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Saisons

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Saisons

Poésies de la collection saisons

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Automne Malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    L'adieu J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t’en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t’attends

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Les saisons au village Monts sublimes ! Si l'Hiver glace vos âmes Qui blanchissent dans l'azur, De vos flancs descend l'air pur, L'eau jaillit de vos abîmes. Alouettes ! Du Printemps les pâquerettes Ont brillé parmi le thym ; Gais troupeaux, c'est le matin ; L'aube a lui; tintez, clochettes ! Providence ! L'épi mûr, c'est l'abondance Que pour nous l'Été blondit ; Au soleil le champ sourit ; Le fléau bat en cadence. Meurs, feuillée ! Fruits tombez, l'herbe est mouillée ; Automne, ouvre tes pressoirs ; Courts sont les jours, doux les soirs ; L'oiseau fuit, chante, ô veillée ! Harmonie ! Les Saisons ont un génie ; Dans les champs et dans le cœur, Partout il veut le bonheur ; Œuvre sainte, oh ! sois bénie !

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    J

    Jean-Baptiste Clément

    @jeanBaptisteClement

    Le temps des cerises Quand nous chanterons le temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête ; Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur… Quand nous chanterons le temps des cerises, Sifflera bien mieux le merle moqueur. Mais il est bien court, le temps des cerises, Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles ! Cerises d'amour, aux robes pareilles, Tombant sous la feuille en gouttes de sang … Mais il est bien court le temps des cerises, Pendants de corail qu'on cueille en rêvant ! Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour, Évitez les belles. Moi qui ne crains pas les peines cruelles, Je ne vivrai point sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises, Vous aurez aussi des chagrins d'amour. J'aimerai toujours le temps des cerises ; C'est de ce temps là que je garde au cœur Une plaie ouverte ; Et dame Fortune, en m'étant offerte, Ne pourra jamais fermer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au cœur.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    L'hiver qui vient Blocus sentimental ! Messageries du Levant !… Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit, Oh ! le vent !… La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année, Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées !… D’usines…. On ne peut plus s’asseoir, tous les bancs sont mouillés ; Crois-moi, c’est bien fini jusqu’à l’année prochaine, Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés, Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine !… Ah, nuées accourues des côtes de la Manche, Vous nous avez gâté notre dernier dimanche. Il bruine ; Dans la forêt mouillée, les toiles d’araignées Ploient sous les gouttes d’eau, et c’est leur ruine. Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles Des spectacles agricoles, Où êtes-vous ensevelis ? Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau Gît sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau, Un soleil blanc comme un crachat d’estaminet Sur une litière de jaunes genêts De jaunes genêts d’automne. Et les cors lui sonnent ! Qu’il revienne…. Qu’il revienne à lui ! Taïaut ! Taïaut ! et hallali ! Ô triste antienne, as-tu fini !… Et font les fous !… Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou, Et il frissonne, sans personne !… Allons, allons, et hallali ! C’est l’Hiver bien connu qui s’amène ; Oh ! les tournants des grandes routes, Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine !… Oh ! leurs ornières des chars de l’autre mois, Montant en don quichottesques rails Vers les patrouilles des nuées en déroute Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails !… Accélérons, accélérons, c’est la saison bien connue, cette fois. Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles ! Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets ! Mon coeur et mon sommeil : ô échos des cognées !… Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes, Les sous-bois ne sont plus qu’un fumier de feuilles mortes ; Feuilles, folioles, qu’un bon vent vous emporte Vers les étangs par ribambelles, Ou pour le feu du garde-chasse, Ou les sommiers des ambulances Pour les soldats loin de la France. C’est la saison, c’est la saison, la rouille envahit les masses, La rouille ronge en leurs spleens kilométriques Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe. Les cors, les cors, les cors – mélancoliques !… Mélancoliques !… S’en vont, changeant de ton, Changeant de ton et de musique, Ton ton, ton taine, ton ton !… Les cors, les cors, les cors !… S’en sont allés au vent du Nord. Je ne puis quitter ce ton : que d’échos !… C’est la saison, c’est la saison, adieu vendanges !… Voici venir les pluies d’une patience d’ange, Adieu vendanges, et adieu tous les paniers, Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers, C’est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre, C’est la tisane sans le foyer, La phtisie pulmonaire attristant le quartier, Et toute la misère des grands centres. Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve, Rideaux écartés du haut des balcons des grèves Devant l’océan de toitures des faubourgs, Lampes, estampes, thé, petits-fours, Serez-vous pas mes seules amours !… (Oh ! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos, Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire Des statistiques sanitaires Dans les journaux ?) Non, non ! C’est la saison et la planète falote ! Que l’autan, que l’autan Effiloche les savates que le Temps se tricote ! C’est la saison, oh déchirements ! c’est la saison ! Tous les ans, tous les ans, J’essaierai en choeur d’en donner la note.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Allégorie Despotique, pesant, incolore, l'Eté, Comme un roi fainéant présidant un supplice, S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté. L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté, Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse Ou ride cet azur implacablement lisse Où le silence bout dans l'immobilité. L'âpre engourdissement a gagné les cigales Et sur leur lit étroit de pierres inégales Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Chanson d’automne Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux… La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en ! Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse…  » Vive la brise !  » il faut crier :  » Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! « 

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Nevermore Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant " Quel fut ton plus beau jour ? " fit sa voix d'or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement. - Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées ! Et qu'il bruit avec un murmure charmant Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Vœu Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses ! L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs, Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers, La spontanéité craintive des caresses ! Sont-elles assez loin toutes ces allégresses Et toutes ces candeurs ! Hélas ! toutes devers Le printemps des regrets ont fui les noirs hivers De mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses ! Si que me voilà seul à présent, morne et seul, Morne et désespéré, plus glacé qu'un aïeul, Et tel qu'un orphelin pauvre sans sœur aînée. Ô la femme à l'amour câlin et réchauffant, Douce, pensive et brune, et jamais étonnée, Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Élégie du printemps À la sœur d'Astrée. Printemps, fils du Soleil, que la terre arrosée De la fertile humeur d'une douce rosée, Au milieu des œillets et des roses conçut, Quand Flore entre ses bras nourrice vous reçut, Naissez, croissez, Printemps, laissez-vous apparaître : En voyant Isabeau vous pourrez vous connaître, Elle est votre miroir, et deux lis assemblés Ne se ressemblent tant que vous entresemblez : Tous les deux n'êtes qu'un, c'est une même chose. La rose que voici ressemble à cette rose, Le diamant à l'autre, et la fleur à la fleur : Le Printemps est le frère, Isabeau est la sœur. On dit que le Printemps, pompeux de sa richesse, Orgueilleux de ses fleurs, enflé de sa jeunesse, Logé comme un grand prince en ses vertes maisons, Se vantait le plus beau de toutes les saisons, Et se glorifiant le contait à Zéphyre ; Le Ciel en fut marri, qui soudain le vint dire À la mère Nature. Elle, pour rabaisser L'orgueil de cet enfant, va partout ramasser Les biens qu'elle serrait de maint et mainte année.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Jaloux du printemps Des saisons la plus désirée Et la plus rapide, ô printemps, Qu'elle m'est longue, ta durée ! Tu possèdes mon adorée, Et je l'attends ! Ton azur ne me sourit guère, C'est en hiver que je la vois ; Et cette douceur éphémère, Je ne l'ai dans l'année entière Rien qu'une fois. Mon bonheur n'est qu'une étincelle Volée au bal dans un coup d'œil : L'hiver passe, et je vis sans elle ; C'est pourquoi, fête universelle, Tu m'es un deuil. J'ai peur de toi quand je la quitte : Je crains qu'une fleur d'oranger, Tombant sur son cœur, ne l'invite À consulter la marguerite, Et quel danger ! Ce cœur qui ne sait rien encore, Couvé par tes tendres chaleurs, Devine et pressent son aurore ; Il s'ouvre à toi qui fais éclore Toutes les fleurs. Ton souffle l'étonne, elle écoute Les conseils embaumés de l'air ; C'est l'air de mai que je redoute, Je sens que je la perdrai toute Avant l'hiver.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'automne L'azur n'est plus égal comme un rideau sans pli. La feuille, à tout moment, tressaille, vole et tombe ; Au bois, dans les sentiers où le taillis surplombe, Les taches de soleil, plus larges, ont pâli. Mais l'œuvre de la sève est partout accompli : La grappe autour du cep se colore et se bombe, Dans le verger la branche au poids des fruits succombe, Et l'été meurt, content de son devoir rempli. Dans l'été de ta vie enrichis-en l'automne ; Ô mortel, sois docile à l'exemple que donne, Depuis des milliers d'ans, la terre au genre humain ; Vois : le front, lisse hier, n'est déjà plus sans rides, Et les cheveux épais seront rares demain : Fuis la honte et l'horreur de vieillir les mains vides.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Prière au printemps Toi qui fleuris ce que tu touches, Qui, dans les bois, aux vieilles souches Rends la vigueur, Le sourire à toutes les bouches, La vie au cœur ; Qui changes la boue en prairies, Sèmes d'or et de pierreries Tous les haillons, Et jusqu'au seuil des boucheries Mets des rayons ! Ô printemps, alors que tout aime, Que s'embellit la tombe même, Verte au dehors, Fais naître un renouveau suprême Au cœur des morts ! Qu'ils ne soient pas les seuls au monde Pour qui tu restes inféconde, Saison d'amour ! Mais fais germer dans leur poussière L'espoir divin de la lumière Et du retour !

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    Rosemonde Gerard

    Rosemonde Gerard

    @rosemondeGerard

    Calendrier Janvier nous prive de feuillage ; Février fait glisser nos pas ; Mars a des cheveux de nuage, Avril, des cheveux de lilas ; Mai permet les robes champêtres ; Juin ressuscite les rosiers ; Juillet met l'échelle aux fenêtres, Août, l'échelle aux cerisiers. Septembre, qui divague un peu, Pour danser sur du raisin bleu S'amuse à retarder l'aurore ; Octobre a peur ; Novembre a froid ; Décembre éteint les fleurs ; et, moi, L'année entière je t'adore !

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    R

    Rutebeuf

    @rutebeuf

    La grièche d’hiver Quand vient le temps qu’arbre défeuille quand il ne reste en branche feuille qui n’aille à terre, par la pauvreté qui m’atterre, qui de toutes parts me fait guerre, près de l’hiver, combien se sont changés mes vers, mon dit commence trop divers de triste histoire. Peu de raison, peu de mémoire m’a donné Dieu, le roi de gloire, et peu de rentes, et froid au cul quand bise vente : le vent me vient, le vent m’évente et trop souvent je sens venir et revenir le vent. La grièche m’a promis autant qu’elle me livre : elle me paie bien et bien me sert, contre le sou me rend la livre de grand misère. La pauvreté m’est revenue, toujours m’en est la porte ouverte, toujours j’y suis et jamais je ne m’en échappe. Par pluie mouillé, par chaud suant : Ah le riche homme ! Je ne dors que le premier somme. De mon avoir, ne sais la somme car je n’ai rien. Dieu m’a fait le temps bien propice : noires mouches en été me piquent, en hiver blanches. Je suis comme l’osier sauvage ou comme l’oiseau sur la branche ; l’été je chante, l’hiver je pleure et me lamente et me défeuille ainsi que l’arbre au premier gel. En moi n’ai ni venin ni fiel : ne me reste rien sous le ciel, tout passe et va. Les enjeux que j’ai engagés m’ont ravi tout ce que j’avais et fourvoyé et entraîné hors de ma voie. J’ai engagé des enjeux fous, je m’en souviens. Or, bien le vois, tout va, tout vient: tout venir, tout aller convient hors les bienfaits. Les dés que les détiers ont faits m’ont dépouillé de mes habits ; les dés m’occient, les dés me guettent et m’épient, les dés m’assaillent et me défient, cela m’accable. Je n’en puis rien si je m’effraie : ne vois venir avril et mai, voici la glace. Or j’ai pris le mauvais chemin; les trompeurs de basse origine m’ont mis sans robe. Le monde est tout rempli de ruse, et qui ruse le plus s’en vante ; moi qu’ai-je fait qui de pauvreté sens le faix ? Grièche ne me laisse en paix, me trouble tant, et tant m’assaille et me guerroie ; jamais ne guérirai ce mal par tel chemin. J’ai trop été en mauvais lieux ; les dés m’ont pris et enfermé : je les tiens quittes! Fol est qui leur conseil habite ; de sa dette point ne s’acquitte mais bien s’encombre, de jour en jour accroît le nombre. En été il ne cherche l’ombre ni chambre fraîche car ses membres sont souvent nus : il oublie du voisin la peine mais geint la sienne. La grièche l’a attaqué, l’a dépouillé en peu de temps et nul ne l’aime.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Renouveau Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L'impuissance s'étire en un long bâillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau Et triste, j'erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Soupir Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur, Un automne jonché de taches de rousseur Et vers le ciel errant de ton œil angélique Monte, comme dans un jardin mélancolique, Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur ! — Vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    L’hyver Mes volages humeurs, plus sterilles que belles, S’en vont ; et je leur dis : Vous sentez, irondelles, S’esloigner la chaleur et le froid arriver. Allez nicher ailleurs, pour ne tascher, impures, Ma couche de babil et ma table d’ordures ; Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver. D’un seul poinct le soleil n’esloigne l’hemisphere ; Il jette moins d’ardeur, mais autant de lumiere. Je change sans regrets, lorsque je me repens Des frivoles amours et de leur artifice. J’ayme l’hyver qui vient purger mon cœur de vice, Comme de peste l’air, la terre de serpens. Mon chef blanchit dessous les neiges entassées. Le soleil, qui reluit, les eschauffe, glacées, Mais ne les peut dissoudre, au plus court de ses mois. Fondez, neiges ; venez dessus mon cœur descendre, Qu’encores il ne puisse allumer de ma cendre Du brazier, comme il fit des flammes autrefois. Mais quoi ! serai-je esteint devant ma vie esteinte ? Ne luira plus sur moi la flamme vive et sainte, Le zèle flamboyant de la sainte maison ? Je fais aux saints autels holocaustes des restes, De glace aux feux impurs, et de naphte aux celestes : Clair et sacré flambeau, non funebre tison ! Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines. Le rossignol se taist, se taisent les Sereines. Nous ne voyons cueillir ni les fruits ni les fleurs ; L’esperance n’est plus bien souvent tromperesse, L’hyver jouit de tout. Bienheureuse vieillesse La saison de l’usage, et non plus des labeurs ! Mais la mort n’est pas loin ; cette mort est suivie D’un vivre sans mourir, fin d’une fausse vie : Vie de nostre vie, et mort de nostre mort. Qui hait la seureté, pour aimer le naufrage ? Qui a jamais esté si friant de voyage Que la longueur en soit plus douce que le port ?

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Ce que disent les hirondelles Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas ! les beaux jours sont finis ! On voit s'ouvrir les fleurs que garde Le jardin, pour dernier trésor : Le dahlia met sa cocarde Et le souci sa toque d'or. La pluie au bassin fait des bulles ; Les hirondelles sur le toit Tiennent des conciliabules : Voici l'hiver, voici le froid ! Elles s'assemblent par centaines, Se concertant pour le départ. L'une dit : « Oh ! que dans Athènes Il fait bon sur le vieux rempart ! « Tous les ans j'y vais et je niche Aux métopes du Parthénon. Mon nid bouche dans la corniche Le trou d'un boulet de canon. » L'autre : « J'ai ma petite chambre A Smyrne, au plafond d'un café. Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre Sur le seuil d'un rayon chauffé.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Fantaisie d'hiver Dans le bassin des Tuileries, Le cygne s'est pris en nageant, Et les arbres, comme aux féeries, Sont en filigrane d'argent. Les vases ont des fleurs de givre, Sous la charmille aux blancs réseaux; Et sur la neige on voit se suivre Les pas étoiles des oiseaux. Au piédestal où, court-vêtue, Vénus coudoyait Phocion, L'Hiver a posé pour statue La Frileuse de Clodion.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Premier sourire du printemps Tandis qu'à leurs oeuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, Il repasse des collerettes Et cisèle des boutons d'or. Dans le verger et dans la vigne, Il s'en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l'amandier. La nature au lit se repose ; Lui descend au jardin désert, Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert. Tout en composant des solfèges, Qu'aux merles il siffle à mi-voix, Il sème aux prés les perce-neiges Et les violettes aux bois. Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l'oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d'argent du muguet. Sous l'herbe, pour que tu la cueilles, Il met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil. Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d'avril tournant la tête, Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    En mai Une sorte de verve étrange, point muette, Point sourde, éclate et fait du printemps un poëte ; Tout parle et tout écoute et tout aime à la fois ; Et l'antre est une bouche et la source une voix ; L'oiseau regarde ému l'oiselle intimidée, Et dit : Si je faisais un nid ? c'est une idée ! Comme rêve un songeur le front sur l'oreiller, La nature se sent en train de travailler, Bégaie un idéal dans ses noirs dialogues, Fait des strophes qui sont les chênes, des églogues Qui sont les amandiers et les lilas en fleur, Et se laisse railler par le merle siffleur ; Il lui vient à l'esprit des nouveautés superbes ; Elle mêle la folle avoine aux grandes herbes ; Son poëme est la plaine où paissent les troupeaux ; Savante, elle n'a pas de trêve et de repos Jusqu'à ce qu'elle accouple et combine et confonde L'encens et le poison dans la sève profonde ; De la nuit monstrueuse elle tire le jour ; Souvent avec la haine elle fait de l'amour ; Elle a la fièvre et crée, ainsi qu'un sombre artiste ; Tout ce que la broussaille a d'hostile et de triste, Le buisson hérissé, le steppe, le maquis, Se condense, ô mystère, en un chef-d'œuvre exquis Que l'épine complète et que le ciel arrose ; Et l'inspiration des ronces, c'est la rose.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Printemps Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l’ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Saison des semailles C'est le moment crépusculaire. J'admire, assis sous un portail, Ce reste de jour dont s'éclaire La dernière heure du travail. Dans les terres, de nuit baignées, Je contemple, ému, les haillons D'un vieillard qui jette à poignées La moisson future aux sillons. Sa haute silhouette noire Domine les profonds labours. On sent à quel point il doit croire À la fuite utile des jours. Il marche dans la plaine immense, Va, vient, lance la graine au loin, Rouvre sa main, et recommence, Et je médite, obscur témoin, Pendant que, déployant ses voiles, L'ombre, où se mêle une rumeur, Semble élargir jusqu'aux étoiles Le geste auguste du semeur.

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