L'inceste adelphique est un topos littéraire mais aussi un des parangons de l'amour parfait. Ce processus d'idéalisation postule qu'une attraction naturelle unirait le frère et la soeur. Un rêve d'inceste, qui vient défier les lois divines et humaines, se déploie dès lors dans la littérature.

Les amours entre frère et soeur - L'inceste adelphique du moyen âge au début du Moyen Age au début du XIXe siècle

Les amours entre frère et soeur - L'inceste adelphique du Moyen Age au début du XIXe siècle

L'image du maître spirituel est plurielle : induite par un contexte idéologique, elle est aussi la rencontre d'une personnalité et d'un public. Des textes sacrés à la littérature contemporaine, ce volume pluridisciplinaire propose une série d'éclairages sur une notion qui, du gourou de l'Inde ancienne aux maîtres à penser de la modernité, ne cesse de se métamorphoser. Il s'interroge aussi sur ce que l'on peut rechercher dans la relation au guide : quelle tradition, quelle transmission attend-on de lui ? Quelle forme d'écoute ou d'obéissance attend-il de son disciple ? Enfin, quelle représentation celui-ci donne-t-il du maître, ou auquel de ses avatars confère-t-il ce titre ? Personnage médian de la vie de l'esprit, figure paternelle, inspiré ou pédagogue, le maitre permet à celui qui l'écoute de se rapprocher d'un idéal, mais à quel prix ? S'il est homme de vérité, comment, au-delà de la séduction d'un discours, lire parfois au travers d'un enseignement, le mensonge, l'imposture, l'aliénation des consciences ?

L'image du maître spirituel

Comment dire la vie spirituelle ? Qu’elle s’inscrive dans une tradition ou dans l’émotion d’une révélation, quels mots humains parviendront-ils à signifier la transcendance ? Dès que le croyant ou l’inspiré prennent la plume, c’est au risque d’un vocabulaire, d’une grammaire, d’une rhétorique. Les études bouddhistes, médiévales et littéraires rassemblées ici présentent une douzaine d’exemples de textes et d’auteurs en quête d’une vérité qui n’est pas de ce monde, mais s’exprime en mots d’ici-bas. Elles posent le problème de la répétition des formes, mais surtout la question du style. D’une parole préétablie, qui n’autorise que des variations, aux artifices de l’écriture, quelle part accorder à l’invention ? La qualité du langage est-elle détournement du message divin, ou au contraire un hommage à l’esprit ? La poétique du spirituel qui s’ébauche dans ce volume tient compte des circonstances historiques et idéologiques d’élaboration des oeuvres, mais aussi d’un artisanat du texte qui ne soit pas trahison mais transmission. De l’Orient à l’Occident, des nonnes bouddhistes à Simone Weil, ce livre est tissé d’échos entre des oeuvres éloignées par le temps, mais qui s’emploient toutes à dire comment l’esprit s’est fait verbe.

Poétique du spirituel

Rendre Saint-Simon au XVIIIe siècle, montrer que le mémorialiste, enraciné dans l'historiographie du Grand Siècle, vit à l'heure des Lumières : tel est le premier but de ce volume. La langue même permet de l'intégrer à l'aventure de son siècle, comme le prouve, dans un deuxième temps, une analyse des "discours rapportés" à travers les récits les plus divers. Une approche stylistique et générique permet de comprendre comment l'histoire peut devenir la matrice de fictions, et comment la forme de l'éloquence ducale peut se mesurer à celle des romanciers de son époque, au privilège de champs communs, d'usages partagés, en un mot d'une poétique qui emprunterait à la fois à la narration historique et à la fiction narrative. C'est ainsi une esthétique de la parole qui se devine et se dessine dans la profusion du XVIIIe siècle.

Histoire, histoires - Nouvelles approches de Saint-Simon et des récits des XVIIe-XVIIIe siècles

Gil Blas De Lesage. Livres I-Vi

Parmi les centaines de personnages des Mémoires, il en est un dont le nom n'est écrit qu'une seule fois : Satan ! Lue d'un regard inquisiteur, l'œuvre apparaît cependant imprégnée de sa présence, comme si le diable prenait "toutes sortes de formes" pour traverser la chronique, et le mémorialiste toutes sortes de mots pour le dire, pour le répéter. De scène en scène, de portrait en portrait, d'image en image, une "écriture du Mal" s'élabore, qui donne au texte ses plus longues et ses plus secrètes résonances. En apparence profuse, hétéroclite, inégale, l'œuvre majeure de Saint-Simon révèle peu à peu une "profonde et ténébreuse unité". Indicible et omniprésent, ce diable que poursuit la plume n'est-il pas l'émanation d'une psyché révulsée par le monde et ce qu'il devient ? Homme de foi, homme de cour, homme de langage enfin, le mémorialiste laisse entendre bien plus que ce qu'il dit, et les désordres des temps qu'il peint d'une encre au vitriol nous en apprennent autant sur sa sensibilité que sur les coulisses de l'histoire. D'inspiration thématique, cette lecture des Mémoires montre que tout se tient, que tout est nécessaire dans ce continuum où se fondent et se confondent, traversés de la même lumière infernale, récits et généalogies, "caractères" et recopiages, événements tragiques ou ridicules, "démons" sous un masque humain et grandes figures du Bien. Ce faisant, ce que l'on ébauche en débrouillant l'écheveau jubilatoire du verbe, c'est une poétique des Mémoires.

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