La vie s'arrange toujours pour me laisser sur un bord, j'écris. Embruns, c'est un peu de ciel qui vous reste sur la figure. Il faut tant de temps pour pleurer, pleurer pour quelque chose, et puis pleurer pour rien, ouvrir. C'est la fin de l'histoire. Elle écrit chaque jour une lettre qu'elle ne lui envoie pas, chaque jour elle écrit l'histoire pour s'en défaire et ne garder que l'amour.

Embruns

La vie s'arrange toujours pour melaisser sur un bord, j'écris.Embruns, c'est un peu de cielqui vous reste sur la figure.Il faut tant de temps pour pleurerpleurer pour quelque choseet puis, pleurer pour rien,ouvrir.C'est la fin de l'histoire.Elle écrit chaque jour une lettrequ'elle ne lui envoie pas,chaque jour elle écrit l'histoirepour s'en défaireet ne garderque l'amour.

"Femme Morte" est son nom, le nom qu'elle se donne pour interroger l'évènement terrible de sa jeunesse, le meurtre de sa grande cousine, retrouvée lapidée dans un bois. Comment peut-on s'autoriser un envol quand la vie aimée s'est arrêtée ? Comment fait-on pour jongler avec les mille et une sollicitations du monde extérieur, portant cette part morte en soi ? En faisant un pas de côté, en pariant sur le retrait, et aussi la nature, Carol Vanni donne à cette violente disparition non pas un sens mais une dimension. Porté par une écriture en fragments proche de l'incantation, le récit chemine vers une forme d'apaisement : séparer le vivant du mort en chacun de nous.

Femme morte à la théière

J'ai eu envie que les hommes me parlent de leur colère et j'ai mené une série d'entretiens. Un demi-cahier roulé dans une sacoche de ventre et un stylo sans capuchon pour pouvoir écrire entre semis et désherbage, j'ai pris des notes pendant mon travail d'aide maraichère. Au départ abrupt d'un amour, un journal m'a tenu dans une petite marge de vivre. J'ai tressé ces trois brins, ces "matières". Aux mots de Carol Vanni répondent les dessins d'hommes et de plantes d'Edmond Baudoin. Une si grande connivence. Ensemble, ils donnent une terre à la colère.

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