Les passions ne sont pas ce qu'on croit. Dans l'Antiquité la connaissance des passions est avant tout une connaissance de l'action sur les passions, il n'y a guère de place pour une consistance théorique autonome de la passion. A l'âge classique les passions sont prises comme objets de science, éléments constitutifs de l'homme. Cette conception théorique est constitutive d'une anthropologie. A la question antique "Comment agir sur les passions ?" se substitue la question moderne "Comment constituer une géométrie des passions ?" Ce volume est le premier d'une série consacrée à l'étude des passions, le legs antique et médiéval. Ce thème a fait l'objet de travaux organisés dans le cadre de l'Ecole normale de Fontenay Saint Cloud (mars - avril 1997).

Les passions antiques et médiévales

Depuis un demi-siècle environ, de nouvelles techniques scientifiques associées aux compétences de spécialistes de papyrologie grecque ont rendu lisibles une partie des papyrus carbonisés à Herculanum en l'an 79. Parmi eux, plusieurs livres jusqu'alors inaccessibles du De la nature, grand oeuvre d'Epicure, ainsi que plusieurs ouvrages de Philodème de Gadara dont un traité d'épistémologie. Différentes contributions de ce numéro consacré à l'épistémologie épicurienne se font l'écho de ces révélations textuelles qui offrent des éclairages significatifs sur le problème des voies de la connaissance, des modalités et des critères d'accès à la vérité. A distance du stoïcisme autant que du scepticisme, il existe bien une logique épicurienne dont le mode de raisonnement n'est pas syllogistique. Logique inductive originale dont l'intérêt avait déjà retenu l'attention de Peirce et de son étudiant A. Marquand dont le texte de 1883 " La logique des épicuriens ", inédit en français, est ici traduit et présenté.

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