Mystérieux comme le sourire de Mona Lisa, L'Origine du monde est sans doute le tableau le plus célèbre de Gustave Courbet mais aussi le plus sulfureux. Peint en 1866 pour un riche et excentrique collectionneur Ottoman, il n'a cessé par son audace et sa franchise de choquer et de fasciner. Iconique, cette oeuvre unique est pourtant restée longtemps invisible, jusqu'à son entrée au musée d'Orsay en 1995. Tour à tour cachée derrière un rideau, dévoilée, disparue, vendue, dissimulée derrière un autre tableau, pillée, retrouvée, copiée, exposée... son parcours est empreint de zones d'ombre, de non-dits, d'hypothèses et de tentatives de désinformation qui n'ont fait qu'accroître sa force subversive. Alors même que l'absence de visage permet à la toile d'échapper à toute connotation obscène, L'Origine du monde pose de façon troublante la question du regard -celui de l'artiste, du collectionneur et du regardeur- et marque une étape décisive dans la représentation du nu féminin : de la métonymie à la focalisation sur l'objet du désir.

Cet obscur objet de désirs - Autour de L'Origine du monde

Gustave Courbet fait irruption dans le monde de l'art à partir du Salon de 1849, où il est remarqué et même récompensé pour son tableau " Une après-dînée à Ornans ". Cette idylle entre l'artiste et l'administration des beaux-arts sera de courte durée. Son engagement dans la Commune de Paris constituera l'aboutissement de ses idées politiques et sociales. La force et le génie de Courbet résident dans sa modernité, sa propension à renverser les valeurs et les codes qui régissaient le monde de l'art au milieu du XIXe siècle. Pensée sociale forte et concept esthétique nouveau, sont les deux axes qui nous ont guidé pour construire le fil conducteur du parcours muséographique. Ils forment la trame et la singularité de l'oeuvre de Courbet.

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