Issues d'un atelier regroupant des spécialistes de
différentes disciplines concernées par l'Antiquité tardive, les contributions ici rassemblées abordent les questions posées par la rencontre entre hellénisme et christianisme, tant sur le plan de l'histoire institutionnelle et juridique que sur celui
de l'histoire des idées et de la religion. L'étude de la confrontation intellectuelle et culturelle entre le christianisme et la culture gréco-romaine tardive n'a
longtemps fait que reproduire les schémas des apologètes chrétiens qui y étaient engagés et cherchaient à démontrer soit la supériorité du christianisme, soit sa perte d'identité au contact de la culture gréco-romaine. L'approche interdisciplinaire proposée ici, en plaçant la confrontation idéologique dans son contexte historique, et en particulier politique, permet une approche dépassionnée, et par là même plus sereinement critique que ce n'a été possible jusqu'à une date récente.

Hellénisme et christianisme

Les 35 articles que regroupe le présent volume sont le fruit du tout premier colloque consacré à Bèze en septembre 2005. Eminents spécialistes venus de divers pays aussi bien que des chercheurs plus jeunes y tissent les liens entre Bèze poète et Bèze théologien, entre ses intérêts littéraires, ses travaux de traduction et d'exégèse biblique, entre son engagement politique et son engagement confessionnel, entre son activité en tant que pasteur et ses relations avec les autorités civiles, entre ses prises de position en matière juridique et sa théologie. On y suggère également plusieurs pistes de recherche. Le recueil permet au lecteur d'apprécier le réformateur dans sa spécificité et dans sa diversité : Bèze n'est plus considéré comme l'insignifiant « successeur de Calvin » qui n'aurait rien innové en théologie, ni comme un nébuleux précurseur de la scolastique réformée.

Théodore de Bèze (1519-1605) - Actes du colloque de Genève (septembre 2005)

La résistance au protestantisme, durant les années de paix qui suivent l'édit d'Amboise, fut ritualisée par le miracle de Laon (1566), dont l'actrice principale fut la jeune femme, Nicole Obry, originaire de Vervins en Picardie. Possédée d'une trentaine de diables « elle en était tellement tourmentée qu'on lui oyait craquer les os... » - disait à l'époque Florimond de Raemond. Suite aux exorcismes successifs, effectués à l'aide de l'hostie (donc du « corps de notre Seigneur ») les diables quittent la jeune femme. Seul Beelzebub résiste. Enfin, le 6 février 1566 lui aussi sort, s'inclinant ainsi devant le pouvoir épiscopal. Le présent ouvrage est le premier à examiner les divers récits dont fit l'objet le miracle de Laon entre 1566 et 1578. Le cabaliste chrétien, Guillaume Postel, y voit la réalisation de la suprématie politique et religieuse « gauloise » et le début de l'ère nouvelle. Jean Boulaese, amanuensis de Postel et chroniqueur le plus zélé du miracle, considère celui-ci tantôt comme moyen d'obtenir de l'argent en vue de l'impression de la Bible en langue arabe, tantôt comme moyen de promouvoir sa propre carrière. Christophe de Héricourt, doyen de Laon, et chroniqueur dit « officiel » ou « royal », veut surtout éviter d'offenser les huguenots. Enfin, Barthélemy de Faye, conseiller-clerc au Parlement de Paris, cherche par son récit, à faire de la propagande tant pour les décrets tridentins sur la résidence des évêques que pour un gallicanisme modéré. Les récits du miracle de Laon fournissent ainsi un excellent témoignage de la diversité des catholicismes français à l'époque mouvementée des guerres de religion.

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