Emmanuel Van der Meulen (né en 1972) trouve dans le tableau un territoire d’exploration autonome. Ses compositions, géométriques et symétriques à première vue, sont faites de la juxtaposition de bandes et de surfaces rectangulaires traitées en aplat. Elle vibrent cependant d’une touche qui, pour n’être pas expressionniste, n’en est pas moins subjective. En simplifiant, on pourrait dire qu’il retrouve ainsi à sa façon la tradition de dépersonnalisation paradoxalement subjective qu’ont incarnée différemment les trois peintres emblématiques de chacune des générations historiquement attachées à la galerie Jean Fournier, Simon Hantaï, Claude Viallat et Bernard Piffaretti.

Emmanuel Van der Meulen - Enten - Eller (ou bien - ou bien), tableaux 2006-2008

Depuis 2007, un travail sur papier accompagne, selon des cycles autonomes, les Suites, l’expérimentation de la couleur et la réalisation des tableaux d’Emmanuel Van der Meulen. Un questionnement du recouvrement y a lieu, avec des moyens et des formats différents. L’opacité des tableaux se trouve ici rompue par la sensibilité du support, qui garde la trace du geste, selon une volonté affirmée de « rentrer dans l’épaisseur de la peinture ». Le temps de travail de ces Suites se voit étiré sur une ou deux années. La peinture est ainsi chargée par cette durée. Chronochromie évoque ainsi cette temporalité présente dans le processus de réalisation des oeuvres, et qui fait corps avec la peinture. Il signifie le désir de l’artiste, matérialisé par cette méthode de travail, de « mettre du temps dans la couleur ».

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