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Mer

157 poésies en cours de vérification
Mer

Poésies de la collection mer

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Les canaris Lorsqu’un vaisseau vaincu dérive en pleine mer ; Que ses voiles carrées Pendent le long des mâts, par les boulets de fer Largement déchirées ; Qu’on n’y voit que des morts tombés de toutes parts, Ancres, agrès, voilures, Grands mâts rompus, traînant leurs cordages épars Comme des chevelures ; Que le vaisseau, couvert de fumée et de bruit, Tourne ainsi qu’une roue ; Qu’un flux et qu’un reflux d’hommes roule et s’enfuit De la poupe à la proue ; Lorsqu’à la voix des chefs nul soldat ne répond ; Que la mer monte et gronde ; Que les canons éteints nagent dans l’entre-pont, S’entre-choquant dans l’onde ; Qu’on voit le lourd colosse ouvrir au flot marin Sa blessure béante, Et saigner, à travers son armure d’airain, La galère géante ; Qu’elle vogue au hasard, comme un corps palpitant, La carène entr’ouverte, Comme un grand poisson mort, dont le ventre flottant Argente l’onde verte ; Alors gloire au vainqueur ! Son grappin noir s’abat Sur la nef qu’il foudroie ; Tel un aigle puissant pose, après le combat, Son ongle sur sa proie ! Puis, il pend au grand mât, comme au front d’une tour, Son drapeau que l’air ronge, Et dont le reflet d’or dans l’onde, tour à tour, S’élargit et s’allonge. Et c’est alors qu’on voit les peuples étaler Les couleurs les plus fières, Et la pourpre, et l’argent, et l’azur onduler Aux plis de leurs bannières. Dans ce riche appareil leur orgueil insensé Se flatte et se repose, Comme si le flot noir, par le flot effacé, En gardait quelque chose ! Malte arborait sa croix ; Venise, peuple-roi, Sur ses poupes mouvantes, L’héraldique lion qui fait rugir d’effroi Les lionnes vivantes. Le pavillon de Naple est éclatant dans l’air, Et quand il se déploie On croit voir ondoyer de la poupe à la mer Un flot d’or et de soie. Espagne peint aux plis des drapeaux voltigeant Sur ses flottes avares, Léon aux lions d’or, Castille aux tours d’argent, Les chaînes des Navarres. Rome a les clefs; Milan, l’enfant qui hurle encor Dans les dents de la guivre ; Et les vaisseaux de France ont des fleurs de lys d’or Sur leurs robes de cuivre. Stamboul la turque autour du croissant abhorré Suspend trois blanches queues ; L’Amérique enfin libre étale un ciel doré Semé d’étoiles bleues. L’Autriche a l’aigle étrange, aux ailerons dressés, Qui, brillant sur la moire, Vers les deux bouts du monde à la fois menacés Tourne une tête noire. L’autre aigle au double front, qui des czars suit les lois, Son antique adversaire, Comme elle regardant deux mondes à la fois, En tient un dans sa serre. L’Angleterre en triomphe impose aux flots amers Sa splendide oriflamme, Si riche qu’on prendrait son reflet dans les mers Pour l’ombre d’une flamme. C’est ainsi que les rois font aux mâts des vaisseaux Flotter leurs armoiries, Et condamnent les nefs conquises sur les eaux A changer de patries. Ils traînent dans leurs rangs ces voiles dont le sort Trompa les destinées, Tout fiers de voir rentrer plus nombreuses au port Leurs flottes blasonnées. Aux navires captifs toujours ils appendront Leurs drapeaux de victoire, Afin que le vaincu porte écrite à son front Sa honte avec leur gloire ! Mais le bon Canaris, dont un ardent sillon Suit la barque hardie, Sur les vaisseaux qu’il prend, comme son pavillon, Arbore l’incendie !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Oceano Nox Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ? Combien ont disparu, dure et triste fortune ? Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l’aveugle océan à jamais enfouis ? Combien de patrons morts avec leurs équipages ? L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots ! Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée, Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ; L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots ! Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues ! Vous roulez à travers les sombres étendues, Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus Oh ! que de vieux parents qui n’avaient plus qu’un rêve, Sont morts en attendant tous les jours sur la grève Ceux qui ne sont pas revenus ! On s’entretient de vous parfois dans les veillées, Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées, Mêle encore quelque temps vos noms d’ombre couverts, Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures, Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures Tandis que vous dormez dans les goémons verts ! On demande: « Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ? Nous ont’ ils délaissés pour un bord plus fertile ? » Puis, votre souvenir même est enseveli. Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire. Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire, Sur le sombre océan jette le sombre oubli. Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue. L’un n’a-t-il pas sa barque et l’autre sa charrue ? Seules, durant ces nuits où l’orage est vainqueur, Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre, Parlent encore de vous en remuant la cendre De leur foyer et de leur coeur ! Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière, Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre Dans l’étroit cimetière où l’écho nous répond, Pas même un saule vert qui s’effeuille à l’automne, Pas même la chanson naïve et monotone Que chante un mendiant à l’angle d’un vieux pont ! Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ? O flots ! que vous savez de lugubres histoires ! Flots profonds redoutés des mères à genoux ! Vous vous les racontez en montant les marées, Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Soirée en mer Près du pêcheur qui ruisselle, Quand tous deux, au jour baissant, Nous errons dans la nacelle, Laissant chanter l’homme frêle Et gémir le flot puissant ; Sous l’abri que font les voiles Lorsque nous nous asseyons, Dans cette ombre où tu te voiles Quand ton regard aux étoiles Semble cueillir des rayons ; Quand tous deux nous croyons lire Ce que la nature écrit, Réponds, ô toi que j’admire, D’où vient que mon cœur soupire ? D’où vient que ton front sourit ? Dis ? d’où vient qu’à chaque lame, Comme une coupe de fiel, La pensée emplit mon âme ? C’est que moi je vois la rame Tandis que tu vois le ciel ! C’est que je vois les flots sombres, Toi, les astres enchantés ! C’est que, perdu dans leurs nombres, Hélas, je compte les ombres Quand tu comptes les clartés ! Chacun, c’est la loi suprême, Rame, hélas ! jusqu’à la fin. Pas d’homme, ô fatal problème ! Qui ne laboure ou ne sème Sur quelque chose de vain ! L’homme est sur un flot qui gronde. L’ouragan tord son manteau. Il rame en la nuit profonde, Et l’espoir s’en va dans l’onde Par les fentes du bateau. Sa voile que le vent troue Se déchire à tout moment, De sa route l’eau se joue, Les obstacles sur sa proue Écument incessamment ! Hélas ! hélas ! tout travaille Sous tes yeux, ô Jéhovah ! De quelque côté qu’on aille, Partout un flot qui tressaille, Partout un homme qui va ! Où vas-tu ? – Vers la nuit noire. Où vas-tu ? – Vers le grand jour. Toi ? – Je cherche s’il faut croire. Et toi ? – Je vais à la gloire. Et toi ? – Je vais à l’amour. Vous allez tous à la tombe ! Vous allez à l’inconnu ! Aigle, vautour, ou colombe, Vous allez où tout retombe Et d’où rien n’est revenu ! Vous allez où vont encore Ceux qui font le plus de bruit ! Où va la fleur qu’avril dore ! Vous allez où va l’aurore ! Vous allez où va la nuit ! À quoi bon toutes ces peines ? Pourquoi tant de soins jaloux ? Buvez l’onde des fontaines, Secouez le gland des chênes, Aimez, et rendormez-vous ! Lorsque ainsi que des abeilles On a travaillé toujours ; Qu’on a rêvé des merveilles ; Lorsqu’on a sur bien des veilles Amoncelé bien des jours ; Sur votre plus belle rose, Sur votre lys le plus beau, Savez-vous ce qui se pose ? C’est l’oubli pour toute chose, Pour tout homme le tombeau ! Car le Seigneur nous retire Les fruits à peine cueillis. Il dit : Échoue ! au navire. Il dit à la flamme : Expire ! Il dit à la fleur : Pâlis ! Il dit au guerrier qui fonde : – Je garde le dernier mot. Monte, monte, ô roi du monde ! La chute la plus profonde Pend au sommet le plus haut. – Il a dit à la mortelle : – Vite ! éblouis ton amant. Avant de mourir sois belle. Sois un instant étincelle, Puis cendre éternellement ! – Cet ordre auquel tu t’opposes T’enveloppe et t’engloutit. Mortel, plains-toi, si tu l’oses, Au Dieu qui fit ces deux choses, Le ciel grand, l’homme petit ! Chacun, qu’il doute ou qu’il nie, Lutte en frayant son chemin ; Et l’éternelle harmonie Pèse comme une ironie Sur tout ce tumulte humain ! Tous ces faux biens qu’on envie Passent comme un soir de mai. Vers l’ombre, hélas ! tout dévie. Que reste-t-il de la vie, Excepté d’avoir aimé ! ¯¯¯¯¯¯¯¯ Ainsi je courbe ma tête Quand tu redresses ton front. Ainsi, sur l’onde inquiète, J’écoute, sombre poète, Ce que les flots me diront. Ainsi, pour qu’on me réponde, J’interroge avec effroi ; Et dans ce gouffre où je sonde La fange se mêle à l’onde… – Oh ! ne fais pas comme moi ! Que sur la vague troublée J’abaisse un sourcil hagard ; Mais toi, belle âme voilée, Vers l’espérance étoilée Lève un tranquille regard ! Tu fais bien. Vois les cieux luire. Vois les astres s’y mirer. Un instinct là-haut t’attire. Tu regardes Dieu sourire ; Moi, je vois l’homme pleurer !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Écrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord de la mer Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ; Église où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ; Mouches qui murmurez d'ineffables paroles À l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ; Vents, flots, hymne orageux, choeur sans fin, voix sans nombre ; Bois qui faites songer le passant sérieux ; Fruits qui tombez de l'arbre impénétrable et sombre, Étoiles qui tombez du ciel mystérieux ; Oiseaux aux cris joyeux, vague aux plaintes profondes ; Froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ; Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ; Mer où la perle éclôt, terre où germe l'épi ; Nature d'où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l'air n'ose effleurer, Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l'enfant dormir et la mère pleurer ! Le 21 janvier 1840.

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    Walt Whitman

    Walt Whitman

    @waltWhitman

    Dans la cabine des vaisseaux en mer Dans la cabine des vaisseaux en mer, L’infini du bleu expansivement de tous côtés, Vents sifflants, vagues musicales, immenses vagues impérieuses, Ou peut-être à bord d’une barque solitaire balançant sur l’épaisseur marine, Emplie de foi joyeuse, déployant ses voiles blanches, Epousant l’éther dans l’étincellement d’écume du jour, ou sous la foule des étoiles nocturnes, Par des marins jeunes ou vieux je serai lu, réminiscence de la terre, Dans la perfection des rapports, enfin. Voici nos pensées de voyageurs, Voici que la terre seule la terre ferme n’apparaît plus, diront-ils alors, Voici que le ciel tend son arc sur nos têtes, nous sentons le vacillement du pont sous nos pieds, Nous sentons les longues pulsations, le flux et le reflux du mouvement infini, Les tonalités du mystère invisible, les vastes vagues suggestions de la salure liquide, des syllabes fluides et liquides, Le parfum, le craquement léger des cordages, le rythme mélancolique, L’horizon sans bornes, l’horizon brumeux lointain, tout nous accompagne, Et voici devant nous le poème de l’océan. Ne faiblis pas mon Livre, accomplis ton destin, Toi qui n’es pas réminiscence de la terre seule, Toi qui navigues telle la barque solitaire sillonnant le ciel, barque de but inconnu et cependant de foi totale , Va de conserve avec tous les vaisseaux, va vogue ! Porte-leur le pli de mon amour (chers marins, je vous le plie dans le pli de chaque feuille) ; Accélère, mon Livre ! déploie tes voiles blanches ma petite barque à travers les vagues impérieuses, Musique, fais voile, emporte apporte au-delà de l’infini du bleu à toutes les mers, Ce chant que je destine aux marins et leurs vaisseaux.

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Hyper Chinois Chavirer, n’est pas bon pour moi Chavirer, n’est pas ma tasse de thé C’est Le jour C’est La nuit Tu es dans ton lit et tu bois ton café trop froid avec du lait Il y a du soleil, La lune se cache… C’est toujours pareil C’est Le jour C’est La nuit Tu fumes dans ton lit et tu n’es jamais en retard Tu n’as jamais le cafard Il fait trop chaud Tu prends le vaporetto Et tu t’allonges nu Et tu écoutes le boléro de Ravel ou Jorge Pardo ? C’est Le jour C’est La nuit Tu fumes du haschisch Tu es l’Hyper chinois comme si tu étais un Roi Qui aimes casser des noix Et tu donnes à manger à ton chien Et tu commences à te sentir bien C’est très bien Maintenant, tu prépares des sushis C’est bientôt minuit… Chavirer, n’est pas bon pour moi Chavirer, n’est pas ma tasse de thé

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Sonnet à creus Ô Sculptures pliées par le doigt des Dieux Créations invisibles qu’on n’ose pas toucher Et l’aigle qui vole par dessus l’Enfer et qui se fixe sur l’astre aride craché par la mer Et le vent qui vient chaque jour défier l’horizon puis dessiner ces formes mortes hurlant à l’unisson Et le vent qui souffle son éternel Amour à la Gloire du Vide, et du Silence lourd Chaque pas sur le chemin raconte cette autre histoire Celle qu’on ne raconte pas, par peur de voir le Nous, le Eux, que l’on ne verra plus jamais Et même si on a cru le voir dans un passé lointain Ce sera le chameau qui surgira au bout de la route et le Rhinocéros sèché paraîtra endormi

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