Voilà un siècle que les objectifs affichés d'une prochaine démocratisation de l'école semblent trop peu ou trop mal atteints et font de l'éducation un sujet toujours brûlants en Amérique Latine. Etats et sociétés civiles n'ont eu de cesse, pourtant, de promouvoir des réformes, proclamations superficielles ou véritables efforts de transformation sociale.

Histoire et sociétés de l'Amérique latine N° 12/2000-2

En quoi consiste l'immontré d'une exposition ? Offrir à contempler n'est-ce pas aussi détourner le regard de l'obscène, dont l'obscaenus latin résiste même au dévoilement étymologique ? Peut-être " ce qui vient à gauche " (scaevus), hors du champ du regard, de fort mauvais augure... L'objet exposé projette des ombres auxquelles le regard ne s'attache pas. Comme il s'agit toujours d'exposer l'homme, sous la figure singulière qu'il prend selon les moments de l'histoire – les hommes, à tour de rôle ou collectivement –, saisie dans la matérialité travaillée d'une image, toute exposition procède d'une genèse hors-champ. Ce qui la soutient est mystérieusement absent. C'est à la recherche de cet inconscient que partent les contributions de ce numéro d'Enquêtes et documents.

Peuples en vitrine - Une approche comparée du montrer/cacher

Les fêtes nationales et les hymnes patriotiques rencontrent en Amérique latine une ferveur remarquable. Pourtant, rien de spontané dans cet enthousiasme. Les dates choisies, les chants retenus et les commémorations mises en place sont les fruits de décisions politiques au service de projets médités de construction citoyenne. En fêtant la nation, le groupe se reconnaît un passé commun qu'il se remémore en même temps qu'il n'a de cesse de le réinterpréter. C'est une histoire comparée de ces réinterprétations, des façons de célébrer l'Etat-nation au Mexique et en Bolivie, pendant leur premier siècle de vie indépendante, qui est proposée ici. Les deux républiques naissantes partageaient une même volonté de construction nationale et une même préoccupation face à la forte composante "indigène" de leur population. Mais elles envisagèrent des modalités distinctes pour tisser ou raffermir les liens nationaux, pour intégrer ou exclure, pour mettre en scène ou invisibiliser les populations des territoires concernés. Au delà des typologies esquissées, les politiques festives et symboliques cherchèrent à doter d'évidence un sentiment d'appartenance nationale encore embryonnaire, mais dont la généralisation devenait une nécessité politique.

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