Figure marquante de l'avant-garde internationale de l'entre-deux-guerres, César Domela développe son langage personnel à travers ses " tableaux-objets ", qui l'éloignent de la géométrie radicale de ses débuts néoplasticiens. Ces reliefs atypiques marquent l'introduction dans son œuvre d'éléments extra-picturaux, naturels ou industriels : bois précieux, cuirs, écailles ou encore laiton, verre, plexiglas, duraluminium... Revendiquant la dimension artisanale de son travail, Domela transforme et associe ces différents matériaux, explorant leurs propriétés tactiles et visuelles, jouant sur leurs oppositions (le translucide et l'opaque, le brillant et le mat, le chaud et le froid...) afin de restituer le plus rigoureusement possible la vision mentale de ses compositions. Par la présentation des calques préliminaires en vis-à-vis des reliefs et des sculptures, César Domela, la vision tactile éclaire le processus de création de l'artiste, montrant que le choix des matériaux est toujours assujetti à la composition de l'œuvre, bien que la texture soit devenue un élément structurant. Ce catalogue met également en exergue les liens entretenus entre les reliefs et deux autres types d'œuvres, les sculptures et les gouaches, où l'artiste trouve un espace de plus grande liberté.

Cesar Domela - La vision tactile

Cet ouvrage instaure un dialogue original entre deux artistes du XIXe siècle qui, bien que de générations et de formations différentes, ont exploré avec un égal plaisir les arts de la sculpture, de la peinture et du dessin.

Que sait-on aujourd'hui des innombrables dessins de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) et Honoré Daumier (1808-1879) ? Le premier est célèbre pour ses sculptures, le second salué pour ses dessins de presse, mais leurs croquis respectifs restent à ce jour, pour l'essentiel, méconnus ou inédits.

Tels deux "chroniqueurs" avisés, Carpeaux et Daumier ont su prêter attention aux vibrations de la vie quotidienne, aux mutations de la société et aux bouleversements politiques d'une époque troublée. De la caricature à l'histoire contemporaine, des études des "petites gens" à celles de Napoléon III, en passant par des scènes intimistes, ils n'ont cessé de dessiner, dans une forme d'engagement au monde, avec une liberté et une audace exceptionnelles.

À l'opposé du dessin académique d'après modèle, Daumier et Carpeaux pratiquent le croquis au vol, fixant au plus vite et au plus juste un mouvement, une attitude, une expression. À travers leurs esquisses à l'encre, au crayon, au lavis, à la sanguine, ils se révèlent dignes successeurs de Delacroix et Géricault.

«Il faut être de son temps !» disait Daumier. Le génie graphique des deux artistes réside dans leur aptitude à mêler instantané et invention, mouvement saisi dans sa fugacité et connaissance aiguë de la forme, pour aboutir à un art de synthèse, expressif et universel.

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