Jean Maureille à propos de Mira Perpignan Le thème du « double » a hanté ma vie de créations : sculptures-objets, sculptures de papier, dessins, et bien sûr photographies. Ces créations sont toutes marquées par la spontanéité, la coïncidence, avec une certaine jouissance à saisir l'instant présent. 

Et c'est donc au hasard des rues de Perpignan que mon appareil numérique surprend les vitrines et leurs drôles de reflets : le double ainsi créé devient reflet de vie, composition graphique et affective... Image volée à la réalité, avec le clin d'oeil du hasard, étincelle de rêve. Une invitation à porter un autre regard sur les vitrines de la ville. Est-il besoin de dire que ces photographies se présentent sans aucun trucage ni manipulation ?

Les photographies présentées dans ce livre, que j'appelle PHOTOREFLETS, ont été prises en 2008 et 2009 et ont fait l'objet de la sélection Visa Off 2009, Festival de photographies/reportage de Perpignan.

Elles ont été exposées à la galerie Can'Artists sous le titre générique « Mira Perpignan ! » dans le cadre du festival en septembre 2009.

Annie Briet s'est imprégnée du travail de Jean Maureille et propose tout au long du livre sa traduction poétique des photographies présentées. Une façon de mettre en exergue ce qui suscite poésie et rêverie chez celui qui sait observer tout ce que la ville propose à son regard.

Mira Perpignan

L'oiseau notre seul lien entre l'arbre et l'étoile. Quand il prend son envol, il nous prend à la terre. Avec lui, un instant, nous habitons l'espace.

Arc-en-ciel d'oiseaux

Ces artistes qui ont choisi le lot

Cheminer est un mot aussi vieux que le langage. Quand les hommes n'avaient guère d'autres moyens de locomotion, c'était affaire commune de la réalité quotidienne. Aujourd'hui, en Occident, depuis que cheminer est un acte gratuit, ce mot fait lever le rêve, celui toujours vivace en l'homme, d'espace, d'horizons nouveaux, d'aventures, d'éloignement des soucis et des contraintes, en somme le rêve de la liberté. Ainsi, pour une bonne part, s'explique l'engouement croissant pour la longue marche sur les anciens chemins de pèlerinage. On s'élance avec l'indispensable sur le dos pour se libérer de la futilité de notre société de consommation, pour se rencontrer, se découvrir, se réconcilier avec soi, avec les autres, avec le monde. Mon dessein n'était pas celui-là, quand durant les mois d'été, j'ai emprunté les chemins du Lot où je réside pendant la saison estivale et pourtant, mes nombreuses marches en solitaire dans le silence d'une nature préservée ne m'ont pas fait rencontrer que la beauté naturelle et culturelle de ce pays partout présentes,  diversité de paysages enchanteurs, singulière richesse d'un patrimoine architectural exceptionnel, unique. Ces marches, je les ai vécues avec un intense enchantement de l'âme et j'ai connu comme une grâce inestimable ce que j'appelle des instants sans mémoire, ces instants où la plénitude de l'être est telle que l'avenir et le passé ne lui importent plus. Il m'a semblé aussi vivre sur les sentiers tracés par des milliers de pas, humble écriture du grand poème de la terre, l'injonction de Hùlderlin : "Il faut habiter poétiquement le monde". Le temps était venu d'écrire ces instants "pour en conserver, en partager le miracle".

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