En proposant d'aborder les voix acousmates en littérature, l'ouvrage se consacre aux voix délaissées par la critique. Les voix acousmates désignent ce que l'on croit entendre, des "cas de fantômes sensoriels constitués par un son à source invisible" (Michel Chion). Le terme fait écho aux disciples débutants de Pythagore, nommés les Acousmatiques qui devaient rester derrière une tenture pour mieux écouter les leçons du maître. Ce livre propose des études de cas d'oeuvres majeures de la littérature française (Verne, Villiers de l'Isle-Adam, Duras...) et anglophone (Cather, Beckett, Hardy, Conrad...). Il aborde également les domaines de l'opéra, de la poésie sonore, du rire et convoque des approches poétiques, textuelles, narratologiques et psychanalytiques des acousmates en littérature. Cette forme de "vocalité secondaire" retrouvée chez Beckett et Duras intéresse des critiques récents comme Garrett Stewart ou Mladen Dolar, car cette "auraltérité" (Dolar) conditionne la poéticité des textes. Chaque partie du livre incarne à sa façon la présence-absence des voix dans l'écriture ou les arts qui transparaissent tour à tour sous une forme ténue (traces, restes, échos, graphie, voix off) ou modifiée (par des appareils enregistreurs, acousmachines ou phonographes). Qu'il s'agisse de formes discrètes ou plus sonores, il y a toujours un petit fantôme qui se glisse dans les fissures de la prose tel un grain de voix dans la machinerie du texte. Il en ressort un puissant pouvoir métamorphique et une insaisissable variété des acousmates. Les acousmates se révèlent ainsi porteurs d'une nouvelle esthétique à explorer.

Des voix acousmates en littérature

Les arts, les créations et les pratiques artistiques entretiennent-ils des rapports particuliers avec les territoires dans lesquels ils s'inscrivent ? Sont-ils plus ou moins situés ? Se nourrissent-ils des réalités économiques, politiques et culturelles ? Entre global et local, espace des flux ou espace des lieux, cet ouvrage tente de répondre à ces multiples questions. L'hybridité et la multiplicité des points de vue sont un point fort de ce livre qui invite les lecteurs à déambuler entre illustrations, conversations, portfolios, textes panoramiques, récits et essais critiques ou philosophiques. Ces réflexions rendent comptent de la créativité de lieux fertiles, soulignés par Patrick Chamoiseau (avec A. Cossic) et par d'autres artistes qui ouvrent ce volume (H. Sturm, M. Dinahet avec C. Pradon). Le cheminement se poursuit par de savantes opérations de (dé)(re)territorialisation par les arts menées au moyen de lieux artistiques ant en quartier prioritaire (S. Jolivet), au coeur de récits actifs de femmes rwandaises et guatémaltèques exilées (N. Narváez Bruneau), dans l'analyse de performances artistiques jouant des frontières (G. Larmache-Vadel) ou à travers les manipulations symboliques infligées à un territoire par les industries culturelles (J.-M. Huitorel). Le chemin croise ensuite la création par et pour le public, en interrogeant les politiques publiques de la création (A. Madec), la pratique du I% artistique en architecture (M.-L. Viale), des expériences de création orchestrale à l'école (P. Batézat-Batellier) ou les pratiques des musiciens mateurs bretons (L. Lozano). La dernière étape examine le territoire, vecteur d'inattendu, en mixant art et géographie pour comprendre l'évolution du littoral (E. Motte), en plongeant dans les aquariums pour y puiser des leçons artistiques (Q. Montagne avec. D. Spiteri) et, enfin, en traquant les métaphores et les analogies qui rapprochent poétiquement des territoires éloignés Q.-F. Chevrier).

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