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Pensées

45 poésies en cours de vérification
Pensées

Poésies de la collection pensées

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En lui envoyant une pensée Au temps où vous m'aimiez (bien sûr ?) Vous m'envoyâtes, fraîche éclose, Une chère petite rose, Frais emblème, message pur. Elle disait en son langage Les « serments du premier amour » : Votre cœur à moi pour toujours Et toutes les choses d'usage. Trois ans sont passés. Nous voilà ! Mais moi j'ai gardé la mémoire De votre rose, et c'est ma gloire De penser encore à cela. Hélas ! si j'ai la souvenance, Je n'ai plus la fleur, ni le cœur ! Elle est aux quatre vents, la fleur. Le cœur ? mais, voici que j'y pense. Fut-il mien jamais ? entre nous ? Moi, le mien bat toujours le même", D est toujours simple. Un emblème A mon tour. Dites, voulez-vous Que, tout pesé, je vous envoie. Triste sélam , mais c'est ainsi, Cette pauvre négresse-ci ? Elle n'est pas couleur de joie. Mais elle est couleur de mon cœur ; Je l'ai cueillie à quelque fente Du pavé captif que j'arpente En ce heu de juste douleur. A-t-elle besoin d'autres preuves ? Acceptez-la pour le plaisir. J'ai tant fait que de la cueillir. Et c'est presque une fleur-des-veuves.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Pensée du soir Couché dans l'herbe pâle et froide de l'exil, Sous les ifs et les pins qu'argenté le grésil. Ou bien errant, semblable aux formes que suscite Le rêve, par l'horreur du paysage scythe. Tandis qu'autour, pasteurs de troupeaux fabuleux. S'effarouchent les blancs Barbares " aux yeux bleus, Le poète de l'Art d'Aimer, le tendre Ovide Embrasse l'horizon d'un long regard avide Et contemple la mer immense tristement. Le cheveu poussé rare et gris que le tourment Des bises va mêlant sur le front qui se plisse, L'habit troué livrant la chair au froid, complice. Sous l'aigreur du sourcil tordu l'œil terne et las, La barbe épaisse, inculte et presque blanche, hélas ! Tous ces témoins qu'il faut d'un deuil expiatoire Disent une sinistre et lamentable histoire D'amour excessif, d'âpre envie et de fureur Et quelque responsabilité d'Empereur. Ovide morne pense à Rome, et puis encore A Rome que sa gloire illusoire décore. Or, Jésus ! vous m'avez justement obscurci : Mais n'étant pas Ovide, au moins je suis ceci.

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    Philippe Jaccottet

    Philippe Jaccottet

    @philippeJaccottet

    Pensées sous les nuages Je ne crois pas décidément que nous ferons ce voyage à travers tous ces ciels qui seraient de plus en plus clairs, emportés au défi de toutes les lois de l'ombre. Je nous vois mal en aigles invisibles, à jamais tournoyant autour de cimes invisibles elles aussi par excès de lumière... (À ramasser les tessons du temps, on ne fait pas l'éternité. Le dos se voûte seulement comme aux glaneuses. On ne voit plus que les labours massifs et les traces de la charrue à travers notre tombe patiente.) — Il est vrai qu'on aura peu vu le soleil tous ces jours, espérer sous tant de nuages est moins facile, le socle des montagnes fume de trop de brouillard... (Il faut pourtant que nous n'ayons guère de force pour lâcher prise faute d'un peu de soleil et ne pouvoir porter sur les épaules, quelques heures, un fagot de nuages... Il faut que nous soyons restés bien naïfs pour nous croire sauvés par le bleu du ciel ou châtiés par l'orage et par la nuit.) — Mais où donc pensiez-vous aller encore, avec ces pieds usés ? Rien que tourner le coin de la maison, ou franchir, de nouveau, quelle frontière ? (L'enfant rêve d'aller de l'autre côté des montagnes, le voyageur le fait parfois, et son haleine là-haut devient visible, comme on dit que l'âme des morts... On se demande quelle image il voit passer dans le miroir des neiges, luire quelle flamme, et s'il trouve une porte entrouverte derrière. On imagine que, dans ces lointains, cela se peut : une bougie brûlant dans un miroir, une main de femme proche, une embrasure...) Mais vous ici, tels que je vous retrouve, vous n'aurez plus la force de boire dans ces flûtes de cristal, nous serez sourds aux cloches de ces hautes tours, aveugles à ces phares qui tournent selon le soleil, piètres navigateurs pour une aussi étroite passe... On vous voit mieux dans les crevasses des labours, suant une sueur de mort, plutôt sombres qu'emportés vers ces derniers cygnes fiers... — Je ne crois pas décidément que nous ferons encore ce voyage, ni que nous échapperons au merlin sombre une fois que les ailes du regard ne battront plus. Des passants. On ne nous reverra pas sur ces routes, pas plus que nous n'avons revu nos morts ou seulement leur ombre... Leur corps est cendre, cendre leur ombre et leur souvenir ; la cendre même, un vent sans nom et sans visage la disperse et ce vent même, quoi l'efface ? Néanmoins, en passant, nous aurons encore entendu ces cris d'oiseaux sous les nuages dans le silence d'un midi d'octobre vide, ces cris épars, à la fois près et comme très loin (ils sont rares, parce que le froid s'avance telle une ombre derrière la charrue des pluies), ils mesurent l'espace... El moi qui passe au-dessous d'eux, il me semble qu'ils ont parlé, non pas questionné, appelé, niais répondu. Sous les nuages bas d'octobre. Et déjà c'est un autre jour, je suis ailleurs, déjà ils disent autre chose ou ils se taisent, je passe, je m'étonne, et je ne peux en dire plus.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La pensée Un soir, vaincu par le labeur Où s'obstine le front de l'homme, Je m'assoupis, et dans mon somme M'apparut un bouton de fleur. C'était cette fleur qu'on appelle Pensée ; elle voulait s'ouvrir, Et moi je m'en sentais mourir : Toute ma vie allait en elle. Echange invisible et muet : À mesure que ses pétales Forçaient les ténèbres natales, Ma force à moi diminuait. Et ses grands yeux de velours sombre Se dépliaient si lentement Qu'il me semblait que mon tourment Mesurât des siècles sans nombre. « Vite, ô fleur, l'espoir anxieux De te voir éclore m'épuise ; Que ton regard s'achève et luise Fixe et profond dans tes beaux yeux ! » Mais, à l'heure où de sa paupière Se déroulait le dernier pli, Moi, je tombais enseveli Dans la nuit d'un sommeil de pierre.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Pensée perdue Elle est si douce, la pensée, Qu'il faut, pour en sentir l'attrait, D'une vision commencée S'éveiller tout à coup distrait. Le cœur dépouillé la réclame ; Il ne la fait point revenir, Et cependant elle est dans l'âme, Et l'on mourrait pour la finir. À quoi pensais-je tout à l'heure ? À quel beau songe évanoui Dois-je les larmes que je pleure ? Il m'a laissé tout ébloui. Et ce bonheur d'une seconde, Nul effort ne me l'a rendu ; Je n'ai goûté de joie au monde Qu'en rêve, et mon rêve est perdu.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Envers vous, belles, ma pensée n’est point changeante Je ne change point, ô vierges de Lesbos ! Lorsque je poursuis la Beauté fugitive, Tel le Dieu chassant une vierge au peplos Très blanc sur la rive. Je n’ai point trahi l’invariable amour. Mon cœur identique et mon âme pareille Savent retrouver, dans le baiser d’un jour, Celui de la veille. Et j’étreins Atthis sur les seins de Dika. J’appelle en pleurant, sur le seuil de sa porte, L’ombre, que longtemps ma douleur invoqua, De Timas la morte. Pour l’Aphrodita j’ai dédaigné l’Éros, Et je n’ai de joie et d’angoisse qu’en elle : Je ne change point, ô vierges de Lesbos, Je suis éternelle.

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    R

    Robert Barrero

    @robertBarrero

    C’est le moment C’est le moment Où la lumière penchée s’invite à la fenêtre Où la pluie de la nuit brille sur le perron Où le vent fatigué fait danser le cyprès C’est le moment De ramasser le livre échappé de nos mains De déranger le chat alangui sur le plaid D’écouter le réveil de la maison qui craque C’est le moment Pour poser un baiser sur une courbe offerte Pour faire le chemin d’une main sur des reins Pour respirer la merveille épicée d’une nuque C’est le moment Que l’on voudrait suspendu à un ciel Qui perdu pour toujours restera à jamais Que l’on goûte à petites gorgées prudentes Pour tous ces moments Je voudrais écrire un poème Mais ce n’est pas le moment

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Amour secret Ô toi d'où me vient ma pensée, Sois fière devant le Seigneur ! Relève ta tête abaissée, Ô toi d'où me vient mon bonheur ! Quand je traverse cette lieue Qui nous sépare, au sein des nuits, Ta patrie étoilée et bleue Rayonne à mes yeux éblouis. C'est l'heure où cent lampes en flammes Brillent aux célestes plafonds ; L'heure où les astres et les âmes Échangent des regards profonds. Je sonde alors ta destinée, Je songe à toi, qui viens des cieux, A toi, grande âme emprisonnée, A toi, grand coeur mystérieux ! Noble femme, reine asservie, Je rêve à ce sort envieux Qui met tant d'ombre dans ta vie, Tant de lumière dans tes yeux Moi, je te connais tout entière Et je te contemple à genoux ; Mais autour de tant de lumière Pourquoi tant d'ombre, ô sort jaloux ? Dieu lui donna tout, hors l'aumône Qu'il fait à tous dans sa bonté ; Le ciel qui lui devait un trône Lui refusa la liberté. Oui, ton aile, que le bocage, Que l'air joyeux réclame en vain, Se brise aux barreaux d'une cage, Pauvre grande âme, oiseau divin ! Bel ange, un joug te tient captive, Cent préjugés sont ta prison, Et ton attitude pensive, Hélas, attriste ta maison. Tu te sens prise par le monde Qui t'épie, injuste et mauvais. Dans ton amertume profonde Souvent tu dis : si je pouvais ! Mais l'amour en secret te donne Ce qu'il a de pur et de beau, Et son invisible couronne, Et son invisible flambeau ! Flambeau qui se cache à l'envie, Qui luit, splendide et clandestin, Et qui n'éclaire de la vie Que l'intérieur du destin. L'amour te donne, ô douce femme, Ces plaisirs où rien n'est amer, Et ces regards où toute l'âme Apparaît dans un seul éclair, Et le sourire, et la caresse, L'entretien furtif et charmant, Et la mélancolique ivresse D'un ineffable épanchement, Et les traits chéris d'un visage, Ombre qu'on aime et qui vous suit, Qu'on voit le jour dans le nuage, Qu'on voit dans le rêve la nuit, Et les extases solitaires, Quand tous deux nous nous asseyons Sous les rameaux pleins de mystères Au fond des bois pleins de rayons ; Purs transports que la foule ignore, Et qui font qu'on a d'heureux jours Tant qu'on peut espérer encore Ce dont on se souvient toujours. Va, sèche ton bel oeil qui pleure, Ton sort n'est pas déshérité. Ta part est encor la meilleure, Ne te plains pas, ô ma beauté ! Ce qui manque est bien peu de chose Quand on est au printemps vermeil, Et quand on vit comme la rose De parfums, d'ombre et de soleil. Laisse donc, ô ma douce muse, Sans le regretter un seul jour, Ce que le destin te refuse Pour ce que te donne l'amour !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Du songe universel Du songe universel notre pensée est faite ; Et le dragon était consulté du prophète, Et jadis, dans l'horreur des antres lumineux, Entr'ouvrant de leur griffe ou tordant en leurs noeuds D'effrayants livres pleins de sinistres passages, Les monstres chuchotaient à l'oreille des sages.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    N'envions rien Ô femme, pensée aimante Et coeur souffrant, Vous trouvez la fleur charmante Et l'oiseau grand ; Vous enviez la pelouse Aux fleurs de miel ; Vous voulez que je jalouse L'oiseau du ciel. Vous dites, beauté superbe Au front terni, Regardant tour à tour l'herbe Et l'infini : « Leur existence est la bonne ; Là, tout est beau ; Là, sur la fleur qui rayonne, Plane l'oiseau ! Près de vous, aile bénie, Lis enchanté, Qu'est-ce, hélas ! que le génie Et la beauté ? Fleur pure, alouette agile, À vous le prix ! Toi, tu dépasse Virgile ; Toi, Lycoris ! Quel vol profond dans l'air sombre ! Quels doux parfums ! » Et des pleurs brillent sous l'ombre De vos cils bruns. Oui, contemplez l'hirondelle, Les liserons ; Mais ne vous plaignez pas, belle, Car nous mourrons ! Car nous irons dans la sphère De l'éther pur ; La femme y sera lumière Et l'homme azur ; Et les roses sont moins belles Que les houris ; Et les oiseaux ont moins d'ailes Que les esprits ! Août 18...

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Oh ! pour remplir de moi Oh ! pour remplir de moi ta rêveuse pensée, Tandis que tu m'attends, par la marche lassée, Sous l'arbre au bord du lac, loin des yeux importuns, Tandis que sous tes pieds l'odorante vallée, Toute pleine de brume au soleil envolée, Fume comme un beau vase où brûlent des parfums ; Que tout ce que tu vois, les coteaux et les plaines, Les doux buissons de fleurs aux charmantes haleines, La vitre au vif éclair, Le pré vert, le sentier qui se noue aux villages, Et le ravin profond débordant de feuillages Comme d'ondes la mer ; Que le bois, le jardin, la maison, la nuée, Dont midi ronge au loin l'ombre diminuée ; Que tous les points confus qu'on voit là-bas trembler ; Que la branche aux fruits mûrs ; que la feuille séchée ; Que l'automne, déjà par septembre ébauchée ; Que tout ce qu'on entend ramper, marcher, voler ; Que ce réseau d'objets qui t'entoure et te presse, Et dont l'arbre amoureux qui sur ton front se dresse Est le premier chaînon ; Herbe et feuille, onde et terre, ombre, lumière et flamme, Que tout prenne une voix, que tout devienne une âme, Et te dise mon nom ! Enghien, le 19 septembre 1834.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée nQuand le livre où s'endort chaque soir ma pensée, Quand l'air de la maison, les soucis du foyer, Quand le bourdonnement de la ville insensée Où toujours on entend quelque chose crier, Quand tous ces mille soins de misère ou de fête Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné, Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête, Le regard de mon âme à la terre tourné ; Elle s'échappe enfin, va, marche, et dans la plaine Prend le même sentier qu'elle prendra demain, Qui l'égare au hasard et toujours la ramène, Comme un coursier prudent qui connaît le chemin. Elle court aux forêts où dans l'ombre indécise Flottent tant de rayons, de murmures, de voix, Trouve la rêverie au premier arbre assise, Et toutes deux s'en vont ensemble dans les bois ! Le 10 juin 1830.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée. Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée, Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité, Sonnait de la trompette autour de la cité, Au premier tour qu'il fit, le roi se mit à rire ; Au second tour, riant toujours, il lui fit dire : « Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent ? » À la troisième fois l'arche allait en avant, Puis les trompettes, puis toute l'armée en marche, Et les petits enfants venaient cracher sur l'arche, Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ; Au quatrième tour, bravant les fils d'Aaron, Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille, Les femmes s'asseyaient en filant leur quenouille, Et se moquaient, jetant des pierres aux hébreux ; À la cinquième fois, sur ces murs ténébreux, Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées À la sixième fois, sur sa tour de granit Si haute qu'au sommet l'aigle faisait son nid, Si dure que l'éclair l'eût en vain foudroyée, Le roi revint, riant à gorge déployée, Et cria : « Ces hébreux sont bons musiciens ! » Autour du roi joyeux riaient tous les anciens Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent. À la septième fois, les murailles tombèrent. Jersey, le 19 mars 1853.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune femme Voyez-vous, un parfum éveille la pensée. Repliez, belle enfant par l'aube caressée, Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon, Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon, Et puis écoutez-moi. – Dieu fait l'odeur des roses Comme il fait un abîme, avec autant de choses. Celui-ci, qui se meurt sur votre sein charmant, N'aurait pas ce parfum qui monte doucement Comme un encens divin vers votre beauté pure, Si sa tige, parmi l'eau, l'air et la verdure, Dans la création prenant sa part de tout, N'avait profondément plongé par quelque bout, Pauvre et fragile fleur pour tous les vents béante, Au sein mystérieux de la terre géante. Là, par un lent travail que Dieu lui seul connaît, Fraîcheur du flot qui court, blancheur du jour qui naît, Souffle de ce qui coule, ou végète, ou se traîne, L'esprit de ce qui vit dans la nuit souterraine, Fumée, onde, vapeur, de loin comme de près, – Non sans faire avec tout des échanges secrets, – Elle a dérobé tout, son calme à l'antre sombre, Au diamant sa flamme, à la forêt son ombre, Et peut-être, qui sait ? sur l'aile du matin Quelque ineffable haleine à l'océan lointain ! Et vivant alambic que Dieu lui-même forme, Où filtre et se répand la terre, vase énorme, Avec les bois, les champs, les nuages, les eaux, Et l'air tout pénétré des chansons des oiseaux, La racine, humble, obscure, au travail résignée, Pour la superbe fleur par le soleil baignée, A, sans en rien garder, fait ce parfum si doux, Qui vient si mollement de la nature à vous, Qui vous charme, et se mêle à votre esprit, madame, Car l'âme d'une fleur parle au cœur d'une femme. Encore un mot, et puis je vous laisse rêver. Pour qu'atteignant au but où tout doit s'élever, Chaque chose ici-bas prenne un attrait suprême, Pour que la fleur embaume et pour que la vierge aime, Pour que, puisant la vie au grand centre commun, La corolle ait une âme et la femme un parfum, Sous le soleil qui luit, sous l'amour qui fascine, Il faut, fleur de beauté, tenir par la racine, L'une au monde idéal, l'autre au monde réel, Les roses à la terre et les femmes au ciel. Le 16 mai 1837.

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    Z

    Zaghbenife Amine

    @zaghbenifeAmine

    A mon Fils Toi dont j’ai pleuré la naissance ! Toi dont j’ai pleuré la mort ! J’ai cru en ton existence ! Et maintenant j’y crois encore ! Toi que j’ai mis sur mes genoux ! Toi que j’ai caressé de mes deux mains ! Toi qui as egaye notre chez nous ! Toi que je reverrais plus demain ! Toi que j’ai mis en terre entouré de mes amis ! Tu n’etais agé que de trois mois et dix jours ! Elle était prevue éphémere ta petite vie ! Tu etais de passage dans ce monde au fardeau tres lourd ! Va mon fils, mon sang, ma chair ! Va vivre dans un autre monde ! Mais dis moi qui consolerait ta pauvre mére ? Elle qui ne t’a effleuré du regard qu’une seconde ! Lorsque tu as precipité ton depart ! Elle s’est affolée de ton voyage ! De chagrin elle a eu sa grande part ! Elle qui n’a pu garder courage ! Toi dont j’ai pleuré la naissance ! Toi que je pleure encore bambino ! Toi dont on a arreté la croissance ! Par un rien; par une goutte de sirop ! Que t’a ordonné un toubib qui ne savait rien a ta maladie ! Je revois encore le moment ou ils t’ont allongé sur la table ! Ils ont pris pour de la diete, ce qui était dyphterie ! Va mon fils ta mort est regrettable !…. Ils sont finis pour nous tes caprices de bébé ! Ils sont finis pour nous les reveils a minuit ! Kamal wahid tu etais notre premier ! Pourquoi ce depart? Je n’entendrais plus tes cris ! Reposes en paix mon fils, Dieu la voulu ! C’est lui qui t’a creé, c’est lui qui t’a repris ! Dors, ces vetements blancs pour toi ont été cousus ! Dors mon fils dans ton dernier lit ! Dors dans ce lit ou on t’a etendu ! De deux dalles ils ont voulus proteger tes beaux habits ! Et la derniere image de toi que j’ai vu ! C’est ton visage de poupin devenu cendré-gris. Puis de pelletés de terre on t’a recouvert ! Les larmes coulaient de mes yeux je ne pouvais les retenir ! Reposes en paix mon fils sous ce monticule de terre ! Toi, tu es mort sans laisser de souvenir ! Reposes en paix toi dont j’ai pleuré la naissance ! Reposes en paix toi dont j’ai pleuré la mort ! Toi dont j’ai cru en la durée de ton existence ! J’ai baisé ton front vidé de ton sang par la mort ! Tu n’as vecu que septembre, octobre, novembre. Tu as été ravi par la faucheuse le dix de decembre ! Va en paix mon fils kamal wahid ! Toi qui est mort a quelque jours de l’aid !

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