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Campagne

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Campagne

Poésies de la collection campagne

    Raymond Queneau

    Raymond Queneau

    @raymondQueneau

    Campagne Le vent marcheur l'hirondelle qui ne se lasse les bourrées de jonc rare les blés qui dépassent les têtes des avoines noires ou d'hiver la blancheur des ciments les cailloux de la route les libellules les vain» papillons divers la machine en sommeil les dévoreurs de croûtes les buveurs de vins vieux les errants de toujours composent en gradins l'ordre mystagogique des souvenirs naissants délaissés tout le jour et reformant la nuit leurs rangs hypnagogiques

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Midi au village Nul troupeau n’erre ni ne broute ; Le berger s’allonge à l’écart ; La poussière dort sur la route, Le charretier sur le brancard. Le forgeron dort dans la forge ; Le maçon s’étend sur un banc ; Le boucher ronfle à pleine gorge, Les bras rouges encor de sang. La guêpe rôde au bord des jattes ; Les ramiers couvrent les pignons ; Et, la gueule entre les deux pattes, Le dogue a des rêves grognons. Les lavandières babillardes Se taisent. Non loin du lavoir, En plein azur, sèchent les hardes D’une blancheur blessante à voir. La férule à peine surveille Les écoliers inattentifs ; Le murmure épars d’une abeille Se mêle aux alphabets plaintifs… Un vent chaud traîne ses écharpes Sur les grands blés lourds de sommeil, Et les mouches se font des harpes Avec des rayons de soleil. Immobiles devant les portes Sur la pierre des seuils étroits, Les aïeules semblent des mortes Avec leurs quenouilles aux doigts. C’est alors que de la fenêtre S’entendent, tout en parlant bas, Plus libres qu’à minuit peut-être, Les amants, qui ne dorment pas.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    L’odeur des vignes L’odeur des vignes monte en un souffle d’ivresse : La pesante douceur des vendanges oppresse Parmi la longue paix des automnes sereins. Voici le champ, meurtri par les longues cultures, L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres, Comme une femme offrant l’opulence des seins. Un spectre de Bacchante erre parmi les treilles, Sa rouge chevelure et ses lèvres vermeilles, Ses paupières de pourpre aux replis somptueux, Brûlent du flamboiement des anciennes luxures, Et, dévoilant sa chair aux sanglantes morsures, Elle chante à grands cris le vin voluptueux. Les baisers sans amour sur les lèvres stupides, Les regards vacillants dans le fond des yeux vides Sortiront, enfiévrés, de l’effort du pressoir. L’air se peuple déjà de visions profanes, De festins où fleurit le front des courtisanes… Les effluves du vin futur troublent le soir… L’odeur des vignes monte en un souffle d’ivresse : La pesante douceur des vendanges oppresse Parmi la longue paix des automnes sereins. Voici le champ, meurtri par les longues cultures, L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres, Comme une femme offrant l’opulence des seins.

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    Régis Boury

    @regisBoury

    Campagne Une campagne était ici Avec des arbres et des fleurs Des animaux des rivières Des amoureux s'embrassant Des enfants. Une campagne fut ici Quatre saisons mille odeurs Au rythme du vin des prières Des moissons des chiens chassant Des enfants. ... La campagne ? Pas ici ! Suivez ces automobiles Qui traversent la ville, Là-bas, peut-être... A l'infini. 19 avril 1983

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    Régis Boury

    @regisBoury

    Ce chemin qui glisse Avant que cette chère vie finisse Prenons, si tu veux, ce chemin qui glisse Par là au-devant de nous, musardons, Au fil du beau printemps en ses chardons ; Un chêne ombrageux offrira fraîcheur A nos âmes assoupies, quand l'été Plombera une truite et son pêcheur Sur la rivière alanguie, éclatée. Que de joie, ce grand cri de la nature ! Sous ce vaste ciel que rien ne sature, Rêvons un peu, étendus sur la mousse, A l'eau de fontaine qui coulera douce. Aant que ne s'enfuit ce lâche jour Pâli, nous annonçant déjà l'automne, Rentrons vite abriter sous l'abat-jour Rassurant notre regard bleu qui tonne. 19 mars 1998 zadig 92000

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    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Tu te chaufferas au feu du paysan – Tu te chaufferas au feu de paysan ? – Je me chaufferai au feu de paysan. – Tu auras de vieilles lampes à pétrole ? – Je les aurai. – Un jardin de curé ? – Un jardin de curé. – Et un pot de basilic ? – Et deux pots de basilic. Et ta pitié pour moi et ma pitié pour toi.

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    La solitude Solitude … Pour vous cela veut dire seul, Pour moi – qui saura me comprendre ? Cela veut dire : vert, vert dru, vivace tendre, Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul. Mot vert. Silence vert. Mains vertes De grands arbres penchés, d’arbustes fous ; Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous, Pieds de cèdres âgés où se concertent Les bêtes à Bon Dieu ; rondes alertes De libellules sur l’eau verte… Dans l’eau, reflets de marronniers, D’ifs bruns, de vimes blonds, de longues menthes Et de jeune cresson ; flaques dormantes Et courants vifs où rament les « meuniers » ; Rainettes à ressort et carpes vénérables ; Martin-pêcheur… En mars, étoiles de pruniers, De poiriers, de pommiers ; grappes d’érables. En mai, la fête des ciguës, Celle des boutons d’or : splendeur des prés. Clochers blancs des yuccas, lances aiguës Et tiges douces, chèvrefeuille aux brins serrés, Vigne-vierge aux bras lourds chargés de palmes, Et toujours, et partout, fraîche, luisante, calme, L’invasion du lierre à petits flots lustrés Gagnant le mur des cours, les carreaux des fenêtres, Les toits des pavillons vainement retondus… Lierre nouant au front du chêne, au cou du hêtre, Ses bouquets de grains noirs comme un piège tendu À la grive hésitante ; vert royaume Des merles en habit – royaume qui s’étend Ainsi que dans un parc de Florence ou de Rome En nappes d’émeraude et cordages flottants… Lierre de cette allée au porche de lumière Dont les platanes séculaires, chaque été, Font une longue cathédrale verte – lierre De la grotte en rocaille où dorment abrités Chaque hiver, les callas et les cactus fragiles ; Housse, que la poussière blanche de la ville Givre à peine les soirs de très grand vent – pour moi, Vert obligé des vieilles pierres, Des arbres vieux, des toits qui penchent, des vieux toits – Un château ? Non, Madame, une gentilhommière, Un ermitage vert qui sent les bois, le foin, Où les bruits de la route arrivent d’assez loin Pour n’être plus qu’une musique en demi-teintes. Un train sur le talus se hâte avec des plaintes, Mais l’horizon tout rose et mauve qu’il rejoint Transpose le voyage en couleurs de légende. On regarde un instant vers ces trains qui s’en vont Traînant leur barbe grise – et c’est vrai qu’ils répandent Un peu de nostalgie au fil de l’été blond… Mais le jazz des moineaux fait rage dans les feuilles, Les pigeons blancs s’exaltent, le cyprès Est la tour enchantée où des notes s’effeuillent Autour du rossignol. Du pré, Monte la fièvre des grillons, des sauterelles, Toutes les herbes ont des pattes, ont des ailes – Et l’Âne et le Cheval 2 de la Fable sont là Et Chantecler3 se joue en grand gala Jour et nuit dans la cour où des plumes voltigent. Au clair de l’eau, c’est l’éternel prodige Du têtard de velours devenu crapaud d’or, De la voix de cristal parmi les râpes neuves D’innombrables grenouilles. Le chat dort. Dickette – chien s’affaire – et sur leur tête pleuvent Des pastilles de lune ou de soleil brûlant. S’il pleut vraiment, la pluie à pleins seaux ruisselants S’éparpille de même aux doigts verts qui l’arrêtent. Un tilleul, des bambous. L’abri vert du poète, Du vert, comprenez-vous ? Pour qu’aux vieilles maisons Rien ne blesse les yeux sous leurs paupières lasses. Douceur de l’arbre, de la mousse, du gazon… Vous dites : Solitude ? Ah ! dans l’heure qui passe, Est-il rien de vivant plus vivant qu’un jardin, De plus mystérieux, parfumé, dru, tenace, Et peuplé – si peuplé qu’il arrive soudain Qu’on y discourt avec mille petits génies Sortis l’on ne sait d’où, comme chez Aladin. Un mot vert… Qui dira la fraîcheur infinie D’un mot couleur de sève et de source et de l’air Qui baigne une maison depuis toujours la vôtre, Un mot désert peut-être et desséché pour d’autres, Mais pour soi, familier, si proche, tendre, vert Comme un îlot, un cher îlot dans l’univers ?…

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Les fleurs Des avalanches d’or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grands calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres, Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées, L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu’un sang farouche et radieux arrose ! Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure A travers l’encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure ! Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes ! Et finisse l’écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillement des nimbes ! Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calices balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poète las que la vie étiole.

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    T

    Thomas Chaline

    @thomasChaline

    Tanière d’azur Dans ma tanière d’azur ancestrale, j’entends le monde à grands moteurs faire trembler mes montagnes. je l’entends avec douleur bousculer la lune et ce qui reste d’étoiles. Et je prie l’âme bienveillante solidement accrochée au dessus de mon berceau, d’enrayer ces moteurs et de ralentir la course de leurres Il nous faut retravailler la chaussée et les petits ponts qui traversent nos silencieux vallons blasés, refleurir nos collines de mots chaleureux et de laines cousues mains

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Premier soleil Italie, Italie, ô terre où toutes choses Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins ! Paradis où l’on trouve avec des lauriers-roses Des sorbets à la neige et des ballets divins ! Terre où le doux langage est rempli de diphthongues ! Voici qu’on pense à toi, car voici venir mai, Et nous ne verrons plus les redingotes longues Où tout parfait dandy se tenait enfermé. Sourire du printemps, je t’offre en holocauste Les manchons, les albums et le pesant castor. Hurrah ! gais postillons, que les chaises de poste Volent, en agitant une poussière d’or ! Les lilas vont fleurir, et Ninon me querelle, Et ce matin j’ai vu mademoiselle Ozy Près des Panoramas déployer son ombrelle : C’est que le triste hiver est bien mort, songez-y ! Voici dans le gazon les corolles ouvertes, Le parfum de la sève embaumera les soirs, Et devant les cafés, des rangs de tables vertes Ont par enchantement poussé sur les trottoirs. Adieu donc, nuits en flamme où le bal s’extasie ! Adieu, concerts, scotishs, glaces à l’ananas ; Fleurissez maintenant, fleurs de la fantaisie, Sur la toile imprimée et sur le jaconas ! Et vous, pour qui naîtra la saison des pervenches, Rendez à ces zéphyrs que voilà revenus, Les légers mantelets avec les robes blanches, Et dans un mois d’ici vous sortirez bras nus ! Bientôt, sous les forêts qu’argentera la lune, S’envolera gaîment la nouvelle chanson ; Nous y verrons courir la rousse avec la brune, Et Musette et Nichette avec Mimi Pinson ! Bientôt tu t’enfuiras, ange Mélancolie, Et dans le Bas-Meudon les bosquets seront verts. Débouchez de ce vin que j’aime à la folie, Et donnez-moi Ronsard, je veux lire des vers. Par ces premiers beaux jours la campagne est en fête Ainsi qu’une épousée, et Paris est charmant. Chantez, petits oiseaux du ciel, et toi, poëte, Parle ! nous t’écoutons avec ravissement. C’est le temps où l’on mène une jeune maîtresse Cueillir la violette avec ses petits doigts, Et toute créature a le coeur plein d’ivresse, Excepté les pervers et les marchands de bois !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Ballade « Quand à peine un nuage » Quand à peine un nuage, Flocon de laine, nage Dans les champs du ciel bleu, Et que la moisson mûre, Sans vagues ni murmure, Dort sous le ciel en feu ; Quand les couleuvres souples Se promènent par couples Dans les fossés taris ; Quand les grenouilles vertes, Par les roseaux couvertes, Troublent l’air de leurs cris ; Aux fentes des murailles Quand luisent les écailles Et les yeux du lézard, Et que les taupes fouillent Les prés, où s’agenouillent Les grands bœufs à l’écart, Qu’il fait bon ne rien faire, Libre de toute affaire, Libre de tous soucis, Et sur la mousse tendre Nonchalamment s’étendre, Ou demeurer assis ; Et suivre l’araignée, De lumière baignée, Allant au bout d’un fil À la branche d’un chêne Nouer la double chaîne De son réseau subtil, Ou le duvet qui flotte, Et qu’un souffle ballotte Comme un grand ouragan, Et la fourmi qui passe Dans l’herbe, et se ramasse Des vivres pour un an, Le papillon frivole, Qui de fleurs en fleurs vole Tel qu’un page galant, Le puceron qui grimpe À l’odorant olympe D’un brin d’herbe tremblant ; Et puis s’écouter vivre, Et feuilleter un livre, Et rêver au passé En évoquant les ombres, Ou riantes ou sombres, D’un long rêve effacé, Et battre la campagne, Et bâtir en Espagne De magiques châteaux, Créer un nouveau monde Et jeter à la ronde Pittoresques coteaux, Vastes amphithéâtres De montagnes bleuâtres, Mers aux lames d’azur, Villes monumentales, Splendeurs orientales, Ciel éclatant et pur, Jaillissantes cascades, Lumineuses arcades Du palais d’Obéron, Gigantesques portiques, Colonnades antiques, Manoir de vieux baron Avec sa châtelaine, Qui regarde la plaine Du sommet des donjons, Avec son nain difforme, Son pont-levis énorme, Ses fossés pleins de joncs, Et sa chapelle grise, Dont l’hirondelle frise Au printemps les vitraux, Ses mille cheminées De corbeaux couronnées, Et ses larges créneaux, Et sur les hallebardes Et les dagues des gardes Un éclair de soleil, Et dans la forêt sombre Lévriers eu grand nombre Et joyeux appareil, Chevaliers, damoiselles, Beaux habits, riches selles Et fringants palefrois, Varlets qui sur la hanche Ont un poignard au manche Taillé comme une croix ! Voici le cerf rapide, Et la meute intrépide ! Hallali, hallali ! Les cors bruyants résonnent, Les pieds des chevaux tonnent, Et le cerf affaibli Sort de l’étang qu’il trouble ; L’ardeur des chiens redouble : Il chancelle, il s’abat. Pauvre cerf ! son corps saigne, La sueur à flots baigne Son flanc meurtri qui bat ; Son œil plein de sang roule Une larme, qui coule Sans toucher ses vainqueurs ; Ses membres froids s’allongent ; Et dans son col se plongent Les couteaux des piqueurs. Et lorsque de ce rêve Qui jamais ne s’achève Mon esprit est lassé, J’écoute de la source Arrêtée en sa course Gémir le flot glacé, Gazouiller la fauvette Et chanter l’alouette Au milieu d’un ciel pur ; Puis je m’endors tranquille Sous l’ondoyant asile De quelque ombrage obscur.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Far-niente Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage, J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis, Loin des chemins poudreux, à demeurer assis Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse, Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse. Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi, Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe, Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe, La chenille traînant ses anneaux veloutés, La limace baveuse aux sillons argentés, Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole. Ensuite je regarde, amusement frivole, La lumière brisant dans chacun de mes cils, Palissade opposée à ses rayons subtils, Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ; Et lorsque je suis las je me laisse endormir, Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir, Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette, Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Il lui disait : Vois-tu.. Il lui disait : « Vois-tu, si tous deux nous pouvions, L’âme pleine de foi, le coeur plein de rayons, Ivres de douce extase et de mélancolie, Rompre les mille noeuds dont la ville nous lie ; Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou, Nous fuirions ; nous irions quelque part, n’importe où, Chercher loin des vains bruits, loin des haines jalouses, Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses ; Une maison petite avec des fleurs, un peu De solitude, un peu de silence, un ciel bleu, La chanson d’un oiseau qui sur le toit se pose, De l’ombre ; — et quel besoin avons-nous d’autre chose ? » Juillet 18…

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Printemps Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l’ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Quand les guignes furent mangées… Quand les guignes furent mangées, Elle s’écria tout à coup : – J’aimerais bien mieux des dragées. Est-il ennuyeux, ton Saint-Cloud ! On a grand-soif ; au lieu de boire, On mange des cerises ; voi, C’est joli, j’ai la bouche noire Et j’ai les doigts bleus ; laisse-moi. – Elle disait cent autres choses, Et sa douce main me battait. Ô mois de juin ! rayons et roses ! L’azur chante et l’ombre se tait. J’essuyai, sans trop lui déplaire, Tout en la laissant m’accuser, Avec des fleurs sa main colère, Et sa bouche avec un baiser.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Sara la baigneuse Sara, belle d’indolence, Se balance Dans un hamac, au-dessus Du bassin d’une fontaine Toute pleine D’eau puisée à l’Ilyssus ; Et la frêle escarpolette Se reflète Dans le transparent miroir, Avec la baigneuse blanche Qui se penche, Qui se penche pour se voir. Chaque fois que la nacelle, Qui chancelle, Passe à fleur d’eau dans son vol, On voit sur l’eau qui s’agite Sortir vite Son beau pied et son beau col. Elle bat d’un pied timide L’onde humide Où tremble un mouvant tableau, Fait rougir son pied d’albâtre, Et, folâtre, Rit de la fraîcheur de l’eau. Reste ici caché : demeure ! Dans une heure, D’un oeil ardent tu verras Sortir du bain l’ingénue, Toute nue, Croisant ses mains sur ses bras. Car c’est un astre qui brille Qu’une fille Qui sort d’un bain au flot clair, Cherche s’il ne vient personne, Et frissonne, Toute mouillée au grand air. Elle est là, sous la feuillée, Eveillée Au moindre bruit de malheur ; Et rouge, pour une mouche Qui la touche, Comme une grenade en fleur. On voit tout ce que dérobe Voile ou robe ; Dans ses yeux d’azur en feu, Son regard que rien ne voile Est l’étoile Qui brille au fond d’un ciel bleu. L’eau sur son corps qu’elle essuie Roule en pluie, Comme sur un peuplier ; Comme si, gouttes à gouttes, Tombaient toutes Les perles de son collier. Mais Sara la nonchalante Est bien lente A finir ses doux ébats ; Toujours elle se balance En silence, Et va murmurant tout bas :  » Oh ! si j’étais capitane,  » Ou sultane,  » Je prendrais des bains ambrés,  » Dans un bain de marbre jaune,  » Prés d’un trône,  » Entre deux griffons dorés !  » J’aurais le hamac de soie  » Qui se ploie  » Sous le corps prêt à pâmer ;  » J’aurais la molle ottomane  » Dont émane  » Un parfum qui fait aimer.  » Je pourrais folâtrer nue,  » Sous la nue,  » Dans le ruisseau du jardin,  » Sans craindre de voir dans l’ombre  » Du bois sombre  » Deux yeux s’allumer soudain.  » Il faudrait risquer sa tète  » Inquiète,  » Et tout braver pour me voir,  » Le sabre nu de l’heiduque,  » Et l’eunuque  » Aux dents blanches, au front noir !  » Puis, je pourrais, sans qu’on presse  » Ma paresse,  » Laissez avec mes habits  » Traîner sur les larges dalles  » Mes sandales  » De drap brodé de rubis. «  Ainsi se parle en princesse, Et sans cesse Se balance avec amour, La jeune fille rieuse, Oublieuse Des promptes ailes du jour. L’eau, du pied de la baigneuse Peu soigneuse, Rejaillit sur le gazon, Sur sa chemise plissée, Balancée Aux branches d’un vert buisson. Et cependant des campagnes Ses compagnes Prennent toutes le chemin. Voici leur troupe frivole Qui s’envole En se tenant par la main. Chacune, en chantant comme elle, Passe, et mêle Ce reproche à sa chanson : – Oh ! la paresseuse fille Qui s’habille Si tard un jour de moisson !

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