Dans le paysage des nouvelles écritures romanesques, l'œuvre de Sylvie Germain ne cesse de s'imposer tout en affirmant sa singularité. De récit en récit, cette philosophe et romancière hantée par la question du mal, construit une œuvre puissante, profondément humaine, tout à la fois incarnée et magique où le réel se trame avec l'onirique, où le merveilleux se fait complice du fantastique ; une œuvre parfois violente, cruelle... Sylvie Germain ne fait-elle pas sienne cette phrase du philosophe Michel Serres : " si tu ne descends pas aux enfers, tu ne créeras jamais. " Concret et charnel, sensible au sacré, son récit se présente souvent proche de la fable et du conte ; " à la limite ", avoue Sylvie Germain, " tous mes livres sont des contes ". Le lecteur est entraîné voire fasciné par une écriture éminemment poétique nourrie par une imagination flamboyante : Sylvie Germain ressent et connaît le pouvoir de l'image, elle en use avec grand art et sait communiquer à son lecteur la jouissance de l'écriture. De par sa riche originalité, l'œuvre de Sylvie Germain s'ouvre à des possibilités variées de cheminements de lecture. C'est ce que reflètent les textes réunis dans cet ouvrage, à partir des communications faites au colloque. Regards sur l'œuvre, interrogations au niveau de la perception et de la sensation, mise en évidence d'une variété de genres et structures, diverses approches thématiques mettent en lumière un récit qui avance hors des sentiers battus, " à l'écoute de cette rumeur intérieure que chacun porte en soi, mais qui reste le plus souvent inaudible ", un récit ne cessant d'être en quête d'absolu.

Sylvie Germain et son oeuvre

L'imaginaire foisonnant de Sylvie Germain, une intelligence vive et pleine d'humour, une pensée imprégnée de philosophie, un attrait pour diverses formes de spiritualité brassent une oeuvre littéraire exceptionnelle, riche de styles divers, de thèmes et de personnages tour à tour austères ou cocasses. Cependant, c'est la douleur qui fait saillie dans ce parcours bigarré : ses manifestations, fort variées, claires ou obscures, forment un leitmotiv scandant une écriture qui ne cesse de l'interpeller, de la sonder, de la dénoncer. La variété des manifestations de la douleur, la diversité des sources et l'originalité d'une prose empreinte de poésie consacrent l'oeuvre de Sylvie Germain et font d'elle une extraordinaire réalisation de la « poétique de la douleur ». L'auteure y impose sa marque de façon originale et son regard évolue en se modifiant sensiblement, demeurant cependant fidèle à lui-même, alimentant une réflexion profondément humaine et philosophique. Isabelle Dotan enseigne la langue, la littérature et la civilisation françaises à l'Université de Haïfa en Israël. Elle est membre du Groupe de Recherche en Poésie et Poétique Contemporaines (GRPC) et du comité rédacteur de la revue Poésie & Art. Elle a publié divers travaux sur les oeuvres d'Andrée Chedid, Sylvie Germain et Jean-Claude Pirotte.

Les clairs-obscurs de la douleur ; regards sur l'oeuvre de Sylvie Germain

Bonheurs de l'errance, rumeurs de la douleur - Une lecture de l'oeuvre de Jean-Claude Pirotte

Par des déplacements, des déviations de formes, de genres, des bouleversements de pratiques d'écriture, se caractérise le processus créatif de certains textes littéraires témoignant ainsi d'un art du décentrage à l'œuvre. C'est dans cette perspective que se situent les textes réunis et présentés dans ce livre - textes des communications données au Colloque international sur L'art du décentrage dans la poésie et le roman contemporains, organisé en 2008 par le Groupe de Recherche en Poésie et Poétique Contemporaines du Département de Langue et Littérature Françaises de l'Université de Haïfa (Israël). Ces textes portent sur des œuvres de poètes et de romanciers contemporains. Ils répondent à une démarche critique cherchant à déceler et à expliciter dans l'élaboration et le travail d'écriture de ces œuvres, la pratique d'un décentrement qui serait à l'origine d'une sorte de désorientation esthétique par laquelle se briseraient des modes de pensée et de lectures traditionnelles. Ces études très variées sur un art du décentrage dans la littérature contemporaine, ont été rassemblées selon trois grands axes de réflexions portant sur le mouvement intrinsèque au discours, sur le sujet de l'écriture, et sur le rapport entretenu avec d'autres formes d'expression.

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