Vu de notre fin de siècle, 1958 est une autre planète. Y balbutie une chaîne unique de télévision, elle est en noir et blanc et s'interrompt en août. Révolution: de Gaulle sera le premier chef d'Etat français à utiliser les "étranges lucarnes" pour ses shows médiatiques.
1958: une galaxie vieillotte où les bibis de Madame la Présidente, dite tante Yvonne, font peser jusque dans les palais les traditions vivaces de la "vieille France". Un monde exotique où la pudeur des modes et des moeurs d'avant-pilule semblent parfois, d'ici, friser la pruderie. Une société secouée par la guerre d'Algérie, mais émerveillée par les premiers spoutniks, amoureuse d'une O.S.. à travers qui Dieu créa la femme...
Une planète sans machines à laver la vaisselle, où pour obtenir le 22 à Asnières, mieux vaut encore avec Fernand Reynaud demander New York mais il n'y a pas trop de chômage et pas le sida. Un pays encore étourdi par l'Occupation, replié sur ses frontières hexagonales, sur lequel cependant, avec la puissante figure du général souffle le verbe lyrique de Malraux. Un univers en pleine mutation, où se dessinent les plans des tours et ne creusent les autoroutes, où "l'Atomium" géant de l'Expo universelle de Bruxelles pointe son nez d'uranium, où la Nouvelle Vague repousse dans l'ombre des salles obscures les vieilles gloire du cinéma. Où, sur une dernière valse d'altesses un peu rétro, la boule bleue se rétrécit à la dimension d'un "Pamplemousse", tandis que vacillent avec Rite Hayworth, Ava Gardner et Lana Turner les stars mythiques d'Hollywood : tout ce qui porte en germe, au moment de la naissance de la V République, la France d'aujourd'hui.

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