Un ensemble de réflexions passionnantes sur l'Europe, à la fois sur sa fondation, sa mise en oeuvre, ses tâtonnements, ses erreurs, et la situation actuelle, avec le regard d'un homme qui en est l'un des artisans historiques, et qui est encore régulièrement consulté par l'Elysée.
Ces entretiens nous font découvrir la vie de Georges Berthoin, dont l'action, le témoignage et la réflexion méritent d'être mis en lumière. De son enfance à son engagement dans la résistance, de sa décision d'entrer à l'ENA au départ pour les États-Unis, où il devient. SDF, avant de rentrer en France, d'entrer au ministère des Finances malgré son jeune âge, et de négocier par exemple la succession de Laval : la vie de Georges Berthoin se lit comme un roman. Puis vint la rencontre décisive avec Monnet ; toute son activité est consacrée à la Communauté européenne dont il devient un ambassadeur.
Si ce livre témoigne d'une certaine nostalgie de la culture européenne d'avant l'Union, d'un attachement viscéral à la laïcité à la française considérée comme le meilleur des systèmes, ces conversations livrent aussi des clés de compréhension autant que des réflexions acérées notamment sur la cécité de la France par rapport à l'Europe centrale et à l'Europe de l'Est. La France a-t-elle vraiment tiré les conséquences de la chute du Mur ?

Un destin européen ; de l'utopie à l'espérance

Georges Berthoin fut le directeur de cabinet de Jean Monnet de 1952 à 1955. Les entretiens qu'il a accordés à Danièle Sallenave et à Gérard D. Khoury éclairent le destin d'un homme qui s'est toujours senti européen, prônant le bien commun et la paix, des valeurs qui caractérisent son combat pour l'Europe de l'utopie à l'espérance. Il a consacré sa vie à lutter, contre vents et marées, pour le renforcement de l'Europe et n'a jamais cessé de soutenir cette cause auprès d'hommes politiques européens et américains. Les portraits qu'il fait de Robert Schuman, Jean Monnet, Zbigniew Brzezinsky, Henry Kissinger sont saisissants. Au moment où l'Europe est traversée par le doute, Georges Berthoin nous met en garde :« Pour nous, Européens, avant de provoquer ou rendre plus assassines les critiques actuelles, réfléchissons avec attention et gravité. Si l'édifice inauguré en 1950 se lézarde et s'écroule, quand ailleurs il s'en construit de multiples, une situation irréversible prévaudra. La désespérance n'est pas digne du génie de nos nations. Alors, au-delà des légendes, des distorsions historiques et des accusations mensongères, il faut se souvenir que l'Europe a restauré les identités nationales et la démocratie, et non proclamer le contraire. »

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