Selon Arthur Rimbaud, la mission du poète est de "trouver une langue". La poésie est ainsi le laboratoire d'une langue. Mais se définit-elle contre le langage courant ou comme la révélation de ce langage ? "Trouver", est-ce hériter de ce qui s'est décanté dans la langue à travers les siècles ou inventer de l'inouï ? Et que fait la poésie à la langue nationale, locale, traduite, coloniale ou métissée dont elle se sert ? Comment cette langue poétique travaille-t-elle la langue de l'intérieur ?

Trouver une langue - Poésie et poétique

Cet ouvrage propose une nouvelle lecture des poèmes de Gerard Manley Hopkins (1844-1889), grand poète anglais du 19e siècle. L'immense actualité du poète et de son œuvre justifie l'interprétation qui en est faite ici à la lumière de la métaphysique religieuse de Simone Weil, philosophe française du 20e siècle. II s'agit d'une mise en résonance de deux auteurs, déployée pour comprendre en profondeur de complexes enjeux poétiques et théologiques. Une telle approche, paradoxalement peut-être, fait apparaître la singularité radicale du poète. Hopkins est le poète du 19e siècle le mieux formé en théologie et en philosophie. II est d'une rigueur intellectuelle incomparable. Et en même temps il est foncièrement original. L'auteur retrace, dans un premier temps, le contexte historique de l'œuvre, en particulier par rapport à l'idée de Création, à l'aide de sources d'époque, parfois jamais explorées. La deuxième partie de l'ouvrage est consacrée à une lecture des poèmes, en commençant par la grande ode de 1875, à l'aide d'outils d'analyse critique fournis par la pensée de Simone Weil, sans négliger celle du poète lui-même. L'idée hopkinsienne de Création, comme la décréation de Weil, s'enracine dans une perspective kénotique. Le processus créateur lui-même est également éclairé par ce foyer, et c'est ainsi qu'une attention toute particulière est consacrée à la poéticité et à l'inspiration. La poésie de Hopkins est une poésie de la relation : relation entre Dieu et le locuteur, Dieu et la création, le locuteur et la création, et entre le poème et le lecteur. L'idée de relation pose, pourtant, les questions de l'absence, du combat, de l'attente, de la rupture. L'auteur essaie donc de cerner la réalité ténébreuse, crucifiante qui gît au cœur incandescent des poèmes de Hopkins. Lorsque l'homme est décréé, le poète est recréé. II en résulte un nouveau langage poétique.

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