A sa mort, en 1715, Louis XIV laissait l'une des plus belles collections de tapisseries jamais constituées. En effet, en cinquante ans, ce souverain réunit un ensemble sans égal de plus de 2 500 pièces de haute et basse lisse, tissées d'or et d'argent pour la plupart, qu'il constitua non seulement en effectuant de prestigieuses acquisitions auprès de grands collectionneurs comme le duc d'Epernon, Nicolas Fouquet et Mazarin, mais aussi en passant d'innombrables commandes aux manufactures royales nouvellement fondées, oeuvres qui vinrent rejoindre les vénérables tentures héritées de ses ancêtres. Parmi les plus prestigieuses séries, figuraient ainsi la célèbre tenture de L'Histoire de Scipion de Jules Romain, tissage bruxellois qui avait appartenu à François 1er, plusieurs exemplaires des Actes des Apôtres d'après Raphaël, dont l'un fait pour Charles 1er d'Angleterre, issu de la fabrique de Mortlake, ou encore les superbes Chasses de Maximilien, dessinées par Bernard van Orley, aujourd'hui conservées au musée du Louvre. Parallèlement, les productions des manufactures des Gobelins et de Beauvais, inspirées principalement par Charles Le Brun, mais aussi par Nicolas Poussin et Pierre Mignard, vinrent enrichir la collection destinée désormais à la magnificence des maisons royales. L'inventaire de ces tapisseries, rédigé en 1716 après la mort du roi, encore jamais édité, est ici pour la première fois présenté dans sa totalité, commenté et surtout accompagné de l'identification de très nombreuses pièces encore conservées en France ou dans le monde, avec plus de quatre cents photographies en couleur, la plupart très récentes. Aboutissement de dix années de recherche, cette édition du texte de 1716 par Jean Vinet, Inspecteur des collections du Mobilier national, et Arnauld Brejon de Lavergnée, Directeur des collections, est assortie, pour chaque notice, d'une description complémentaire des tapisseries, d'un historique, d'une bibliographie et d'un commentaire. Aussi souvent que possible, la localisation des pièces est précisée avec leur reproduction. Une introduction générale et un index facilitent l'usage de ce catalogue sans équivalent sur le sujet, préfacé par Bernard Schotter, Administrateur général du Mobilier national.

La collection de tapisseries de Louis XIV

Pierre Paulin - Le Design au pouvoir

Les manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie sont, depuis leur fondation au XVIIe siècle, des lieux de création qui ne cessent de nouer un dialogue fécond, nourri par les commandes de l'État, avec les artistes de leur temps. Cette ouverture sur l'innovation caractérise également le Mobilier national dont l'atelier de recherche et de création (ARC), créé à l'initiative d'André Malraux en 1964, contribue à introduire le design dans les décors de la République. On découvrira ici un choix de pièces qui reflète la vitalité de la création des dix dernières années. Leur variété témoigne de l'ouverture des choix effectués par les deux commissions d'acquisition de modèles (design et textile) sous la présidence du Délégué aux Arts Plastiques. Elle illustre également le potentiel de renouvellement inépuisable qui caractérise l'art du tissage ainsi que la liberté laissée aux recherches des créateurs dans le cadre d'une politique de commande publique destinée à renouveler les décors de l'État.

Dix années de création - 1997-2007, Tapisseries, tapis, mobilier

En 1607, Henri Iv fonde la manufacture du faubourg Saint-Marcel ; cette création est à l'origine de l'actuelle manufacture des Gobelins. Parmi les premières commandes royales figure le cycle exceptionnel des quinze tapisseries de La Tenture d'Artémise, aujourd'hui réunies grâce au mécénat de Natixis. Ce tissage à fil d'or et d'argent destiné à la reine Marie de Médicis est un splendide témoignage, à l'aube du XVIIe siècle, de l'art de la Renaissance française : le projet, initialement conçu pour la reine-régente Catherine de Médicis, s'inspire en effet de dessins antérieurs d' A. Caron (vers 1521-1599) complétés sous Henri IV par Lerambert. Les tapisseries de l'histoire d'Artémise, veuve du légendaire roi Mausole, constituent un véritable mur de laine, digne des créations du Rosso à Fontainebleau, où l'exaltation du pouvoir royal exercé par une main féminine s'exprime avec un faste expressif et une énergie héroïque typiques de la Renaissance.

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