Telle est bien la loi unique qui anime l'oeuvre entière d'Arp, ce monde, quelles que soient les années, quels que soient les moyens d'expression, ceux des formes visibles et tangibles, ceux qui s'adressent avec les mots à notre écoute la plus intime ou la plus large. A première vue, ces moyens d'expression sont différents, et volontiers nous les opposons : chez Arp ils obéissent à la même force créatrice. Que verrions-nous d'une sculpture si nous nous contentions de la regarder, et même si nous la touchions ? Autant qu'un poème elle a besoin de notre imagination, ou plutôt de ce sens auquel trop souvent nous renonçons parce que nous avons peur d'être emportés trop loin, qui nous demande d'échapper aux définitions de toutes sortes et de permettre à l'infini d'apparaître dans le fini. Quant au poème, il ne peut se réduire à un objet verbal, il nous semble si singulier ou gratuit par son emploi du langage que d'ordinaire nous le rejetons en marge, comme si nous ne savions qu'en faire, alors que dans son essor il nous mène au coeur de la vie, jusqu'au " silence rayonnant ". A ce que nous appelons le visible, à ce que nous appelons l'imaginaire, le dehors, le dedans, le palpable, l'impondérable, le fini, l'infini, le langage, le silence, Arp a donné des significations nouvelles, il n'a pas cessé de relier.

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