Un monde décidément complexe, des sociétés qui opposent une singulière et opiniâtre résistance aux systèmes, aux idéologies et aux recettes trop simples, des individus bien décidés à ne plus s'en laisser conter. Voilà qui peut affoler bien des boussoles sociales ou politiques et dérégler les projets autant que les programmes. Le syndicalisme, comme d'autres interlocuteurs représentatifs, est aujourd'hui bousculé par les mutations. Il a pris du retard face aux changements dans le travail, l'emploi, les rapports sociaux. Il n'a pas franchi le cap de sa propre mutation. Mais elle est en vue lorsqu'il fait entendre sa différence face aux pouvoirs politiques en renouvelant et en renforçant son indépendance. Ou encore lorsqu'il affirme - ce qui n'est pas une clause de style - que l'emploi est la vraie priorité de notre société. Une société abreuvée de cynisme a besoin d'éthique. Le syndicalisme reste porteur de sens face à la logique patronale, face aux appareils étatiques et technocratiques. Il lui revient, à partir de son action sur le réel, de proposer une nouvelle frontière pour le social, pour l'emploi, pour l'entreprise. C'est son rôle et c'est aussi la condition de son renouvellement.

Nouvelles frontières pour le syndicalisme

Reconstruire l'espoir

L'esprit libre

Edmond Maire et la C.F.D.T. dérangent. Voilà un syndicat qui, au-delà de son rôle d'organisation ouvrière, a paru le foyer animateur d'une «deuxième gauche». Voilà un leader qui, au-delà de son rôle de secrétaire général d'une fédération, a paru incarner un pôle d'identité politique. Sur ce phénomène original de la vie politique française, entretiens, témoignages et analyses recroisent ici leurs questions. Cet ensemble, unique en son genre et complété par une mise au point d'Edmond Maire, met à la disposition de tous les éléments d'une réflexion aujourd'hui indispensable sur cette tentative, sans doute également unique, pour lier l'action revendicative au jour le jour à un projet neuf d'appréhension de la réalité sociale, cet effort salutaire pour insuffler à la vie et au débat publics une part plus grande de vérité.

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