La hausse des frais d'inscription dans l'enseignement supérieur et le développement des prêts étudiants sont à l'ordre du jour des politiques néolibérales. En France, Emmanuel Macron a déclaré être "ouvert" à une augmentation des frais d'inscription payés par les étudiants étrangers. Il s'agirait de prolonger la promotion, déjà ancienne, des pratiques marchandes dans l'enseignement supérieur. Contre cette logique, une proposition radicale existe depuis plus d'un demi-siècle, celle de la gratuité des études indissociable du versement d'un salaire aux étudiants, avancée par la Charte de Grenoble de l'UNEF, en 1946, et le plan Langevin-Wallon, en 1947. Pour comprendre et prolonger cette revendication, ce livre invite à reconnaître pleinement le fait que les étudiants sont producteurs de valeur pendant leurs études. Il propose le versement d'un salaire à tout adulte de plus de dix-huit ans qui souhaiterait démarrer ou reprendre une formation généraliste ou professionnelle.

Un salaire étudiant - Financement et démocratisation des études

Bourses, RSA, allocations logement, sécurité sociale et mutuelle, service civique pour les étudiants sont à nouveau au coeur de l'actualité. Au sortir de la guerre et de l'Occupation, le mouvement étudiant qui se reconstituait avait adopté la «charte de Grenoble». Ce document fondateur mettait en avant des revendications collectives pour garantir l'autonomie des «jeunes travailleurs intellectuels» : salaire étudiant et sécurité sociale étudiante gérée par une mutuelle formaient le socle d'un statut leur permettant de prendre toute leur place dans la société, tout en décidant eux-mêmes de la manière dont ils s'organisent. Où en est-on soixante-dix ans après, alors que l'enseignement supérieur accueille deux millions et demi d'étudiants ? La pauvreté n'est pas un mythe, les étudiants occupent de plus en plus de «boulots précaires» pour subvenir à leurs besoins. Les organisations syndicales sont ainsi souvent interpellées par des conflits engageant les étudiants-salariés dans les «fast-food», chez Virgin et ailleurs. Dans les conflits touchant l'Université, les formes de luttes adoptées par les étudiants traduisent la volonté d'une autonomie d'organisation (assemblées générales, coordinations...). Du côté de l'Etat, l'«autonomie» s'est imposée dans l'agenda comme dans le vocabulaire des politiques publiques vis-à-vis de la jeunesse.

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