La Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) a cent ans. Sa création, en 1902, n'en apparaît pas moins tardive au regard des premières implantations de sociétés de secours mutuels sur l'ensemble du territoire national, un siècle auparavant. Sans aucunement sous-estimer l'influence du rejet associatif décrété par les autorités successives depuis la Révolution française, Bernard Gibaud dévoile le poids des objections internes dans cette naissance différée. Dès lors, la formation de la FNMF ne pouvait résulter que d'un pacte conclu entre deux souverainetés : la Mutualité " d'en bas " et la Mutualité " d'en haut ". L'ouvrage restitue l'histoire de cette conception fédérative, complexe et singulière, qui a ouvert une voie originale au développement de la démocratie sociale dans notre pays. La réunification mutualiste, réalisée en 2002, à contre courant des tendances particularistes du mouvement social français, témoigne de la vitalité de cette synergie centenaire.

Fédérer autrement - Histoire de la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) 1902-2002

Democratie, solidarite et mutualitÉ ; autour de la loi de 1898

En scellant l'alliance de la République et de la Mutualité, la loi du 1er avril 1898 pose les fondements solidaires du système français d'assurance maladie. Mais, derrière le couple officiel se profile un troisième partenaire : l'assurance privée. La loi du 9 avril 1898 lui confie ainsi la charge des accidents du travail. A huit jours d'intervalle, l'Etat républicain pose les bases d'un système mixte associant les mécanismes de la solidarité et ceux du marché. L'intervention d'institutions à but lucratif dans le domaine de la protection sociale se révèle un phénomène singulier en Europe par sa durée et son ampleur. La rituelle " exception française ", perçue d'ordinaire comme une volonté de subordonner la société aux lois de la morale et de la raison, présente ici une facette inattendue et dérangeante.

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