La pensée commune oppose fréquemment l'esprit de finesse à l'esprit de rigueur, les humanités aux sciences, l'argumentation à la démonstration et l'argument à la preuve. Il n'est donc pas surprenant que les études des langages de l'argumentation se soient d'abord développées en se tenant prudemment éloignées des domaines où règnent, en principe, le calcul et la preuve. La situation a considérablement évolué, notamment à la suite de l'essor des études sur les interactions, fondées sur la possibilité de constituer des corpus structurés d'authentiques données orales. Depuis une quinzaine d'années ont ainsi été impulsées les analyses d'enregistrements d'activités de classe, et de ces données émergent massivement des phénomènes argumentatifs. Cet intérêt pour l'argumentation en situation s'est traduit institutionnellement par des incitations à structurer chez les élèves les débats et les compétences argumentatives pour les mettre au service des apprentissages. Le développement des questions scientifiques socialement vives a, en outre, créé un pont entre valeurs scientifiques et valeurs citoyennes. Cet ouvrage propose une série d'études où diverses visions de l'argumentation sont mises à l'épreuve des données de classe de tous niveaux et de tous domaines scientifiques. Les conclusions mettent en évidence l'ingéniosité des argumentations avancées par les élèves, ainsi que la nécessité d'interventions à la fois subtiles et "autoritatives" de l'enseignant pour faire évoluer le débat argumenté vers la construction de réels apprentissages.

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