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Mer

157 poésies en cours de vérification
Mer

Poésies de la collection mer

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Rythme des vagues J’étais assis devant la mer sur le galet. Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet, Après s’être gonflés en accourant du large, Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge, Se brisaient devant moi, rythmés et successifs. J’observais ces paquets de mer lourds et massifs Qui marquaient d’un hourra leurs chutes régulières Et puis se retiraient en râlant sur les pierres. Et ce bruit m’enivrait; et, pour écouter mieux, Je me voilai la face et je fermai les yeux. Alors, en entendant les lames sur la grève Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve S’écrouler en faisant ce fracas cadencé, Moi, l’humble observateur du rythme, j’ai pensé Qu’il doit être en effet une chose sacrée, Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée, N’a tiré du néant ces moyens musicaux, Ces falaises aux rocs creusés pour les échos, Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages Incessamment heurtés et roulés sur les plages Par la vague, pendant tant de milliers d’hivers, Que pour que l’Océan nous récitât des vers.

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    La mer Des vastes mers tableau philosophique, Tu plais au coeur de chagrins agité : Quand de ton sein par les vents tourmenté, Quand des écueils et des grèves antiques Sortent des bruits, des voix mélancoliques, L’âme attendrie en ses rêves se perd, Et, s’égarant de penser en penser, Comme les flots de murmure en murmure, Elle se mêle à toute la nature : Avec les vents, dans le fond des déserts, Elle gémit le long des bois sauvages, Sur l’Océan vole avec les orages, Gronde en la foudre, et tonne dans les mers. Mais quand le jour sur les vagues tremblantes S’en va mourir ; quand, souriant encor, Le vieux soleil glace de pourpre et d’or Le vert changeant des mers étincelantes, Dans des lointains fuyants et veloutés, En enfonçant ma pensée et ma vue, J’aime à créer des mondes enchantés Baignés des eaux d’une mer inconnue. L’ardent désir, des obstacles vainqueur, Trouve, embellit des rives bocagères, Des lieux de paix, des îles de bonheur, Où, transporté par les douces chimères, Je m’abandonne aux songes de mon coeur.

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Le soir au bord de la mer Les bois épais, les sirtes mornes, nues, Mêlent leurs bords dans les ombres chenues. En scintillant dans le zénith d’azur, On voit percer l’étoile solitaire : A l’occident, séparé de la terre, L’écueil blanchit sous un horizon pur, Tandis qu’au nord, sur les mers cristallines, Flotte la nue en vapeurs purpurines. D’un carmin vif les monts sont dessinés ; Du vent du soir se meurt la voix plaintive ; Et mollement l’un à l’autre enchaînés, Les flots calmés expirent sur la rive. Tout est grandeur, pompe, mystère, amour : Et la nature, aux derniers feux du jour, Avec ses monts, ses forêts magnifiques, Son plan sublime et son ordre éternel, S’élève ainsi qu’un temple solennel, Resplendissant de ses beautés antiques. Le sanctuaire où le Dieu s’introduit Semble voilé par une sainte nuit ; Mais dans les airs la coupole hardie, Des arts divins, gracieuse harmonie, Offre un contour peint des fraîches couleurs De l’arc-en-ciel, de l’aurore et des fleurs.

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    Georges Fourest

    @georgesFourest

    Sardines à l’huile Dans leur cercueil de fer-blanc plein d’huile au puant relent marinent décapités ces petits corps argentés pareils aux guillotinés là-bas au champ des navets ! Elles ont vu les mers, les côtes grises de Thulé, sous les brumes argentées la Mer du Nord enchantée… Maintenant dans le fer-blanc et l’huile au puant relent de toxiques restaurants les servent à leurs clients ! Mais loin derrière la nue leur pauvre âmette ingénue dit sa muette chanson au Paradis-des-poissons, une mer fraîche et lunaire pâle comme un poitrinaire, la Mer de Sérénité aux longs reflets argentés où durant l’éternité, sans plus craindre jamais les cormorans et les filets, après leur mort nageront tous les bons petits poissons !… Sans voix, sans mains, sans genoux sardines, priez pour nous !…

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Îles d’Aran Surdité de la roche enseigne érodée un phare dans une lucarne les sanglots de la mer en ricochets glissent sur le silence des buveurs une pinte, deux pintes… molle continuité Calfeutrée devant la cheminée la vieille remet une tourbe claquant sa langue à chaque crépitement un gros nuage orphelin rejoint le troupeau éclaircie virale la lumière mousse drue Les mêmes gueules d’échoués dans le miroir éventré l’écho de la mer jusqu’à la nausée les filets roulés aux pieds du sel au coin des yeux un naufrage de mémoire

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    L’émigrant de Landor Road À André Billy Le chapeau à la main il entra du pied droit Chez un tailleur très chic et fournisseur du roi Ce commerçant venait de couper quelques têtes De mannequins vêtus comme il faut qu’on se vête La foule en tous les sens remuait en mêlant Des ombres sans amour qui se traînaient par terre Et des mains vers le ciel plein de lacs de lumière S’envolaient quelquefois comme des oiseaux blancs Mon bateau partira demain pour l’Amérique Et je ne reviendrai jamais Avec l’argent gagné dans les prairies lyriques Guider mon ombre aveugle en ces rues que j’aimais Car revenir c’est bon pour un soldat des Indes Les boursiers ont vendu tous mes crachats d’or fin Mais habillé de neuf je veux dormir enfin Sous des arbres pleins d’oiseaux muets et de singes Les mannequins pour lui s’étant déshabillés Battirent leurs habits puis les lui essayèrent Le vêtement d’un lord mort sans avoir payé Au rabais l’habilla comme un millionnaire Au dehors les années Regardaient la vitrine Les mannequins victimes Et passaient enchaînées Intercalées dans l’an c’étaient les journées veuves Les vendredis sanglants et lents d’enterrements De blancs et de tout noirs vaincus des cieux qui pleuvent Quand la femme du diable a battu son amant Puis dans un port d’automne aux feuilles indécises Quand les mains de la foule y feuillolaient aussi Sur le pont du vaisseau il posa sa valise Et s’assit Les vents de l’Océan en soufflant leurs menaces Laissaient dans ses cheveux de longs baisers mouillés Des émigrants tendaient vers le port leurs mains lasses Et d’autres en pleurant s’étaient agenouillés Il regarda longtemps les rives qui moururent Seuls des bateaux d’enfant tremblaient à l’horizon Un tout petit bouquet flottant à l’aventure Couvrit l’Océan d’une immense floraison Il aurait voulu ce bouquet comme la gloire Jouer dans d’autres mers parmi tous les dauphins Et l’on tissait dans sa mémoire Une tapisserie sans fin Qui figurait son histoire Mais pour noyer changées en poux Ces tisseuses têtues qui sans cesse interrogent Il se maria comme un doge Aux cris d’une sirène moderne sans époux Gonfle-toi vers la nuit Ô Mer Les yeux des squales Jusqu’à l’aube ont guetté de loin avidement Des cadavres de jours rongés par les étoiles Parmi le bruit des flots et les derniers serments

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    G

    Guillaume Dufour

    @guillaumeDufour

    Cigue Je vous offre mon corps Puisque mon coeur est gauche. Lorsque vous quitterez le port, Vous le fixerez en proue, Les membres ouverts À la lyre du Vent Et à l’Éther. Vous le fixerez en proue, Tourné vers la mer. Je vous offre mes rêves, Car mon coeur pleure encore. Lorsque vous quitterez la grève Dans la nuit du mois D’août, Laissez mes chimères, A la lyre de Vent, Et comme hier; Dans la nuit du mois D’août Menées la galère. Je vous laisse le silence Sous des roses fanées. Je laisse en essence Toute l’ambre dorée. Et pas un voyage, pas un de plus, Ne saura jamais Que l’automne de ma vie Fut celui où je songeais encore, Sous les cieux enfumés, À justifier Les inconscients, Certes, Mais nombreux remords De mon esprit embrumé.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Au bord de la mer Près de la mer, sur un de ces rivages Où chaque année, avec les doux zéphyrs, On voit passer les abeilles volages Qui, bien souvent, n’apportent que soupirs, Nul ne pouvait résister à leurs charmes, Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs Qui font couler partout beaucoup de larmes Et qui partout prennent beaucoup de coeurs. Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes, Son seul amour, c’était la liberté, Il méprisait l’Amour et la Beauté. Tantôt, debout sur un roc solitaire, Il se penchait sur les flots écumeux Et sa pensée, abandonnant la terre Semblait percer les mystères des cieux. Tantôt, courant sur l’arène marine, Il poursuivait les grands oiseaux de mer, Imaginant sentir dans sa poitrine La Liberté pénétrer avec l’air. Et puis le soir, au moment où la lune Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers, Il voyait à travers la nuit brune Deux yeux amis sur sa face attachés. Quand il passait près des salles de danse, Qu’il entendait l’orchestre résonner, Et, sous les pieds qui frappaient en cadence Quand il sentait la terre frissonner Il se disait: Que le monde est frivole! » Qu’avez-vous fait de votre liberté! Ce n’est pour vous qu’une vaine parole, Hommes sans coeur, vous êtes sans fierté! Pourtant un jour, il y porta ses pas Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire Mais sur les monts il ne retourna pas. Étretat, 1867

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    Henri Michaux

    @henriMichaux

    Comme la mer Souvent il arrive que je me jette en avant comme la mer sur la plage. Mais je ne sais encore que faire. Je me jette en avant, je reviens en arrière, je me jette à nouveau en avant. Mon élan qui grandit va bientôt trouver forme. Il le faut. L'amplitude du mouvement me fait haleter (non des poumons, mais d'une respiration uniquement psychique). Sera-ce un meurtre? Sera-ce une onde miséricordieuse sur le Monde? On ne sait pas encore. Mais c'est imminent. J'attends, oppressé, le déferlement de la vague préparatoire. Voilà le moment arrivé... Ça été l'onde de joie, cette fois, l'étalement de bienveillance.

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    H

    Henri Michaux

    @henriMichaux

    Conseil au sujet de la mer Il faut faire grande attention aussi à la mer. Les jours de tempête, on a coutume de faire la promenade des falaises. Et quoique la mer soit pleine de menaces, malgré le va-et-vient de ses forces qui semblent grandir à chaque instant, le spectacle est beau et somme toute réconfortant, puisque cette grande excitation et ces énormes paquets d'eau, des paquets à renverser un train, tout ça ne va qu'à vous mouiller un peu. Cependant, s'il y a une anse, où les violences de la mer sont peut-être moins fortes, mais venant de plusieurs directions se conjuguent en une trouble mêlée, il peut n'être pas bon de regarder, car tandis que la plus grande violence n'avait pas réussi à vous démoraliser, tout au contraire, cette surface sans horizontalité, sans fond, cuve d'eau montante, descendante, hésitante, comme si elle-même souffrait, peinait humainement (ses mouvements sont devenus lents et embarrassés et comme calculés), cette eau vous fait sentir en vous-même l'absence d'une vraie base, qui puisse servir en tout cas, et le sol même, suivant la démarche de votre esprit, semble se dérober sous vos pieds.

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Cagnes-Sur-Mer Soleil de novembre et déjà de décembre et bientôt de janvier Fête de la Jeunesse et fête de la Pais Eaux claires de la lune dansez sur les galets Dans les filets du vent des sardines d'argent valsent sur l'olivier et des filles de Renoir dans les vignes du soir chantent la vie l'amour et le vin de l'espoir Cagnes-sur-Mer jolie tour de Babel aimée des étrangers Pierre blanche sur la carte des pays traversés et jamais oubliés Danse danse jeunesse danse danse pour la Paix danse danse avec elle sans jamais l'oublier Elle est si belle si frêle et toujours menacée et toujours vivante et toujours condamnée Les plus savants docteurs du monde occis-mental disent qu'une fois de plus elle est encore perdue enfin qu'elle n'en a plus pour longtemps et que la der des nerfs lui a tourné les sangs Et qu'un vaccin la guerre pourrait à l'extrême rigueur la remettre sur pied et qu'à titre préventif et obligatoirement tout le monde comme un seul homme avec femme et enfants devra se faire piquer à bout portant providentiellement Saisonnière horreur sacrifices humains sacrifices enfantins souhaités louanges fêtés Les bourreaux trouvent toujours des aèdes et en première ligne des journaux aussi bien qu'aux avant-postes de radio des voix livides intrépides et autorisées donnent de source sûre les nouvelles toutes fraîches des tout derniers charniers et des éleveurs de monuments aux morts racolent la clientèle pour l'Europe nouvelle AHô allô ne quittez pas l'écoute restez sur le qul-vive sans demander qui meurt et ni pourquoi il meurt Sa mort c'est notre affaire c'est l'affaire du Pays au revers de toutes nos médailles son nom pieusement sera gravé comme sur les premières timbales du gentil nouveau-né Allô allô ne quittez pas l'écoute et que personne ne bouge le drapeau dieu blanc rouge flotte sur le chantier que l'Europe nouvelle est en train de vous fabriquer Allô allô laissez-nous travailler en paix et bientôt l'Afrance et la Lemagne amies héréditaires sœurs latines ignorées trop longtemps divisées mais enfin retrouvées marqueront le pas de l'oie du vaillant coq gaulois sous l'Arc de Triomphe du grand Napoléon trop longtemps oublié et ranimeront le lance-flammes du héros inconnu pour la grande revanche des retraites de Russie Et toujours comme par le passé glorieux et non révolu Épée sur la terre aux hommes de bonne volonté Et à ceux qui bassement nous accusent de nous ne savons quel trafic de piastres et de devises dans les contrées lointaines de notre empire français illimité avec le clair regard des rares honnêtes gens nous répondons très simplement Voyez nos mains sont pleines preuve que nous sommes innocents Danse jeunesse de Cagnes-sur-Mer danse jeunesse de tous les pays et sans en excepter un seul promise à la tuerie danse danse avec la paix On lui tire dans le dos mais elle a les reins solides quand tu la tiens dans tes bras Elle est si belle si fragile si frêle elle est aussi très vieille abîmée détraquée Danse jeunesse du grand monde ouvrier et si tu ne veux pas la guerre Répare la paix.

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Complainte de la mer Complainte de la mer dans le fracas du vent Tout ce qu'elle vocifère et qu'elle chante en rêvant dans les sables mouvants Tout ce qu'elle tait soudain Silencieuse étale et plate calmement

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    La mer Concert prodigieux des ondes et des pierres ! Long retentissement des flots sur les galets ! Majesté de la mer débordant de lumières ! Fourmillement profond d'ombres et de reflets ! La mer, suprême tombe, est la source suprême ; Plongez dans ce soleil, vous trouverez la nuit, Mais la mort s'y fait vie, et dans cette ombre même Un monde se recueille et travaille sans bruit. Là, les plus petits font l'œuvre la plus sublime ; Unis et patients, ils montent vers le jour, Et bientôt ce labeur qu'emprisonnait l'abîme Le firmament joyeux l'embrasse avec amour ! Parfois l'homme ainsi voit surgir quelque île immense, Puis d'autres s'écrouler dans le gouffre écumant ; Mais la puissante mer, sans repos, recommence Les travaux éternels de son enfantement. La mer, la grande mer est semblable à l'Histoire : Toutes deux ont leurs nuits sans fond et leurs clartés Au-dessous des splendeurs des rois et de la gloire, Les peuples ténébreux forgent leurs libertés. Et quand des ouragans s'apaise l'harmonie, L'horizon vaporeux, lassé de se ternir, Nous montre, dans la mer au firmament unie, L'Humanité mêlée à Dieu, dans l'avenir.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    La Méditerranée La Méditerranée est couchée au soleil ; Des monts chargés de pins, d'oliviers et de vignes Qui font un éternel murmure au sien pareil, Voient dans ses eaux trembler leurs lignes. Elle est couchée aux pieds des pins aux sueurs d'or, Qui de leurs parfums d'ambre embaument la campagne ; Elle veille en chantant ; en chantant elle dort ; La cigale en chœur l'accompagne. Au bord de cette mer Praxitèle rêvant A pris à la souplesse exquise de ses lames, Pour fixer la Beauté dans le Paros vivant, Des formes fuyantes de femmes. La Méditerranée, ô rêve ! est donc la mer D'où sortit Vénus blonde aux pieds blanchis d'écume, Et comme la Beauté donne un bonheur amer, Les flots bleus sont faits d'amertume. Lorsque Pan dut céder aux dieux nouveaux venus Vénus revint mêler aux flots sa beauté blonde, Et sous leur transparence elle erre encor, seins nus, Lumineuse, éparse dans l'onde. En ses limpides yeux se mirent nos grands bois ; Cigales, nous rythmons ses chants avec nos lyres, Car Pan aime d'amour ses yeux verts et sa voix, Et ses innombrables sourires !

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    J

    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Chant de la mer Il faut avoir touché la mer ardente, pris vraiment la mer avec un corps nu, senti l'épaisseur du sel et du sang peser sur la chair comme un arbre blanc pour savoir où sont les pays perdus, pour ne pas cesser de brûler d'attente. Tous ceux qui n'auront pas aimé la mer. qui n'auront pas baigné dans sa rumeur, sucé la nuit, l'eau large et capitale, les grands raisins de la noce natale, ne pourront pas entrer dans la ferveur, seront passés près des départs ouverts. La masse d'or, la fureur de terrasses qui tend ici ses voyages poignants, ses durs soleils et ses paradis calmes, ses soirs puissants et frais comme des palmes. rend leurs secrets aux légendes d'enfants, guérit le mal qui désole ma race. Il fallait bien que la mer fût cruelle pour nous purifier de tant de morts, qu'elle eût des yeux gonflés par la colère, de longues mains d'algues et de lumière pour nous laver des anciens remords et résorber la faute originelle. J'ai vu la mer chanter comme une femme, la mer qui dit que nous sommes venus pour une paix pareille aux violences, pour une guerre où naîtra l'innocence, où mûriront des pardons inconnus, des corps nouveaux et des pays en flammes. Ô les plateaux, ô les matins des caps, les vastes fleurs de la mer solennelle emporteront les mal-aimés ailleurs, les étrangers couchés dans la douleur, assouviront la soif essentielle, les anges roux, les brises, les ressacs! Nous referons de profondes croisières, nous descendrons dans les pays troublants pour retrouver la formule du feu, la trace et l'odeur sauvage du dieu qui délivrera les derniers absents, l'amour infini qui dort dans la terre. Les bienheureux seuls comprendront la mer, la miséricorde et la pauvreté, ceux qui s'en iront dans d'autres pays. ceux qui auront cru dans la joie du Christ avec un désir doux comme l'été, qui se mêleront au mystère amer...

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le berger et la mer Du rapport d’un troupeau dont il vivait sans soins, Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite: Si sa fortune était petite, Elle était sûre tout au moins. A la fin, les trésors déchargés sur la plage Le tentèrent si bien qu’il vendit son troupeau, Trafiqua de l’argent, le mit entier sur l’eau. Cet argent périt par naufrage. Son maître fut réduit à garder les brebis, Non plus berger en chef comme il était jadis, Quand ses propres moutons paissaient sur le rivage: Celui qui s’était vu Coridon ou Tircis Fut Pierrot et rien davantage. Au bout de quelque temps, il fit quelques profits, Racheta des bêtes à laine; Et comme un jour les vents, retenant leur haleine, Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux: « Vous voulez de l’argent, ô Mesdames les Eaux, Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre: Ma foi! vous n’aurez pas le nôtre. » Ceci n’est pas un conte à plaisir inventé. Je me sers de la vérité Pour montrer par expérience, Qu’un sou, quand il est assuré, Vaut mieux que cinq en espérance; Qu’il se faut contenter de sa condition; Qu’aux conseils de la mer et de l’ambition Nous devons fermer les oreilles. Pour un qui s’en louera, dix mille s’en plaindront. La mer promet monts et merveilles: Fiez-vous y; les vents et les voleurs viendront.

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    J

    Jean de Sponde

    @jeanDeSponde

    Qui sont, qui sont ceux-là, dont le cœur idolâtre Qui sont, qui sont ceux-là, dont le cœur idolâtre Se jette aux pieds du Monde, et flatte ses honneurs, Et qui sont ces valets, et qui sont ces Seigneurs, Et ces âmes d'Ebène, et ces faces d'Albâtre ? Ces masques déguisés, dont la troupe folâtre S'amuse à caresser je ne sais quels donneurs De fumées de Cour, et ces entrepreneurs De vaincre encor le Ciel qu'ils ne peuvent combattre ?

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    Jean Orizet

    Jean Orizet

    @jeanOrizet

    Combat de mer Douce respiration de mer, vivifiant, par souffle d'écume, le peuple des galets que tempête exila. Entre plaine sablonneuse et citadelles de roc, veillaient leurs sentinelles. Une horde d'étoiles diurnes — pouvoir absolu sur la baie — attaque, en plein midi, ce peuple. Sous la puissance des rayons, les galets, fondus pierres précieuses, perdent, et pour longtemps, l'amitié du sable ou du sel. Campé à flanc de colline, le village fortifié dit le lieu de la terre et son Uen ténu avec l'eau. La brume est descendue ; il faut apaiser les vagues d'où naîtront barques blanches éployant leurs filets. Passage des mouettes retenant leur vol, pour suivre l'instinct qui les pousse aux étages des crêtes. La chute adoucie du soleil fait surgir un décor lavande, en ultime barrage à l' engloutissement. Colonies de rochers sous-marins en quête d'une transparence, hérissée, par les oursins, de fascines à ne pas franchir. Torturés, quelques tourbillons tergiversent sur le choix possible d'un camp, avant de s'abîmer en eux-mêmes dans la propice cavité qu'ils avaient élue pour abri. Orphelin émancipé des coques, le bois flottant met à la cape, abandonnant son territoire aux appétits des cormorans. Entre les balises et la côte, remodelant chaque matin, vient le vent qui souffle de terre. Nuage nucléaire vite désamorcé, il contrait la mer à F oubli, s'improvisant ami des remparts d'ocre, avant de lancer devant soi ses gazelles au bleu si vibrant qu'une étrave les pulvérise. Trop de sel dispersé, trop d'iode en folie feront pencher le sort de la bataille, et le siège échouera, ses assaillants gobés par la blancheur têtue des focs. L'algue à la tempe translucide avec le roseau migrant seront embrasés sur la plage, signaux d'un vent déjà vaincu. L'eau devient trouble dans la passe, les voiles jaillissent du sac. Voici que la tempête étiole et renie ses alliés. Confiance retrouvée des mouettes en la surface. Nul éclat ne mouillera leur cri. Écoutez s'épanouir le grand rire solaire, et dire, à qui veut le comprendre, au moment où il va sombrer: la mort ne peut être en chemin tant que le fanal du pêcheur excite une étoile à sa poupe.

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    Jean Racine

    Jean Racine

    @jeanRacine

    L’étang Que c’est une chose charmante De voir cet étang gracieux Où, comme en un lit précieux, L’onde est toujours calme et dormante ! Mes yeux, contemplons de plus près Les inimitables portraits De ce miroir humide ; Voyons bien les charmes puissants Dont sa glace liquide Enchante et trompe tous les sens. Déjà je vois sous ce rivage La terre jointe avec les cieux, Faire un chaos délicieux Et de l’onde et de leur image. Je vois le grand astre du jour Rouler, dans ce flottant séjour, Le char de la lumière ; Et, sans offenser de ses feux La fraîcheur coutumière, Dorer son cristal lumineux. Je vois les tilleuls et les chênes, Ces géants de cent bras armés, Ainsi que d’eux-mêmes charmés, Y mirer leurs têtes hautaines ; Je vois aussi leurs grands rameaux Si bien tracer dedans les eaux Leur mobile peinture, Qu’on ne sait si l’onde, en tremblant, Fait trembler leur verdure, Ou plutôt l’air même et le vent. Là, l’hirondelle voltigeante, Rasant les flots clairs et polis, Y vient, avec cent petits cris, Baiser son image naissante. Là, mille autres petits oiseaux Peignent encore dans les eaux Leur éclatant plumage : L’œil ne peut juger au dehors Qui vole ou bien qui nage De leurs ombres et de leurs corps. Quelles richesses admirables N’ont point ces nageurs marquetés, Ces poissons aux dos argentés, Sur leurs écailles agréables ! Ici je les vois s’assembler, Se mêler et se démêler Dans leur couche profonde ; Là, je les vois (Dieu ! quels attraits ! ) Se promenant dans l’onde, Se promener dans les forêts. Je les vois, en troupes légères, S’élancer de leur lit natal ; Puis tombant, peindre en ce cristal Mille couronnes passagères. L’on dirait que, comme envieux De voir nager dedans ces lieux Tant de bandes volantes, Perçant les remparts entrouverts De leurs prisons brillantes, Ils veulent s’enfuir dans les airs. Enfin, ce beau tapis liquide Semble enfermer entre ses bords Tout ce que vomit de trésors L’Océan sur un sable aride : Ici l’or et l’azur des cieux Font de leur éclat précieux, Comme un riche mélange ; Là l’émeraude des rameaux, D’une agréable frange, Entoure le cristal des eaux. Mais quelle soudaine tourmente, Comme de beaux songes trompeurs, Dissipant toutes les couleurs, Vient réveiller l’onde dormante ? Déjà ses flots entrepoussés Roulent cent monceaux empressés De perles ondoyantes, Et n’étalent pas moins d’attraits Sur leurs vagues bruyantes Que dans leurs tranquilles portraits.

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Dune blanche « Je ne vis que pour me détacher et aborder le voyage cosmique de la mort » Myriam Montoya * Si je m’en vais, ne passe pas sous le grand chêne près du pont de bois si seule Si je m’en vais, ne pousse pas la porte de l’église, quand monte la marée elle effaça nos noms tant de fois point ne les trouveras sous le sable Ne vas pas sur la place de San Sebastian ni à Huesca pour les fêtes de San Lorenzo Sur la carte de notre Espagne à nous, trop de noms de lieux où toi et moi nous aimâmes d’amour Traverse la forêt, monte la dune regarde l’océan et je serai là où tu es dans les oyats là-haut, sur la dune blanche Villebramar, 2020

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Grand crohot Ne pleure pas, tes bras s’enroulent sur le dos de la mer  au soleil couchant enlacés sur la plage, lui et elle par la baïne baignés elle et lui le courant doucement portait vers le large, lui et elle et la côte s’éloignait quand on les a retrouvés lui et elle leurs corps tendrement mêlés si fort si fort enlacés lui et elle elle et lui elle et lui lui et elle

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    La barque de Maiakovski « Les coqs pleurent, qui a dit que les coqs chantaient ? » Gabriel Okoundji j’écris sur le silence de la mer sur le sable noir, les coqs pleurent j’écris, sous la dictée des dieux, qu’après l’amour la barque de Maiakovski se brise. J’écris les oubliés avant moi d’autres et après moi, après vienne la nuit, le sable est noir et les coqs pleurent après l’amour, qui a dit que les coqs chantaient ? L’amour la mort comme avant moi tant d’autres les oubliés et tant d’autres après dans le silence de la mer, les sables noirs dormez amants, après l’amour, l’amour se brise *** j’écris sur le silence de la mer et les coqs pleurent qui a dit que les coqs chantaient ? dormez amants, après l’amour coule la vie en fin se brise la barque de Maiakovski note de lecture : « la barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante » Vladimir Maiakovski

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Nouveau monde Elles étaient trois Caravelles quittaient Cadix au couchant droit devant. Ils étaient quatre jeunes gens le portant. Arrivés à l’Océan doucement l’ont mis à terre sans l’éveiller, doucement doucement. Étrange, étrange navire Amiral en route vers le Ponant. Elles étaient trois Caravelles ils étaient quatre jeunes gens sur l’épaule le portant Nouveau Monde droit devant. Pour Vie Nouvelle revivre droit devant. Nouveau Monde droit devant ! A crié le Commandant.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Sigrid Le jour des morts, (un deux novembre), des oiseaux, s’envolant par bandes, des oiseaux nous criaient très fort, par le travers des passes Nord : « Liebe verboten ! Jour des Morts ! Kinder ! Dort Liebe wird nicht erlaubt ! » NOUS DEUX : dans un blockhaus en ruines. L’HORIZON : gris. Puis , la baïne. EUX (les oiseaux ) : criant très fort :  » Liebe verboten ! Jour des Morts ! EUX : c’étaient des oiseaux bilingues. NOUS MAINTENANT : (Présentations : important ! prêtez attention !) Elle, c’est Sigrid, Christine, Klitz née à Berlin, en cinquante huit, de mère polonaise. Lui : Villebramar, Pierre, Jean, de Sigrid, Christine, l’amant de nationalité française. Eux : migrateurs, simples passants, en quelque sorte, figurants ! payés pour nous crier très fort : « Liebe verboten ! Jour des Morts ! » Origine : tous pays du Nord, Finlande, Allemagne, Suède, etc…. bref : figurants ! Rien d’autre. OR , …………………………. Tout le matin des coups de mer, coups de tabac, tempête, puis vers trois heures de l’après midi, comme tu as crié, ma Sigrid ! crié si fort, que les oiseaux s’envolèrent d’un coup très haut. ………………………….. Un grand silence sur la mer. L’Océan : plat. Vögel, nicht mehr ! Dans un blockhaus d’une autre guerre, Christine Sigrid, avec Pierre Christine Sigrid contre Jean la pluie grise, autour, l’océan… ça sert à ça, Christine et Pierre, les blockhaus des dernières guerres heureusement ! heureusement ! pour les Sigrid et pour les Jean ! LE JOUR DES MORTS. UN DEUX NOVEMBRE. DES VOLS D’OIES S’ELEVANT PAR BANDES. DE CINQUANTE, PEUT ETRE CENT. PRES DE CHRISTINE. PRES DE JEAN.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Solstice d’hiver « l’espoir, ce perce-neige… » Villebramar je me souviens c’était le solstice d’hiver, et la mer était haute, et sombre la lumière je me souviens des vagues s’enroulant sur la jetée, et des oiseaux de nuit de longs cheveux de varechs noirs, d’écumes grises et de l’horizon rouge je me souviens des couleurs de la nuit. Dans une brasserie de front de mer, au plus intime de la grande salle, ayant trouvé refuge, et heureux, je me souviens, et c’est le solstice d’hiver. Viennent alors sur nous de grands nuages, depuis les golfes cantabriques, la mer se met à crépiter je prends dans mes mains ton visage, et je te dis : « tu es heureuse » tu souris.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Comme le marinier, que le cruel orage Comme le marinier, que le cruel orage A longtemps agité dessus la haute mer, Ayant finalement à force de ramer Garanti son vaisseau du danger du naufrage, Regarde sur le port, sans plus craindre la rage Des vagues ni des vents, les ondes écumer ; Et quelqu’autre bien loin, au danger d’abîmer, En vain tendre les mains vers le front du rivage : Ainsi, mon cher Morel, sur le port arrêté, Tu regardes la mer, et vois en sûreté De mille tourbillons son onde renversée : Tu la vois jusqu’au ciel s’élever bien souvent, Et vois ton Du Bellay à la merci du vent Assis au gouvernail dans une nef percée,

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    Joseph Autran

    @josephAutran

    Harmonie Regarde cette mer : pourquoi, d'un bleu limpide, Vois-tu s'étendre au loin ses lumineux réseaux ? A sa face, pourquoi nulle ombre, nulle ride ? C'est qu'un ciel clair et doux brille au-dessus des eaux. Eh bien, de ce beau ciel que l'émail pur s'efface, Que, derrière la nue, il rentre obscurément ; Ternis à l'heure même, agitant leur surface, Les flots partageront le deuil du firmament. Admire ce concert ; et dis, beauté que j'aime, Si je m'unis à toi d'un accord moins réel ! Non, l'étroite harmonie entre nous est la même : Mon âme est une mer dont tes yeux sont le ciel. Tes grands yeux adorés sont-ils voilés d'une ombre, Triste pressentiment, souvenir douloureux, — Soudain mon âme souffre, elle pleure, elle est sombre ; Mon âme est une mer sous un ciel ténébreux. Tes yeux de séraphin, aux cils de blonde soie, Versent-ils du bonheur les sourires flottants, Mon âme tout à coup s'illumine de joie ; Mon âme est une mer sous un ciel de printemps. Tes yeux enfin, tes yeux, à l'heure de l'extase, Osent-ils dire : Amour ! Amour et Volupté ! Mon âme à leur ardeur étincelle et s'embrase, Mon âme est une mer sous le soleil d'été !

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    Joseph Autran

    @josephAutran

    La voix de la mer Ni nuage, ni vent, au ciel que ton œil sonde ! Vaste sérénité ! Pourtant, si le ciel dort, L'onde veille : là-bas, sous un cap, la mer gronde ; Ici, sur les cailloux, elle gazouille au bord. Comme elle y berce bien cette felouque vide, Dont les noirs matelots, à terre, en plein soleil, Reposent, assoupis par la chanson liquide Que le flot amical dédie à leur sommeil ! Sur le sable poli, comme elle court et fume ! Que ton agile pied la défie en passant, Elle vient le mouiller d'une rapide écume ; Puis, vers son lit pierreux, vite elle redescend. Qu'elle est belle cette eau qui scintille et qui tremble ; Cette nappe d'azur où pénètre le jour ; Cette mer qui te voit, qui te parle, qui semble Un immense sourire étincelant d'amour ! Qu'elle est belle ! Aux rochers plus verts que l'émeraude, Aux sables frémissants de son golfe arrondi, Quand rejaillit sa neige, éblouissante et chaude, De quel éclat superbe elle brille à midi ! Midi ! Viens dans la grotte aux murs tendus de lierre ; Allons-nous reposer sur nos tapis de joncs. Enfant, tu chanteras, de ta voix familière, L'hymne des jours heureux qu'ici nous abrégeons. Ou bien, couple rêveur, dans l'ombre et le silence, Nous nous contenterons d'entendre, ô ma beauté ! Ce cantique éternel que chaque flot cadence, Ce chant de l'infini que Dieu même a noté ! Un concert de Mozart, le séraphin terrestre, Peut lasser l'auditeur trop longtemps suspendu ; Mais, sous l'archet de Dieu, la mer est un orchestre Que les hommes jamais n'ont assez entendu. Cris d'amour, chants de deuil, colères, agonies, Baisers, rugissements, fanfares de vainqueurs : Elle a tous les accords, toutes les harmonies, Qui s'exhalent sans fin de la lyre des cœurs ! Soit aux vastes forêts, soit aux vents, soit à l'onde, Quand Dieu donne une voix, et leur dit de chanter, C'est une langue étrange, une langue profonde, Immense, qu'à genoux on devrait écouter. Elle est toujours la même, elle est toujours diverse ; Et, malgré les climats, les siècles différents, Avec elle à jamais l'humanité converse, Disant : Parle toujours, parle, je te comprends ! C'est que chacun de nous, myriades sans nombre D'oiseaux expatriés dont le ciel fut le nid, Prête à sa passion, à son rêve, à son ombre, L'idiome éternel que parle l'infini ! C'est qu'au rivage, enfin, cette voix, suivant l'heure, Me traduit ma tristesse ou mon joyeux émoi ; C'est que, si tu t'en vas, avec moi le flot pleure, Et que, si tu reviens, le flot chante avec moi !

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    Joseph Autran

    @josephAutran

    Le rêve qu'ils font tous « Presque un siècle entier sans courber ma tête A passé sur moi, vrai lion marin. Il faudrait pourtant prendre sa retraite, Et chercher à terre un abri serein ! Quand on a lassé, rude capitaine. Les vents et les flots, la glace et le feu, Aux biens que promet la terre lointaine N'a-t-on pas le droit de songer un peu ? Heureux le vieillard qu'enfin Dieu délivre De ton joug si dur, métier oppresseur ! Au pays natal, que ne puis-je vivre, D'une vigne ou deux oisif possesseur ! Loin, bien loin de toi, bourrasque éternelle, Loin de cette arène aux maux sans pareils, Quand serai-je assis sous une tonnelle, Savourant en paix mes derniers soleils ? » Il eut ces loisirs que l'âge conseille, Il eut sa cabane et son vert enclos, Et d'anciens amis causant sous la treille : — Ah ! Je meurs, dit-il, rendez-moi les flots !

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    Joseph Autran

    @josephAutran

    Mare velivolum Où vont ces vaisseaux aux vives allures Qui, sortant du port, nous disent adieu ? Où vont ces vaisseaux aux blanches voilures Que mon œil poursuit à l'horizon bleu ? Ils vont, dispersés sur les vastes ondes, Explorer des bords inconnus de nous ; Loin de ce rivage, ils vont voir des mondes Mille fois plus beaux, mille fois plus doux. Mais nul, dans son vol, n'atteindra la grève Du pays où tend mon désir lointain ; Car le monde, hélas ! Que mon âme rêve N'est aucun de ceux qu'un navire atteint !...

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