travers des phrases PAT, ces images de stock qui peuplent son travail: la nuit, les labyrinthes, les bibliothèques. Autrement dit, je ne veux pas simplement rendre hommage à Borges, mais plutôt le contraire: rappeler ses lieux communs.

Pendant longtemps, nous supposons que nous savons qui nous sommes, jusqu'au moment où nous réalisons pleinement qui c'est; À ce moment-là, l'identité n'est plus prévisible, mais prend plutôt la forme d'une vérité qui, comme les autres, peut devenir une phrase avec un changement de perspective.

L'identité est progressive, cumulative; Parce qu'il n'est pas nécessaire qu'il se manifeste, il se montre par intermittence, la façon dont une étoile laisse entendre le pouls de son être au moyen de sa lumière vacillante. Mais à quel moment de cette oscillation, notre véritable moi-même se manifeste-t-il? Dans l'obscurité ou le scintillement?

Nous pouvons parler de politique, d'éthique et de cette manière, de parler du monde. Mais en même temps, c'est toujours d'une manière qui est totalement nébuleuse et abstraite, cette façon de penser la réalité. Et c'est pourquoi j'écris comme je le fais - c'est une façon presque immortelle de montrer la dépendance à l'égard des parties biologiques, politiques, morales de nous. Je dis immortel parce que nous devons maintenant trouver de nouveaux formats, de nouvelles éloquences et résoudre en nous-mêmes cette vie "construite", une vie incomplète, imparfaite.

Pour ne pas dire que le processus assume quoi que ce soit d'une importance "plus grande" ou "moindre", cependant: c'est juste plus d'informations graphiques. Prenez les surréalistes, par exemple, ou une œuvre de Cage. Pour moi, il y a une grande valeur à le faire avec la littérature. Il y a une certaine forme de dépendance; Le processus et le produit s'en informent, dépendent les uns des autres. Je me considère comme un écrivain qui n'écrit pas avec un style, presque. Je commence par la tension, avec une ambiance, un personnage.

La promenade est comme une matrice, comme un événement diffus et vague. C'est comme - Imaginez une pièce de théâtre, une œuvre de théâtre, qui est totalement vague, presque dépourvue de détails qui consiste en une seule personne en promenade. Et en conséquence, il existe une tension nécessaire entre la détermination et l'indétermination, la possibilité définie et indéfinie.

J'aime comparer les premières expériences d'Internet - la fortuité, l'occasion - avec la réalité, avec l'expérience, par exemple, d'être dans une ville que vous ne connaissez pas. Plusieurs fois - et je ne sais pas si je peux défendre totalement cet argument - j'ai découvert que la façon dont on vit le monde et la vie quotidienne, nous avons constamment affaire à ces perceptions. Et il semble que cela fonctionne, cette perception superficielle de la détermination, mais c'est complètement ridicule.

Il faut se distancier de l'idée d'un réalisme strict. Il me semble que la vraie nature n'existe plus, cette idée de «le sauvage». C'est pourquoi j'aime les parcs et pourquoi j'ai choisi de les utiliser dans mon travail - ils sont au-delà de la nature. Je vois la nature comme une ressource.

Les romans avec une "thèse" ne m'intéressent pas. Ils ne le font pas - des romans qui veulent "montrer" quelque chose, qui veulent "argumenter" quelque chose de spécifique. Je ne lis pas de romans qui cherchent à me convaincre de quoi que ce soit.

Je ne lis pas de romans qui cherchent à me convaincre de quoi que ce soit. Je crois que la littérature doit être une machine d'illusions.

Dans les premiers jours d'Internet, le mot «navigation» y avait enraciné. Il y avait vraiment une sensation du cyber-flâneur, car vous n'auriez vraiment aucune idée où vous finiriez. Vous vous retrouvez sur des pages qui n'avaient rien à voir avec ce que vous vouliez, des expériences totalement imprévues. Vous avez dû connecter les points, connecter les colis de votre expérience. C'était totalement ouvert au hasard.

Pour moi, c'est un moyen de trouver une fiction dans une fiction. Pour trouver un moyen de découvrir cette erreur dans le «mensonge», car lorsque vous regardez de plus près, chaque «mensonge» - et je dis que avec des guillemets - peut être beaucoup plus compliqué. Parce que c'est ce qu'est la fiction: c'est probablement la chose la moins importante au monde. Il est riche, mais il est mis en place, il passe le temps. Il emprunte au monde, mais il ne l'invente pas.

Pour moi, les parcs sont bons quand tout d'abord, ils ne sont pas impeccables, et lorsque la solitude les a appropriés de telle manière que la solitude elle-même devient un emblème, un trait déterminant pour les marcheurs, au mieux sporadique, qui à mon avis devrait être irrévocable Perdu ou absorbé dans la pensée, et un peu confus aussi, comme lorsque l'on marche dans un espace qui est à la fois étranger et familier.

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